Devant les juges japonais, Carlos Ghosn se dit "faussement accusé"
Carlos Ghosn s'est enfin défendu en public. Mardi 8 janvier, à sa demande, le PDG du groupe Renault a comparu devant un tribunal japonais pour clamer son innocence. Arrêté depuis le 19 novembre au Japon pour soupçons d'abus de confiance et de malversations financières, l'ex-président de Nissan est apparu amaigri mais s'est exprimé d'une voix claire.
Simon Chodorge
Pour la première fois depuis son arrestation en novembre dernier, Carlos Ghosn a pu s’exprimer publiquement. Le mardi 8 janvier, à 10h30 au Japon (2h30 à Paris), le PDG de Renault a comparu à sa demande pendant près de deux heures lors d’une audience publique devant un tribunal. Une procédure rare dans le système japonais mais qui permet à l’industriel de s’expliquer directement pour la première fois. Inculpé au Japon pour des faits présumés de malversations financières et d’abus de confiance dans le cadre de ses fonctions chez Nissan, le dirigeant libano-brésilo-français a clamé son innocence.
Devant les juges japonais, Carlos Ghosn s’est dit “faussement accusé et détenu de manière injuste". En lisant une déclaration écrite en anglais à la cour, il explique avoir dédié “deux décennies de sa vie à relever Nissan et bâtir l'alliance" entre les constructeurs automobiles français et japonais. Il estime aussi "avoir agi avec honneur, légalement et avec la connaissance et l'approbation des dirigeants de la compagnie".
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Amaigri et menotté
Aucune image de l’audience n’a été diffusée, les photographes et les caméras n’étant pas autorisés dans la salle d’audience. Des dizaines de journalistes étaient néanmoins présents et ont rapporté l’arrivée du patron évincé de Nissan.
Here's what Ghosn looks like in court, according to an artist for the TBS network pic.twitter.com/dgZ7FZmKNi
— Alastair Gale (@AlastairGale) 8 janvier 2019
À 64 ans, Carlos Ghosn est apparu amaigri et menotté, une corde nouée à sa taille. En costume sombre, sans cravate, des sandales vertes en plastique aux pieds, il s’est exprimé sans trahir d’émotion et d’une voix assurée selon les médias locaux.
"Je n’ai jamais reçu d’indemnité de la part de Nissan"
Le dirigeant est revenu sur les principales accusations dont il fait l’objet. Notamment celle de sous-déclaration de ses revenus entre 2010 et 2018. "Contrairement aux accusations des procureurs, je n’ai jamais reçu d’indemnité de la part de Nissan, ni révélé, ni conclu de contrat contraignant avec Nissan, visant à recevoir un montant fixe non divulgué", a clamé Carlos Ghosn. Le patron s’est également défendu d’avoir fait peser sur le constructeur des pertes personnelles liées à la crise financière de 2008.
Il a aussi justifié les sommes versées à l’homme d’affaires saoudien Khaled Al-Juffali. Carlos Ghosn a présenté ce dernier comme un partenaire de longue date de Nissan, rémunéré pour avoir aider le groupe automobile dans la région du Golfe. La justice japonaise s’est récemment penchée sur ces transactions, soupçonnant un abus de confiance au bénéfice de Carlos Ghosn et de Khaled Al-Juffali.
La justice redoute une fuite à l'étranger de Carlos Ghosn
De son côté, la justice japonaise a justifié les conditions de détention du PDG de Renault. Une longue arrestation qui a parfois suscité des critiques du système judiciaire japonais. Le magistrat Yuichi Tada a motivé cette incarcération par un risque de fuite à l’étranger par avion. Le juge redoute aussi un risque d’altération de preuves ou de dissimulation des infractions.
La garde à vue actuelle de Carlos Ghosn doit arriver à son terme vendredi 11 janvier. Comme précédemment, elle est néanmoins susceptible d’être prolongée à la suite d’une arrestation sur de nouvelles charges.
<< Retrouvez notre grand dossier consacré à cette affaire: Carlos Ghosn arrêté, l'Alliance Renault Nissan ébranlée
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