TRAVAILSuicides, «pression»... Que se passe-t-il chez Air France à Marseille ?

Marseille: Suicides en série, «pression», «malaise au travail»... Que se passe-t-il à l'escale locale d'Air France?

TRAVAILTrois salariés d'Air France à Marseille se sont suicidés en quelques semaines. Une grève a été observée ce lundi...
Une centaine de salariés d'Air France s'est réuni à l'appel de la CGT suite au suicide de trois salariés
Une centaine de salariés d'Air France s'est réuni à l'appel de la CGT suite au suicide de trois salariés - Mathilde Ceilles / 20 Minutes
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Trois salariés d’Air France à Marseille se sont suicidés.
  • Ce lundi, les salariés étaient en grève.
  • Ils dénoncent des conditions de travail difficiles.

«Le plus dur, c’est quand je regarde la porte, là, juste derrière vous. C’est là que je l’ai vu la dernière fois. Quand je suis arrivée, tout à l’heure, ici même, je n’ai pas pu pas la regarder. » Les yeux de Sandrine deviennent humides. Il y a quelques jours, un de ses collègues s’est pendu. C’était peu avant les fêtes de Noël. Le jeune trentenaire, qu’elle était en train de former, travaillait à ses côtés, chez Air France, depuis six mois.

Depuis la mi-novembre, trois salariés d’Air France à l’escale de Marseille se sont suicidés à leur domicile. Trois pendaisons en quelques semaines dans l’effectif marseillais de la compagnie. Au terminal B, ce lundi, les mines sont graves. La centaine de personnes réunie autour de la CGT porte un ruban blanc. Une banderole réclame : « Plus jamais ça ». La CGT a lancé il y a quelques jours un appel à la grève ce lundi, suite à cette série de suicides.

« La goutte d’eau »

Le lien avec le contexte professionnel reste pour l’heure à prouver. Mais à en croire ces salariés, leur environnement de travail a été la « goutte d’eau », comme le pense Marie-France, les larmes aux yeux. Elle aussi travaillait auprès de ce trentenaire arrivé récemment dans l’entreprise.

« On a tous nos problèmes, explique-t-elle. Mais en 30 ans d’expérience au sein de cette entreprise, j’ai vu les conditions de travail se dégrader. » « Il y a cinq ans, à Marseille, on était 750 équivalents temps plein. Aujourd’hui, on est 400, soupire Aimé Musto, secrétaire général adjoint de la CGT Air France. Et la charge de travail est la même. » « Il y a deux ans, on avait eu une enquête de l’agence régionale d’amélioration des conditions de travail, affirme Serge Bordrero. On était en contact avec l’inspection du travail, on va de nouveau l’interpeller. »

Les salariés dénoncent notamment des plannings donnés tardivement, et changeants, qui nuisent à l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. « L’un des salariés qui s’est suicidé avait demandé à avoir un aménagement d’horaires pour pouvoir obtenir la garde de son enfant, affirme Serge Bodrero. Comment voulez-vous obtenir cette garde quand vous avez des horaires qui changent tout le temps ? »

« Un concours de circonstances malheureux »

Ce mercredi se tient à la demande des représentants syndicaux un CHSCT extraordinaire sur le suicide de ces trois salariés. « Il n’y a pas de problématique marseillaise, c’est un concours de circonstances malheureux, estime la direction d’Air France. Ces salariés étaient chacun dans des situations personnelles distinctes. Nous répondrons aux questions sur ces drames lors du CHSCT. »

Et d’ajouter : « Air France est une entreprise qui vit des changements importants. Certains salariés sont là depuis de nombreuses années, et il est toujours difficile de changer ses habitudes. »

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