Partager
Politique

Le trésorier du RN accusé de complicité de détournement de fonds publics

EXCLUSIF - Le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, et le parti ont été mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics fin octobre. Les juges d’instruction soupçonnent le parti d’avoir détourné les crédits collaborateurs des eurodéputés.

1 réaction
Marine Le Pen et Wallerand de Saint-Just lors d'une conférence de presse sur le thème "La démocratie française menacée par les oligarchies financières" à Paris le 22 novembre 2017

Le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, est accusé de complicité de détournement de fonds publics dans l'affaire des assistants parlementaires européens.

AFP - JACQUES DEMARTHON

Après Marine Le Pen, Louis Aliot et Nicolas Bay, c’est au tour du trésorier du Rassemblement national et président du groupe RN au conseil régional d’Île-de-France, Wallerand de Saint-Just, d’être poursuivi dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Le 23 octobre, il a été mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics. Le même jour, le RN, en tant que parti, a vu sa mise en examen requalifiée de complicité d’abus de confiance à complicité de détournement de fonds publics.

Motif : de 2009 à 2016, le Front national, devenu Rassemblement national, a donné à plusieurs de ses eurodéputés "des instructions afin qu’ils engagent en qualité d’assistants parlementaires des personnes occupant en réalité des emplois au sein du Front national", suspectent les juges d’instruction Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke. Le trésorier, lui, est soupçonné d’avoir préconisé et participé à ce système.

Des économies pour le FN "grâce au Parlement européen"

Les indices accumulés depuis l’ouverture de l’enquête sont accablants. En février 2015, le Parlement européen avait en effet pointé que vingt assistants parlementaires d’eurodéputés FN figuraient sur l’organigramme officiel du parti. Or, le règlement du Parlement européen interdit que les enveloppes de 24.500 euros mensuels alloués aux eurodéputés pour salarier leurs collaborateurs servent à financer des permanents de partis politiques. En publiant cet organigramme, les caciques du FN se sont donc piégés eux-mêmes…

Quelques mois plus tard, les enquêteurs de la brigade financière ont plongé dans les ordinateurs de plusieurs de ces "assistants parlementaires". Et ils en ont ressorti beaucoup de preuves de leur travail pour le parti, mais quasiment aucune trace de tâches liées au Parlement européen… Lors d’une descente dans les locaux du parti, les policiers ont aussi mis la main sur un courrier du trésorier du RN, Wallerand de Saint-Just, à Marine Le Pen daté du 16 juin 2014. Le trésorier y alerte la patronne de l’extrême droite sur "les dépenses" du parti qui "ont tendance à déraper" et suggèrent "des économies importantes grâce au Parlement européen". Les enquêteurs soupçonnent que ces économies provenaient précisément de la prise en charge de permanents du parti par les eurodéputés FN comme assistants parlementaires.

Le conseiller de Marine Le Pen rémunéré par l'eurodéputé Jean-Marie Le Pen

Un graphiste du service de communication du Front national a d’ailleurs admis avoir été salarié sept mois en 2014 comme assistant parlementaire d’une eurodéputé FN, alors qu’il continuait à travailler pour le parti et ne mettait jamais les pieds au Parlement européen. De même, un membre du staff de la campagne présidentielle de 2012 de Marine Le Pen, Gaël Nofri, était salarié comme assistant parlementaire de l’eurodéputé Jean-Marie Le Pen. "J’ai été rémunéré par des fonds européens alors que je travaillais comme conseiller sur la campagne présidentielle de Marine Le Pen", a-t-il expliqué aux enquêteurs, tout en assurant qu'il s'en était rendu compte après coup et avait refusé de signer son contrat d'assistant parlementaire.

En fait, selon les déclarations de plusieurs eurodéputés FN, c’est Marine Le Pen qui avait la haute main sur les embauches des assistants parlementaire des eurodéputés FN. A quelques exceptions près, les crédits des vingt-trois eurodéputés FN étaient d’ailleurs gérés par un seul et même comptable qui répondait aux ordres de Marine Le Pen. Ce dernier l’a avoué face aux juges. "Les députés n’avaient pas le choix de tous leurs assistants, a-t-il déclaré en septembre à la juge Claire Thépaut. Tout est très centralisé avec Marine Le Pen. Si elle demande à un député d’embaucher tel assistant, je vois mal un député lui dire non." Convoquée mi-octobre par les juges pour s’expliquer, la cheffe de l’extrême-droite n’a pas répondu à leurs questions et a été mise en examen pour détournement de fonds publics.

Contacté, le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, rappelle qu’il avait été interrogé par les enquêteurs en septembre 2017 dans cette même affaire et qu’il était ressorti libre. "Aucun fait ne justifie ma mise en examen, assure-t-il. Je ne suis pas député européen et n’ai absolument pas participé à la gestion des contrats des assistants parlementaires européens."

1 réaction 1 réaction

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications