Le gouvernement fédéral américain poursuivi pour les essais sismiques opérés dans l’Atlantique

Les défenseurs de l’environnement sont particulièrement inquiets pour la baleine franche de l’Atlantique nord, une espèce en voie d’extinction.

De Sarah Gibbens
Publication 8 janv. 2019, 18:31 CET
Une baleine franche de l’Atlantique nord, la bouche ouverte, se nourrit à la surface de l’eau. ...
Une baleine franche de l’Atlantique nord, la bouche ouverte, se nourrit à la surface de l’eau. Les tirs des canons à air comprimé pourraient avoir des conséquences négatives sur les espèces qui composent son régime alimentaire.
PHOTOGRAPHIE DE Brian J. Skerry, Nat Geo Image Collection

Le 11 décembre 2018, le National Resource Defense Council (Conseil national de défense des ressources), Oceana, EarthJustice, le Center for Biological Diversity (Centre pour la diversité biologique), Defenders of Wildlife ainsi que plusieurs groupes de défense de l’environnement locaux ont intenté un procès en Caroline du Sud pour empêcher l’utilisation de canons à air comprimé dans l’Atlantique. Selon eux, les tirs d’air comprimé violeraient le Marine Mammal Protection Act (loi américaine de protection des mammifères marins).

Cinq sociétés pétrolières et gazières ont obtenu le feu vert pour l’utilisation de canons à air comprimé dans le cadre de la prospection de gisements lucratifs de pétrole et de gaz supposément enfouis dans le fond marin du New Jersey à la Floride.

En 2017, le Bureau de gestion énergétique océanique (Bureau of Ocean Energy Management en anglais) avait rejeté la proposition, la jugeant dangereuse pour la vie marine. Mais l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique ou NOAA a récemment revu cela, concluant que les tirs pouvaient être effectués sans menacer de façon importante le statut des populations menacées ou en voie de disparition. L’enquête de la NOAA devait déterminer si cette activité serait ou non une violation du Marine Mammal Protection Act.

Les grands mammifères marins, à l’instar des baleines et des dauphins, se servent des sons pour communiquer, se nourrir et se reproduire. Par conséquent, les tirs d’air comprimé pourraient avoir des répercussions sur chacune de ces trois activités essentielles.

Les tirs pourraient potentiellement nuire à la pêche commerciale, mais les défenseurs de l’environnement sont particulièrement inquiets pour les baleines franches de l’Atlantique nord, une espèce en danger critique d’extinction qui ne compte plus que 450 individus environ.

Pour réduire les répercussions de ces tirs sur la faune sauvage, la NOAA a indiqué qu’ils ne seront pas autorisés de novembre à avril dans certaines zones de l’Atlantique où nous savons que les baleines franches de l’Atlantique nord migrent. De plus, un observateur de la NOAA devra être présent à bord de chacun des navires en charge des opérations de prospection sismique pour surveiller la situation en cas d’incident.

Lors d’une conférence de presse, le biologiste Benjamin Laws, du Bureau des ressources protégées de la NOAA Fisheries, a déclaré que les observateurs devront avertir les bateaux quand des baleines se trouvent à proximité et il ne sera pas possible de tirer à moins de 90 km des mammifères marins menacés.

Mais pour Diane Hoskins d’Oceana, cela ne suffira pas à protéger l’espèce car le bruit produit par ces tirs d’air comprimé peut se propager sur 3 200 km.

Selon Benjamin Laws, la décision de la NOAA d’accorder des autorisations d’incidents prend également en compte le fait que des espèces dont dépendent les mammifères marins pour se nourrir pourraient être affectées. L’agence a déterminé que les tirs ne seraient pas néfastes au point d’impacter la quantité de nourriture disponible.

Une étude publiée à l’été 2017 avait toutefois révélé que les plus petits membres de la chaîne alimentaire océanique peuvent être tués par les tirs d’air comprimé. Le zooplancton, les minuscules créatures telles que les bébés méduses, les crustacés et les larves, ont diminué de 64 % à moins de 1 200 mètres du lieu où avait été tiré l’air comprimé.

En plus des risques que cela représente pour la faune, les défenseurs de l’environnement craignent que les tirs de canons à air comprimé n’ouvrent la voie au forage pétrolier et gazier dans l’océan Atlantique, un sujet très controversé. En novembre dernier, la Floride a interdit le forage en mer, une décision en adéquation avec les 300 municipalités et 2 000 représentants locaux qui se sont formellement opposés à cette pratique.

C’est dans les années 1980 que les canons à air comprimé ont été utilisés pour la dernière fois dans la région dans le cadre de la prospection pétrolière. Depuis, ils ont uniquement servi pour des recherches universitaires dans le nord de l’Atlantique. Toutefois, les autorisations pour l’exploration pétrolière dans le golfe du Mexique et au large de la côte Ouest sont régulièrement réexaminées.

Alors que les sociétés convoitent les zones de forage en mer, les contestations judiciaires pourraient suivre.

« Les villes balnéaires de la côte atlantique pourraient devenir des villes pétrolières », indique Diane Hoskins. « Nous allons utiliser tous les outils disponibles pour empêcher cela. »

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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