Tribune. Puisque de toute part on se réjouit du succès de la pétition, signée par 1,9 million de Français – un record semble-t-il –, visant à soutenir un recours en justice contre l’Etat français coupable d’« inaction » face au changement climatique, il est utile et urgent que d’autres voix s’expriment pour dire à quel point cette démarche est déplacée. Si François de Rugy, le ministre de la transition écologique, a été « agréablement surpris » et Ségolène Royal juge qu’il vaudrait mieux ne pas polémiquer avec les porteurs de cette pétition, heureusement Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la transition écologique, a le courage de rappeler que « la France est une nation leader en matière d’environnement ».
Les divers observateurs et commentateurs semblent ne voir dans le succès de cette pétition que la révélation d’une adhésion profonde d’une partie importante de la population française à la défense de l’environnement et à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est en effet réjouissant, mais il n’y a pourtant là rien de vraiment nouveau.
Par contre, par démagogie sans doute, un sentiment très partagé actuellement dans la classe politique, personne ne semble trouver choquant que des citoyens français attaquent leur propre pays en justice. Ce French bashing, cet autodénigrement, l’une de nos activités préférées (l’herbe serait toujours plus verte ailleurs), est sans doute encore plus choquant quand c’est au motif d’une « carence fautive de l’Etat à respecter son obligation de protection de l’environnement, de la santé et de la sécurité humaines ».
Succès dû aux énergies nucléaire et hydraulique
Comment peut-on dire des choses pareilles ? Il faut rappeler à ces gens-là que leur pays est non seulement un champion en matière de protection sociale et de solidarité, possédant un système de santé unique au monde donnant un accès aux soins gratuit, que beaucoup d’autres pays nous envient, mais également un champion en matière de limitation de la production de gaz à effet de serre. Il vaudrait mieux s’en réjouir. Et également comprendre, une fois pour toutes, que la France doit ce succès à son choix historique d’une production électrique essentiellement à base d’énergie nucléaire et d’énergie hydraulique, toutes les deux énergies bas carbone.
Comment, dans ces conditions, cette pétition peut-elle demander en même temps, et en pleine contradiction avec sa demande de « réduction des émissions de gaz à effet de serre », l’abandon « du recours aux énergies fossiles et nucléaire » ? Comme s’il était possible d’assurer une production d’électricité et l’ensemble des transports routiers, maritimes et aériens, uniquement avec des énergies renouvelables. Ceci est simplement absurde.
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