Lundi sans viande ni poisson : c’est bon pour la planète, la cause animale... et la santé !

Près de 500 personnalités ont lancé un appel à instaurer un « lundi vert », jour sans aucune viande ni poisson. Voici trois raisons de réduire sa consommation de protéines animales.

 La mode de consommer de la viande ou du poisson tous les jours a été instaurée après la Seconde guerre. Avant cela, nous consommions beaucoup moins de protéines animales.
La mode de consommer de la viande ou du poisson tous les jours a été instaurée après la Seconde guerre. Avant cela, nous consommions beaucoup moins de protéines animales. Pixabay/Divily

    C'est bon pour la planète

    Consommer de la viande a bel et bien un effet bœuf sur la planète. Car sa production nécessite beaucoup plus d'eau que celle des légumes ou des fruits. La France bat même des records. Dans l'Hexagone, une étude a montré que « l'empreinte eau » des aliments était de 3861 litres par personne et par jour. « Une partie de la viande que l'on consomme en France est par ailleurs nourrie avec du tourteau de soja fabriqué en Amazonie, ce qui accentue sur place la déforestation », souligne le directeur général du WWF France Pascal Canfin.

    Les signataires de l'appel à boycotter la viande le lundi rappellent que « 85 % des surfaces déboisées de la forêt d'Amérique du Sud ont été dédiées à l'élevage ». Un type d'agriculture qui contribue selon les Nations Unies à 14,5 % des émissions totales de gaz à effets de serre sur la planète. D'après une étude de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), les déjections animales dans les élevages français seraient à l'origine de 75 % des rejets d'ammoniac dans l'air. Le directeur général du WWF souligne toutefois que l'élevage de troupeaux de ruminants au pré (et pas dans des bâtiments fermés) est plutôt bénéfique. « Lorsqu'elles sont nourries à l'herbe, les vaches entretiennent les prairies qui contribuent à stocker le carbone. » « Quant au poisson, nous sommes l'un des pays en Europe qui en consomme le plus alors que 90 % des stocks sont exploités à fond, voire surexploités, et qu'il faut désormais aller chercher les espèces de plus en plus loin en mer », souligne Pascal Canfin.

    C'est bon pour la cause animale

    « 74 milliards d'animaux terrestres sont tués chaque année sur la planète et 1000 milliards de poissons et autres crustacés », assène Brigitte Gothière. Des chiffres qui font autant réfléchir que les vidéos de son association L214 montrant des bêtes en souffrance dans des abattoirs ou des élevages intensifs. Ces images ont suscité un tel émoi ces derniers mois que la « cause animale » s'est invitée dans les débats à l'Assemblée nationale. « Mais tous les amendements visant à améliorer le bien-être animal en France ont été retoqués », fulmine le président de la Ligue de protection des oiseaux Allain Bougrain-Dubourg, qui s'est engagé à ne plus manger ni viande ni poisson le lundi et aspire à terme à devenir végétarien.

    « Si l'on changeait nos habitudes et que nous remplacions au moins une journée la chair animale par des produits d'origine végétale, cela aurait un impact fort sur le nombre d'animaux tués », estime Brigitte Gothière. « En France, 99 % des lapins, 95 % des cochons, 90 % des veaux et 82 % des poulets de chair sont élevés de manière intensive, affirment les 500 signataires de l'opération Lundi vert. C'est-à-dire qu'ils sont confinés dans des cages ou des bâtiments fermés afin de les engraisser et de les maintenir en vie jusqu'à leur abattage précoce. » « Les poissons ne sont pas exonérés de souffrance, précise Allain Bougrain-Dubourg. Du fait de la surpêche et de certaines techniques de capture, les méthodes de prélèvement sont insupportables. »

    C'est bon pour la santé

    Un jour sans viande ni poisson ? Patrick Serog, médecin nutritionniste, approuve : « Sur le plan médical, c'est sans danger. Les protéines animales font encore trop souvent la loi dans nos assiettes et ce n'est pas sans risque. » Hausse de la glycémie, prise de poids, stress des reins, stimulations des cellules cancéreuses... pas une année, sans qu'une étude vienne pointer ces dangers. « Il ne faut pas pour autant les diaboliser, tempère le spécialiste. Sur le plan gustatif, les protéines animales restent incomparables. Il faut simplement revenir à des quantités raisonnables. »

    On en est loin. 135 g de produits carnés, c'est ce qu'on mange en moyenne chaque jour en France. On n'en est plus au niveau stratosphérique des années 1990. Mais pour Patrick Serog, c'est encore trop : « C'est quasiment le double de nos besoins hebdomadaires, estimés à 500 g maximum », note-t-il, tout en rappelant qu'il y a 50 ans, il était courant de ne manger du poisson et de la viande qu'une fois par semaine.

    « Nous avons délaissé les légumineuses et les céréales, très riches en protéines végétales. Aujourd'hui, ils reviennent doucement dans les assiettes et c'est tant mieux car ils peuvent être très intéressants d'un point de vue nutritionnel », relève-t-il. Par exemple, une assiette d'environ 270 g de lentilles équivaut à un petit steak. Pour ceux que cela rebuterait, « on peut toujours les cuisiner en cocktail mélangé à de la semoule ou du riz, l'essentiel étant de mélanger texture et goût, pour conserver le plaisir de manger », conseille le médecin.

    Et puis, il y a l'œuf, l'aliment parfait pour notre nutritionniste, car il contient les huit acides aminés essentiels pour notre organisme. Il ne faut donc pas s'en priver. « Une petite omelette par semaine, même si on souffre de cholestérol, sera sans conséquence », rassure-t-il.