Publicité

Les 7 chiffres démontrant que Pôle emploi n'a pas rempli ses objectifs fixés il y a dix ans

Une agence Pôle emploi dans le 19è arrondissement de Paris. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

La fusion début 2009 entre l'ANPE et les Assedics devait remettre le chômeur au cœur du système, lui permettre de retour plus vite un emploi via un accompagnement plus personnalisé pour ramener la France, en 2012, quasiment plein-emploi. Un échec, vu les fondamentaux enregistrés au bout d'une décennie d'exercice.

C'était l'une des promesses phares du programme de Nicolas Sarkozy en 2007: fusionner l'ANPE, l'Unedic -et à l'époque les maisons de l'emploi- pour créer «un service public de l'emploi qui interviendra immédiatement et de manière personnalisée pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de trouver ou retrouver un emploi beaucoup plus rapidement qu'aujourd'hui», comme il est écrit noir sur blanc page 6 du projet présidentiel de l'ex-chef de l'État. Son ambition était simple: «vaincre le chômage». Son objectif ne l'était pas moins: ramener la France au plein-emploi à la fin de son quinquennat, soit aux alentours de 5% de la population active, contre 8,1% au moment de son élection.

La fusion ANPE/Assedic, «cela fait 20 ans qu'on en parle et, à de rares exceptions près, le chômeur doit toujours faire un parcours du combattant, s'était-il d'ailleurs justifié, le 18 septembre 2007, en déclinant à l'occasion des 40 ans de l'association des journalistes de l'information sociale sa feuille de route sociale pour les 5 ans à venir. Alors que faut-il faire? Attendre 20 années de plus? Ce que je veux, c'est mettre le demandeur d'emploi au cœur du système, non les structures administratives. Ce qui m'intéresse, c'est le demandeur d'emploi, et je dis aux Français que nous ne laisserons tomber personne. Ce n'est pas la question du statut de tel ou tel. Ce que je veux, c'est un opérateur qui offre un service public universel et intégré pour tous les demandeurs d'emploi, qu'ils soient indemnisés ou non. Tout cela n'est pas révolutionnaire. C'est une question de bon sens. Il s'agit tout simplement de mettre notre service public de l'emploi au niveau des meilleurs standards européens.»

« La fusion de l'ANPE et des Assedics n'est pas révolutionnaire. C'est une question de bon sens »

Nicolas Sarkozy, le 18 septembre 2007

Et le président de la République de prévenir les opposants à cette réforme, un peu comme Emmanuel Macron le fait aujourd'hui sur celles programmées des retraites, de l'assurance-chômage ou encore de la fonction publique, que «la fusion aura lieu parce que c'est l'intérêt des demandeurs d'emploi». Dix ans après la création effective de Pole emploi le 5 janvier 2009, confiée à l'époque à Laurent Wauquiez, alors secrétaire d'État à l'Emploi rattaché à Christine Lagarde au ministère de l'Économie, on est très loin du compte. Certes, la crise de 2008 est passée par là (le nombre d'inscrits en catégorie A a bondi de 800.000 sur le quinquennat) et a brisé l'ambition de l'ex-chef de l'État. Mais elle n'a pas duré dix ans et la France n'est toujours pas parvenue à retrouver a minima les niveaux qu'elle occupait à cette époque dorée. La preuve par 7.

1/ Le nombre d'inscrits en catégorie A à Pôle emploi en France entière a bondi en dix ans (précisément entre les 1er trimestre de 2009 et 3è trimestre de 2018) de 46,7% en passant de 2,53 à 3,72 millions de demandeurs d'emploi recensés sans aucune activité dans les fichiers du service public de l'emploi créé par Nicolas Sarkozy. Soit une hausse de 1,2 million de personnes en catégorie A en près d'une décennie.

2/ L'addition est encore plus salée en intégrant dans le calcul les inscrits en activité réduite dans les catégories B et C de Pôle emploi, c'est-à-dire les demandeurs d'emploi qui déclarent travailler plus ou moins de 78 heures dans le mois: +66,1% en dix ans, ou un bond de près de 2,4 millions d'individus pour atteindre un record de, bon an mal an, pas moins de 6 millions de personnes recensées dans les catégories A, B et C.

3/ Idem en intégrant cette fois les inscrits des catégories D et E, dispensées de rechercher un emploi parce qu'elles sont en arrêt maladie, en congé maternité, en contrats aidés ou simplement en formation: +64,1%, pour atteindre un quasi plus haut (à 45.000 près) d'un peu plus de 6,66 millions représentant l'intégralité des demandeurs d'emploi présents dans les fichiers de Pôle emploi en France entière. Plus de 6,5 millions de personnes, versus 4 millions il y a tout juste 10 ans.

4/ La dégelée la plus conséquente concerne les chômeurs de longue durée, c'est-à-dire inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi et dont le nombre d'inscrits a explosé de... 153,7% depuis la création de Pôle emploi, pour représenter plus de 2,8 millions de personnes aujourd'hui. Soit une hausse de près de 1,7 million de demandeurs d'emploi qui représentent les mal-aimés des politiques publiques de l'emploi en ce sens que cette catégorie est la plus éloignée du marché du travail et la plus difficile à réinsérer.

5/ Le résultat n'est pas meilleur en ce qui concerne l'ancienneté moyenne au chômage, un indicateur peu connu et commenté mais qui en dit long sur l'état du marché du retour à l'emploi en France. En 10 ans, l'ancienneté moyenne au chômage a ainsi bondi de près de 58% pour atteindre... 610 jours. N'oublions pas que l'objectif initial de la création de Pôle emploi était d'accélérer le retour à l'emploi des chômeurs, une promesse identique à celle que fait aujourd'hui le président Macron en parlant de la réforme, à venir, de l'assurance-chômage.

6/ Les plus à plaindre -ils recoupent en cela les chômeurs de longue durée- sont sans aucun doute les chômeurs de plus de 50 ans dont le nombre d'inscrits a explosé de plus de 160% en dix ans, en passant de 354.400 début 2009 à 922.800 à l'automne 2018. Soit un bond en dix ans de près de 570.000 personnes âgées de plus de 50 ans. Et ce alors que le nombre de seniors au chômage était à l'origine inférieur de près de 115.000 à celui des moins de 25 ans: il le dépasse aujourd'hui de plus de 450.000. Car ce sont les jeunes les véritables gagnants de l'opération. Sur la période, leur nombre d'inscrits a stagné (la hausse est limitée à 0,64%) uniquement parce qu'ils ont bénéficié, au cours des deux précédents quinquennats, de la quasi-majorité des mesures mises en œuvre par les pouvoirs publics afin de lutter contre le chômage.

7/ La dernière donnée qui montre l'échec de Pôle emploi à remplir ses objectifs initiaux est l'évolution du taux de chômage au cours de la période. Lors de la fusion début 2009 entre l'ANPE et les Assedic, il était de 8,6% de la population active en France entière (dom compris). Quelque dix années plus tard, il atteint toujours 9,1%. Entre deux, le taux de chômage a joué au yoyo entre un plus haut de 10,5% à la mi-2015 et un plus bas de 8,9% constaté fin 2017. Sur les 39 trimestres qui marquent cette quasi-décennie, le taux de chômage n'est descendu qu'une seule fois sous la barre des 9% et a connu 17 trimestres d'affilée au-dessus des 10% (entre la fin 2012 et la fin 2016).

Les 7 chiffres démontrant que Pôle emploi n'a pas rempli ses objectifs fixés il y a dix ans

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
32 commentaires
  • pasdhypocrisie

    le

    Accuser le médecin d'être responsable du fait que la température du malade ne baisse pas est consternant.

À lire aussi