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Cet engrenage, vu de l’étranger en 2019, est à la fois déprimant et désolant. Mais la volonté affichée lundi par le premier ministre Edouard Philippe de durcir encore plus l’arsenal répressif, avec pour objectif de cibler les casseurs, n’est pour autant pas de bon augure. Elle rappelle l’impasse de 2005, lorsque l’état d’urgence éteignit provisoirement l’incendie des banlieues dont le bilan, en termes d’interpellations policières, est désormais similaire à celui des huit journées d’action des «gilets jaunes» (près de 5500 gardes à vue). Au bout du compte? Rien. Les plans banlieues se sont succédé. La gangrène islamiste a surfé sur les haines avec un macabre succès. La cocotte-minute française a continué à bouillir…
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La réalité est que la République violentée est aujourd’hui en proie à un mal bien plus profond: la rage antisystème, relayée en surface par Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise ou le Rassemblement national de Marine Le Pen, et dans la rue par les ténors des «gilets jaunes». Cette rage s’auto-alimente via les réseaux sociaux, où rumeurs, fausses informations et théories du complot prospèrent. Elle rêve du référendum révocatoire pour déboulonner élus et hauts fonctionnaires. Elle fait des policiers les boucs émissaires. Les populistes italiens lui apportent officiellement leur soutien. Cette rage n’a que faire du «grand débat national» – il est vrai assez flou – promis à partir du 15 janvier par Emmanuel Macron.
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Dans un pareil contexte, le président français ne doit pas se leurrer: réprimer davantage ne fera qu’aggraver les fractures françaises s’il ne parvient pas, simultanément, à apaiser la colère de ses concitoyens. Les revendications des «gilets jaunes» acceptées par l’exécutif doivent impérativement se matérialiser. Le pire, pour ce jeune chef de l’Etat qui promettait de «transformer» la France, serait de parier, avant même la moitié de son mandat, sur le seul désir d’ordre pour se remettre politiquement à flot.