Des migrants à bord du Sea Watch 3, le 4 janvier 2018. Crédit : Reuters
Des migrants à bord du Sea Watch 3, le 4 janvier 2018. Crédit : Reuters

Depuis plus de deux semaines, le Sea Watch et le Sea Eye, deux bateaux humanitaires, avec 49 migrants à bord, sont en errance en Méditerranée. Les membres d’équipage perdent patience et changent de ton sur les réseaux sociaux.

L’équipage du Sea-Watch 3 et du Sea Eye, les deux bateaux humanitaires allemands, en errance dans les eaux maltaises ne décolèrent pas. Depuis maintenant deux semaines, les navires errent en Méditerranée sans autorisation de de toucher un port et de débarquer les 49 migrants à leur bord. Les conditions météorologiques sont détestables et le quotidien ne cesse de se détériorer.  

"Nous avons mangé du riz et fait face aux tempêtes pendant qu’en Europe, on appréciait le rôti de Noël et le réveillon du Nouvel An !", a écrit en allemand sur Twitter un des membres de l’équipage du Sea Watch 3, aujourd’hui débarqué.  

>> À relire : En raison d'une tempête, le Sea Eye et le Sea Watch autorisés à "s'abriter" dans les eaux maltaises

L’Italie et Malte, les deux pays européens les plus proches du Sea Watch 3 et du Sea Eye ont redit dimanche qu’ils n'avaient aucune intention d'autoriser ces deux navires à accoster.

La crainte d’actes auto-mutilation

Interrogé par téléphone lors d'une conférence de presse dimanche soir à Malte, le capitaine du Sea-Watch 3, Kim Heaton-Heather, a souligné que certains migrants étaient soignés pour déshydratation en raison du mal de mer, qui les fait vomir presque en permanence. Ils sont également "déprimés" car ils n'ont plus l'espoir d'une solution prochaine, a-t-il affirmé.

Ils sont "tous entassés dans une petite salle et vomissent littéralement les uns sur les autres", a indiqué de son côté Giorgia Linardi, une porte-parole de Sea Watch. Dans un message audio diffusé plus tôt dans la journée, elle avait dit craindre des actes d'automutilation.

Selon un tweet de Sea Watch, datant du 7 janvier, certains migrants ont aussi cessé de s'alimenter. 

"L’Europe nous horrifie"

Stationnés non loin des côtes maltaises, les navires ont laissé certains membres de leur équipage débarquer sur la terre ferme. "Pouvoir toucher terre alors qu’eux [les migrants], ne peuvent pas, nous fait littéralement comprendre l’absurdité des lois sur les frontières en Europe", a twitté Chris Grodotzki, un photographe militant qui est resté deux semaines et demi à bord du Sea Watch 3.

La petite île de Malte, située au milieu de la Méditerranée non loin des côtes libyennes et peuplée de 450 000 habitants, redoute, si elle ouvre ses ports, de devenir la principale porte d'entrée des migrants en Europe. 

"La situation à bord est de plus en plus instable", a déclaré de son côté Franck Dorner, le médecin du Sea Watch 3, qui appelle dans une vidéo les Etats européens à trouver une solution. "Chaque jour qui passe, le stress à bord augmente".

"Nous sommes incroyablement en colère", twitte encore l’ONG Sea Watch International. "Le déclin moral de l’Europe nous horrifie, mais nous ne nous laissons pas intimider".

Le pape François lance un appel aux Européens

Le pape François a lancé dimanche un "appel pressant" aux dirigeants européens pour accueillir les 49 migrants.

"J'adresse un appel pressant aux dirigeants européens afin qu'ils fassent preuve de solidarité concrète à l'égard de ces personnes", a déclaré le pape devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre à l'occasion de la traditionnelle prière de l'angelus.

Ce n'est pas la première fois que le pape argentin, lui-même descendant d'immigrés italiens, lance un appel aux Européens pour qu'ils ouvrent leurs frontières aux migrants.

 

Et aussi