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Abbeville : le gendarme utilisait des fichiers confidentiels pour surveiller ses "ex" et contacter des escort-girls

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Un gendarme, adjudant de 48 ans, a été jugé par le tribunal correctionnel d’Amiens ce mardi pour détournement de données à caractère personnel et pour faux en écriture publique. Il profitait de ses enquêtes pour récolter des informations sur des femmes.

Une salle d'audience du palais de justice d'Amiens
Une salle d'audience du palais de justice d'Amiens © Radio France - Claudia Calmel

C’est une affaire peu banale qui a été jugée ce mardi 9 janvier 2019 par le tribunal correctionnel d'Amiens : un gendarme convoqué pour avoir obtenu, frauduleusement, des informations sur une dizaine de femmes. Il profitait des enquêtes sur lesquelles il travaillait pour récupérer des données personnelles.

Un scénario rodé

A chaque fois, l'adjudant procède de la même façon : il prétexte une enquête tout à fait banale -un litige, par exemple, entre deux vétérinaires- pour obtenir des informations confidentielles d'administrations ou d'opérateurs téléphoniques. Il cherche par exemple à savoir à qui téléphone une ex-compagne qui a resurgi dans sa vie. Ou à quel étage habite une escort girl avec qui a prévu de prendre rendez-vous. Le prévenu est officier de police judiciaire, les contrôles sur la façon dont il mène ses enquêtes sont rarissimes. Les faits vont durer plus d’un an entre 2017 et 2018. Sur cette période, il a demandé trente-quatre réquisitions judiciaires à des fins personnelles : factures téléphoniques, informations sur des domiciliations et même un extrait de casier judiciaire.

Une carrière émaillée d’incidents

C'est un collègue qui a découvert les agissements du gendarme en reprenant ses dossiers quand il a été muté dans un autre service. Le tribunal lui demande de s’expliquer : pourquoi lui, le militaire, parfaitement au courant de ce qui est légal ou pas, a-t-il agi de la sorte ? « Je voulais savoir où je mettais les pieds », se défend le gendarme. « A priori, sur des sites d'escort, on rencontre des escort, non ? », ironise le président du tribunal. Pour justifier son comportement l'adjudant évoque aussi le décès de son père, des problèmes de couple avec sa femme. Mais surtout sa dépression et la paranoïa qui en a découlé. 

Pour le procureur, « le contrat et la confiance ont été rompus ». Elle demande une interdiction d’exercer le métier de gendarme. Réquisition qui n’émeut pas plus que ça le prévenu qui est en arrêt longue maladie et qui ne cache pas son désir d’en finir avec la gendarmerie. Sa carrière, longue de 30 ans, a été émaillée d’incidents avec sa hiérarchie qui lui ont valu plusieurs mutations. 

Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet en prononçant une interdiction définitive d'exercer son métier.

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