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Pourquoi des milliers de manchots de Magellan s'échouent-ils sur les côtes sud-américaines ?

Amérique du Sud
Chaque année, des milliers de manchots de Magellan s'échouent sur les côtes sud-américaines. © Takashi Yamamoto

Une équipe de scientifiques a enquêté pour élucider un inquiétant mystère : chaque année, des milliers de manchots de Magellan, principalement des femelles, s'échouent sur les côtes sud-américaines pour une raison jusqu'ici inconnue.

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Reconnaissable à son ventre blanc et ses deux bandes noires, le manchot de Magellan figure parmi les espèces les plus abondantes de manchots. Selon les estimations, plus d'un million de spécimens vivent sur les côtes de l'Argentine et du Chili dont ils sont originaires. Mais cette abondance ne protège pas l'espèce des menaces.

Chaque année, les manchots de Magellan connaissent même un préoccupant phénomène : des milliers d'individus s'échouent sur les côtes sud-américaines sans que personne ne sache pourquoi. Plus étrange, 75% des spécimens échoués se sont avérés être des femelles. Pour élucider le mystère, des chercheurs japonais et argentins ont mené une nouvelle étude publiée dans la revue Current Biology.

De l'Argentine au Brésil

Comme tous les autres manchots, Spheniscus magellanicus est une espèce migratrice. Après s'être reproduits en Patagonie en février, les manchots parcourent un millier de kilomètres pour se rendre plus au nord vers les côtes Sud du Brésil en avril, avant de retrouver leurs aires de reproduction en septembre ou octobre. C'est durant ce voyage que, chaque année, des milliers d'échouage ont lieu.

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Afin de comprendre pourquoi, les scientifiques ont posé en 2017 des dispositifs de localisation sur huit mâles et six femelles. Ils ont ensuite suivi les manchots après qu'ils ont quitté leurs aires de reproduction à Cabo dos Bahía en Argentine et démarré leur migration plus au nord. Cette surveillance a permis de constater que les mâles et femelles ne se comportent pas de la même façon.

Bien que l'échantillon d'étude soit réduit, les femelles ont en effet semblé voyager bien plus au nord, allant pour certaines jusqu'à atteindre les côtes de l'Uruguay. Les mâles eux, ont semblé s'en tenir aux eaux des côtes argentines. Les résultats ont également montré que les mâles plongent plus profondément que les femelles, environ 59 mètres pour les premiers contre 35 mètres pour les secondes.

Des femelles plus vulnérables

Selon les chercheurs, ces différences pourraient s'expliquer par plusieurs facteurs, notamment la compétition pour la nourriture et le gabarit plus petit et plus léger des femelles. Ces dernières pourraient ainsi préférer des eaux plus chaudes, moins profondes et moins sujettes aux courants océaniques face auxquels elles sont plus vulnérables.

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Le problème est qu'en voyageant plus au nord, les femelles s'exposent à plus de menaces et donc un risque plus grand de s'échouer. Les chercheurs pensent également qu'un plus grand périple implique une dépense énergétique plus grande pour nager et capturer des proies dispersées. Autant de facteurs qui expliqueraient pourquoi les femelles, de même que les jeunes, s'échouent davantage que les mâles adultes et sont très souvent retrouvées mal en point, épuisées voire mortes.

Quant aux menaces qui pèsent sur les manchots, elles seraient en grande partie d'origine humaine. "Cela inclut la pollution de l'eau causée par l'exploitation pétrolière et le transport marin ainsi que les dangers associés à la pêche, tels que les prises accidentelles et l'épuisement des proies", affirme Takashi Yamamoto, chercheur à l'Institut des mathématiques statistiques de Tokyo.

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Citant également le changement climatique et la pollution plastique parmi les menaces, le co-auteur de l'étude poursuit dans un communiqué : "Nos résultats suggèrent que l'expansion spatiale plus au nord augmente sans doute la probabilité d'être affecté par ces risques, et particulièrement chez les femelles".

Préserver une espèce "quasi-menacée"

Quelles qu'en soient les raisons, la perte importante de femelles après la saison de reproduction pourrait avoir de sérieuses conséquences sur la population globale considérée aujourd'hui comme "quasi-menacée". Si la nouvelle étude ne permet pas de prévenir les échouages, Takashi Yamamoto affirme qu'elle pourrait aider à préserver l'espèce face aux menaces croissantes d'origine humaine.

"Si nous ne considérons aucune action de conservation, telles que la création d'une zone marine, je m'attends à ce que le nombre d'individus échoués augmente", souligne le chercheur insistant sur "la nécessité d'acquérir une meilleure compréhension des comportements spatiaux à long terme de l'espèce [...] afin de faciliter des mesures de conservation dynamiques et adaptées".

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