Le régime végan, même s'il reste très minoritaire, fait de plus en plus d'adeptes dans les pays développés. Il est porté par un message de responsabilité environnementale et de bien-être animal qui fait écho à la transition écologique globale. Mais ce régime pose aussi un enjeu sanitaire. Selon une note du Forum économique mondial, il pourrait être un facteur de malnutrition.

C’est un phénomène mondial qui n’épargne aucun pays. La malnutrition touche plus de deux milliards d’individus sur la Terre. La plupart souffrent de carences en micronutriments comme la vitamine A ou le fer, mais aussi d’extrême maigreur ou à l’inverse, de surpoids et d’obésité. Dans les pays en développement, la surconsommation de viande est particulièrement pointée du doigt.
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait même conclu que la consommation de viande transformée pouvait augmenter le risque de cancer colorectal. Un coup dur pour la filière mais un argument de plus pour les végans.
Ce mode de vie, qui consiste à ne consommer aucun produit d’origine animal comme la viande, le lait, les œufs a de nombreuses vertus. Il participe notamment à une réduction des maladies chroniques. Mais, mal maîtrisé, il pourrait, au contraire, alourdir le bilan de la malnutrition dans les pays occidentaux. C’est la conclusion d’une note publiée par le Forum économique mondial. Il établit que "des régimes végans mal planifiés qui ne remplacent pas les nutriments essentiels contenus dans la viande peuvent entraîner de graves carences en micronutriments".
Un taux de fractures un tiers plus élevé
Par exemple, selon l’institution, les taux de fractures chez les personnes végans seraient un tiers plus élevé que chez les autres populations. En cause, notamment, des carences en calcium, en vitamine D, en oméga 3, en iode. Ces manques peuvent aussi se traduire par une fatigue extrême ou des retards de développement chez les jeunes enfants.
"Les effets de ces déficiences nutritionnelles ne sont pas toujours visibles au premier abord, mais leurs conséquences peuvent être sévères", expliquent trois chercheurs au journal académique australien The Conversation. "Ils impliquent une plus faible résistance aux maladies, un handicap mental et même la mort".
Le véganisme est aujourd’hui très minoritaire. Il est estimé que les végans représenteraient 0,5 % de la population française, selon une étude menée en octobre 2016 par Harris Interactive. Au Royaume-Uni, selon la Vegan Society, le nombre de végans aurait quadruplé durant la dernière décennie. Une tendance perçue comme plus éthique et responsable. Pourtant son bilan environnemental n’est pas si évident.
Manger moins de viande est meilleur pour la santé et l’environnement
La communauté scientifique semble divisée. Si certains chercheurs affirment, sans aucun doute, que le régime végan détient un plus faible impact carbone que les autres, d’autres nuancent. Remplacer les protéines animales par les protéines végétales ne baisserait pas drastiquement l’impact environnemental de l’alimentation, estime Jean-François Hocquette de l’Institut national de la recherche agronomique. Car certaines études indiquent une production végétale plus importante avec les régimes sans viande, voire une consommation alimentaire accrue pour satisfaire les besoins des humains.
Sans se couper totalement des produits d’origine animale, réduire sa consommation de viande reste tout de même bénéfique pour la santé et l’environnement. Selon une autre note du Forum économique mondiale publiée le 3 janvier, une réduction de la consommation de viande, et en particulier du bœuf, pourrait faire baisser de 2,4 % le nombre de morts au niveau global, et jusqu’à 5 % dans les pays développés, soit des millions de vies épargnées.
Marina Fabre @fabre_marina

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