Airbnb : plus de 2,1 millions d’euros d’amendes infligés aux propriétaires parisiens en 2018

Les tribunaux ont infligé plus de 2,1 millions d’euros d’amendes aux multipropriétaires de locations touristiques en 2018. Ian Brossat, adjoint (PCF) à la maire de Paris, promet également de faire payer les plateformes qui hébergent des annonces illégales.

 Ian Brossat, adjoint (PCF) chargé du logement à Paris.
Ian Brossat, adjoint (PCF) chargé du logement à Paris. LP/Delphine Goldsztejn

    En 2018, les multipropriétaires de locations touristiques se sont vus infliger par les tribunaux pour plus de 2,1 millions d'euros d'amendes. Pour Ian Brossat, adjoint (PCF) à la maire de Paris chargé du logement, c'est le résultat de la politique engagée depuis plusieurs années par la Ville.

    L'élu souhaite aller plus loin encore et promet de faire payer aussi les plateformes qui hébergent des annonces illégales.

    Le montant des amendes infligées aux loueurs parisiens d'Airbnb dépasse les 2 M€ en 2018. Êtes-vous satisfait ?

    IAN BROSSAT. Le nombre de multipropriétaires fraudeurs condamnés par la justice a considérablement augmenté. Ce chiffre record témoigne de l'efficacité de notre politique qui commence à porter ses fruits. Par ailleurs, ces professionnels de la location touristique qui transforment leurs biens en machine à cash sont sanctionnés plus sévèrement que dans le passé.

    Est-ce que les nouvelles réglementations en vigueur ont permis d'endiguer l'essor d'Airbnb à Paris ?

    Après une forte explosion, on constate depuis un peu plus d'un an une stabilité du nombre des annonces mises en ligne sur les plateformes de location saisonnière. Notre prochain défi est de récupérer les logements devenus des meublés touristiques. Les derniers chiffres de recensement de population publiés par l'Insee montrent que le développement d'Airbnb est en grande partie responsable de la baisse du nombre d'habitants à Paris, en particulier dans le centre historique.

    La cherté du coût de la vie et plus particulièrement du logement explique aussi en grande partie l'exode des Parisiens…

    L'impact du développement des meublés touristiques est très net. Si on veut que Paris reste une capitale habitée et non une ville musée, il faut passer à la vitesse supérieure.

    C'est-à-dire ?

    Il n'est pas normal que seuls les propriétaires fraudeurs soient condamnés. Les plateformes qui ne respectent pas la réglementation doivent également être sanctionnées. La mairie de Paris va donc se pourvoir de façon imminente devant les tribunaux pour demander le retrait des annonces illégales. La nouvelle loi Elan offre cette possibilité et prévoit de lourdes sanctions financières, de l'ordre de 12 500 € par annonce hébergée illégalement par la plateforme (NDLR : une annonce publiée plus de 120 jours par an et/ou qui ne dispose pas d'un numéro d'enregistrement).

    Ne craignez-vous pas que cette régulation freine aussi le tourisme ?

    Notre premier objectif est de stopper l'hémorragie de la population parisienne. On ne peut pas accepter qu'une partie de la classe moyenne ne puisse plus vivre à Paris à cause de la raréfaction du logement. Notre but n'est pas de tuer l'offre de locations touristiques mais de la réguler pour que ce marché ne rentre pas en concurrence avec celui du logement. Heureusement, il existe des annonces légales et elles ont vocation à perdurer.

    Où en est votre proposition d'interdire les locations Airbnb dans le centre de Paris ?

    J'assume plus que jamais. Et ce sera un sujet structurant des prochaines municipales.

    CLES

    • 2,1 M€, c’est le montant total des amendes infligées en 2018 aux propriétaires louant leur bien illégalement. En 2017, ce montant s’élevait à 1,3 M€ pour 76 logements.
    • 118 condamnations pour des locations illégales de meublés touristiques ont été prononcées en 2018.
    • 156 : c’est le nombre d’appartements ayant fait l’objet d’une procédure. Une société multi-propriétaire de 6 logements situés dans le Ve a été condamnée à une amende de 10 000 € par logement.
    • 50 000 €, c’est le montant maximum de l’amende applicable aux propriétaires ne respectant la réglementation en vigueur.
    • 65 000 annonces sont publiées sur Airbnb à Paris, ce qui représente 15 % de l’ensemble des offres diffusées à l’échelle de l’hexagone.
    • 87,14 % des appartements proposés à la location sont des logements entiers.
    • 120 : c’est le maximum légal annuel du nombre de nuitées en vigueur à Paris.
    • 27 000 annonces sur les 65 000 mises en ligne sur Airbnb ont fait l’objet d’un enregistrement, procédure désormais obligatoire à Paris.
    • 119,5 €, c’est le prix moyen par nuit proposé à Paris via Airbnb (de 69 € dans le XXe à 223 € dans le VIIIe).