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PROCES«Je n'ai jamais cherché à couvrir ces actes horribles», plaide Mgr Barbarin

VIDEO. Procès Barbarin: «Je n'ai jamais cherché à couvrir ces actes horribles», se défend le cardinal

PROCESLe Primat des Gaules est jugé devant le tribunal correctionnel de Lyon pour non-dénonciation d’actes de pédophilie…
Le cardinal Barbarin au premier jour de son procès. Le cardinal est poursuivi pour ne pas avoir dénoncé auprès des autorités, les agressions sexuelles commises par le père Preynat sur des scouts dans les années 80 et 90. KONRA
Le cardinal Barbarin au premier jour de son procès. Le cardinal est poursuivi pour ne pas avoir dénoncé auprès des autorités, les agressions sexuelles commises par le père Preynat sur des scouts dans les années 80 et 90. KONRA - SIPA
Caroline Girardon

Caroline Girardon

«A l’époque, personne ne dit rien et ne me dit rien. Moi, je ne demande rien ». Un « défaut de curiosité » qui pose question et qui intrigue le tribunal correctionnel de Lyon. Ce lundi, le cardinal Barbarin a été longtemps entendu pour les faits qui lui sont reprochés.

L’archevêque de Lyon et cinq autres prévenus sont jugés jusqu’à mercredi pour ne pas voir dénoncé auprès des autorités, le père Preynat. Alexandre Hezez, l’une des victimes du prêtre, était pourtant venu les trouver en juillet 2014, les informant des agressions sexuelles subies dans les années 1980. « Des rumeurs » qui étaient parvenues aux oreilles du cardinal bien avant.

« Je n’ai jamais, ô grand jamais, cherché à cacher ces faits horribles. Et encore moins à les couvrir. Qu’on parle d’une erreur d’appréciation, de jugement, discutons-en, mais couvrir de telles choses, non », se défend d’emblée le Primat des Gaules, avouant avoir conscience que le père Preynat « a brisé l’innocence sacrée des enfants ». L’homme d’Église répond à chaque question sans se défiler. Mais sans pour autant convaincre, semble-t-il, la présidente du tribunal et ses assesseurs, désireux de comprendre pourquoi le loup a été maintenu dans la bergerie.

« Tout le monde me reproche de l’avoir cru »

« Quand je lui ai parlé, il a reconnu les faits et il a juré qu’il n’avait plus commis aucune agression depuis 1991. Tout le monde me reproche de l’avoir cru », poursuit le cardinal Barbarin au sujet du père Preynat. Et de raconter comment il avait conseillé lui-même à la victime d’écrire une lettre, transmise ensuite au Vatican. Puis de chercher d’autres anciens scouts abusés. « Les faits étaient prescrits. Je ne pensais pas que c’était à moi de saisir la justice. Cela ne m’est pas venu à l’esprit », s’est encore défendu le cardinal. Et d’ajouter : « Mon autorité à moi, c’est Rome. J’ai pris mes responsabilités dès que les consignes ont été dites clairement ».

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« Au risque de vous ennuyer, mais n’est-ce pas le Pape qui invite à la dénonciation à chaque fois que des faits de pédophilie sont connus ? a rebondi la présidente du tribunal. A la lecture du dossier, on a l’impression que les victimes ne comprennent pas pourquoi vous n’avez pas été plus ferme à l’égard du père Preynat. Vous l’avez nommé pour faire carrière en quelque sorte. N’était-ce pas imprudent de votre part de lui avoir maintenu vote confiance alors que des rumeurs circulaient et que des signalements avaient été faits ? »



« J’ai fait confiance à mes prédécesseurs »

Face à ses détracteurs, le cardinal concède ne « pas avoir eu la curiosité intellectuelle d’aller au-delà », de connaître les actes précis commis par le père Preynat. « A partir du moment où l’on garde un voile pudique, on ne peut pas apprécier l’éventuelle dangerosité à laquelle on expose ses paroissiens », lui reproche ensuite l’un des assesseurs du tribunal. « J’ai fait confiance à mes prédécesseurs », répond l’archevêque de Lyon, rappelant que le cardinal Decourtray avait suspendu le curé six mois. « Une sanction sévère pour l’époque ».

« Mais à aucun moment vous n’avez eu conscience que vos prédécesseurs avaient aussi gravement fauté », questionne le tribunal. « Ce que vous dîtes, ça vaut pour 100 personnes. Les parents aussi savaient mais ils n’ont rien dit ? On peut se demander d’où vient cette conspiration du silence », conclut Monseigneur Barbarin.

Les débats reprendront mardi à 9h30 avec l’audition des quatre autres prévenus puis les témoignages des victimes.

Lyon

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