Tarifs des complémentaires santé : les mauvaises surprises de janvier

Les cotisations des complémentaires santé pour 2019 sont en train de tomber. Certaines hausses dépassent les 10%.

 En ce début d’année, des hausses importantes sur les montants des complémentaires santé ne sont pas rares.
En ce début d’année, des hausses importantes sur les montants des complémentaires santé ne sont pas rares. LP/Arnaud Journois

    Depuis quelques semaines, le montant des cotisations 2019 des complémentaires santé tombe dans les boîtes aux lettres des assurés. Et la nouvelle est parfois douloureuse : + 3, + 9, + 15 % ! Claude, retraité de 72 ans domicilié en Seine-et-Marne, n'en est pas revenu quand il a comparé les 121,28 euros mensuels qu'on lui réclame au titre de 2019 à ses prélèvements 2017 et 2018.

    « En 2017, je payais 100,91 euros, explique le retraité. En 2018, les mensualités étaient déjà passées à 105,46 euros, soit 5 % de hausse. Et là, ça fait encore 15 % de plus, soit 20 % en deux ans ! Et sans explications. »

    Claude a appelé son assureur, le groupe Klesia Mut', et a fini par avoir une réponse écrite que nous avons pu consulter. Dans cette lettre datée du 26 décembre, le groupe mutualiste justifie les 15 % de hausse par la nécessité d'un « rééquilibrage » du contrat, mais aussi par la prise en compte de « différentes mesures rentrant en vigueur en 2019 et ayant un impact financier pour les mutuelles », est-il écrit. Et de citer notamment : « Relèvement au 1er janvier des bases de remboursements de la Sécurité sociale sur les prothèses auditives et, à compter du 1er avril 2019, sur de nombreux soins bucco-dentaires ».

    « Ce courrier est un bug »

    Aucune référence explicite à la réforme du reste à charge zéro (dite « 100 % Santé »), sur laquelle se sont fondés des assureurs et mutuelles fin 2018 pour justifier des hausses tarifaires, avant d'être sévèrement rappelés à l'ordre par Emmanuel Macron lors d'une convocation à l'Elysée, le 18 décembre.

    « Il n'y a aucune raison que les mutuelles et assureurs augmentent leurs tarifs en prétextant l'impact de la réforme car il n'y aura quasiment aucune incidence avant 2020, s'insurge Marianick Lambert, porte-parole de France Assos Santé, qui fédère 70 associations de défense des patients. Par ailleurs, les fédérations d'assurances et mutuelles se sont engagées devant le président Macron à ne pas augmenter leurs tarifs sous le prétexte de la réforme 100 % santé. »

    A la direction de Klesia, qui assure 3 millions de personnes, Benjamin Laurent, responsable de l'offre, est un brin contrarié : « Ce courrier est un bug, finit-il par admettre. Normalement, les cotisations devraient augmenter de 3 % cette année pour suivre la hausse des dépenses de santé. Dans le cas de ce contrat qui était déficitaire, il s'agit pour l'essentiel de la hausse d'un rééquilibrage. » Les assureurs, mutuelles ou courtiers proposent plusieurs dizaines, voire centaines de contrats d'assurance santé. Ces contrats doivent s'équilibrer, c'est-à-dire que les recettes perçues sur un an par le biais des cotisations doivent couvrir les dépenses de remboursements de soins, ainsi que les frais de gestion. Lorsqu'un contrat se révèle déficitaire, son tarif doit augmenter pour le remettre à l'équilibre.

    Benjamin Laurent assure qu'un nouveau courrier est désormais adressé aux assurés, « plus clair », sans aucune allusion à la réforme sur les audioprothèses et les soins dentaires.

    Jusqu'à 34 % de hausse sur un contrat

    Néanmoins, les mauvaises surprises ne sont pas rares en cette rentrée. Si la société de courtage Santiane a constaté une évolution des cotisations « standard, autour de 3-4 % », selon son président Pierre-Alain de Malleray, tout comme le comparateur Assurland, on relève des coups de bambou, surtout sur les contrats anciens.

    « On reçoit beaucoup de courriers, avec les justificatifs de cotisations, rapporte Mathieu Escot, responsable des études à l'UFC-Que choisir. Les hausses concernent de multiples complémentaires : certaines atteignent 5 %, voire 9 % et même… 34 % sur un contrat. Mais il est encore difficile d'analyser ces hausses. Elles peuvent concerner des contrats réévalués parce que déficitaires. »

    Si vous êtes mécontent, vous pouvez résilier votre contrat. Le délai est généralement de deux mois avant la date anniversaire du contrat. Le changement de cotisation doit vous être adressé 75 jours avant cette date (conformément à la loi Chatel de 2005). Vous disposez de 20 jours à compter de la date d'envoi, le cachet de la Poste faisant foi, pour adresser une lettre recommandée à votre complémentaire. Vous pouvez aussi demander à votre mutuelle de vous proposer un contrat meilleur marché.