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Une nouvelle pétition lancée pour rapatrier les cendres de Napoléon III en France

Napléon III sur son lit de mort le 9 janvier 1873 à Chislehurst, en Angleterre. Charlotte Zeepvat/Mary Evans/Rue des Archives

Les admirateurs de l'empereur fêtaient mercredi les 145 ans de sa disparition. Ils sont de plus en plus nombreux, à l'heure où l'on réhabilite la mémoire du monarque. Une pétition exige son retour d'Angleterre où il est mort, exilé, en 1873. L'idée a le vent en poupe. Mais reste difficile à réaliser.

Napoléon III est mort il y a 145 ans. Mercredi 9 janvier, ceux qui cultivent la mémoire du dernier empereur se sont retrouvés dans l'église Saint-Augustin, dans le IXe arrondissement. L'empereur souhaitait y être enterré. Les tribulations de l'histoire lui désignèrent une autre tombe. Ses cendres reposent en Angleterre, à Chislehurst, au sud-est de Londres. Une aberration selon les aficionados des Bonaparte. Dimitri Casali, historien et spécialiste des deux empereurs - il a même signé un opéra rock sur le premier -, a lancé une pétition pour organiser leur retour en France.

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«Il est grand temps d'organiser son rapatriement. Pour rendre justice à sa mémoire, tonne Dimitri Casali. Et pour rendre aux Français tout un pan de leur histoire qui leur est ainsi confisqué». Il espère éveiller l'attention de Franck Riester. Et rêve d'assister au retour des cendres du monarque.

Fait prisonnier par Bismarck en 1870 après la défaite de Sedan, Napoléon III, déchu, est rendu responsable de la ruine de la France. À Paris, la République est proclamée. L'empereur part pour l'Angleterre rejoindre Eugénie, son épouse, et son fils Louis, à Chislehurst. En exil, il passe son temps à imaginer des plans de retour en France. En 1873, la maladie a raison de sa fragile santé ; il meurt à 65 ans. Eugénie bâtit pour lui un splendide mausolée, dans l'abbaye Saint-Michel de Farnborough, dans le sud du pays. Louis le rejoint dans la tombe en 1879, tué sous drapeau britannique par les Zoulous dans la guerre menée par l'Angleterre en Afrique du Sud. L'impératrice Eugénie les retrouve en 1920.

Napoléon III, une réputation usurpée?

«La République a perçu le bonapartisme comme un adversaire et nous en portons encore aujourd'hui les traces», expliquait l'historien Pierre Milza en 2008. Selon lui, les hommes politiques de l'époque étaient d'autant plus virulents que la république n'était pas encore solide. Napoléon III a été grimé en dictateur immoral et idiot. Victor Hugo et ses invectives ont largement favorisé cette mauvaise réputation.

Pourtant, les grandes œuvres du règne de Napoléon III, entre 1853 et 1870, ne manquent pas. Que ce soit la modernisation économique du pays, les immenses travaux d'urbanisme entrepris à Paris avec le baron Haussmann ou des acquisitions sociales - du droit de grève à l'ouverture de l'enseignement secondaire aux jeunes filles.

Aujourd'hui, le dernier empereur revient en odeur de sainteté. Les travaux d'historiens comme Pierre Milza et Éric Anceau y ont contribué. En 1988, François Mitterrand envoie un détachement de la Garde républicaine rendre les honneurs de l'État à l'ancien empereur lors d'une messe de requiem en l'église Saint-Louis-des-Invalides. En 2007, Christian Estrosi, alors secrétaire d'État à l'Outre-Mer se rend à Farnborough réclamer les cendres. Une demande classée sans suite. L'année suivante, la France se fait officiellement représenter - la première fois depuis 1873 - par son ambassadeur à Farnborough, à l'occasion du bicentenaire de la naissance.

Un rapatriement est-il possible?

Un rapatriement ne pourrait venir que d'une demande des descendants de la famille impériale. Qui ne paraît pas particulièrement emballée pour le moment. «Londres n'étant plus qu'à deux heures de Paris, rien de plus facile que d'aller se recueillir sur les tombes impériales», expliquait Charles Bonaparte en 2008. Aîné de la famille impériale, il ne voyait pas de nécessité à ce rapatriement dans «un monde ouvert où les échanges sont faciles». Parce qu'Eugénie avait formulé avant sa mort que la famille ne soit jamais séparée, il faudrait ramener avec les cendres de l'empereur les dépouilles de l'impératrice et du prince.

Même si les descendants Bonaparte souhaitaient ce retour et si le Royaume-Uni accédait à une demande officielle de la France, c'est la question du lieu qui posera problème. Une inhumation aux Invalides, qui paraissent toutes destinées, est compromise par le fils de l'empereur, qui portait l'uniforme anglais. Une couleur qui pourrait faire tache dans le temple du bonapartisme. Reste l'église Saint-Augustin, boulevard Malesherbes, à Paris. Les chanoines rêvent de recevoir cet insigne hôte pour l'éternité. Construit par Napoléon III, le bâtiment devait devenir le mausolée de la famille impériale.

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De l'autre côté de la Manche, un retour des cendres fait doucement rire ceux qui veillent sur les reliques de l'empereur. A l'occasion de la venue de Christian Estrosi, le père Cuthbert, à la tête de la communauté de Farnborough, rappelait que «contrairement aux Anglais, pas un Français ne vient se recueillir dans la crypte où est déposée sa dépouille.» Et ajoutait, grinçant: «Cette agitation fait souvent venir jusqu'à Farnborough un homme politique français. Mais, curieusement, ces visites ne donnent jamais suite…». Qui aurait imaginé l'Angleterre prendre tellement soin d'un Bonaparte?

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93 commentaires
  • KIVEPE

    le

    Rapatrier les cendres de celui qui est à l'origine du conflit de 1870 ?
    .
    Merci à nos cousins « grand-bretons » de garder les cendres de celui, qui au nom de l’Empire français déclarait la guerre au royaume de Prusse le 19 juillet 1870 sous le prétexte qui se révéla fallacieux de la succession du Royaume d’Espagne
    .
    Les hostilités ont pris fin le 28 janvier 1871 avec la signature d’un armistice qui consacrait non seulement la défaite de la France, mais eut pour conséquence, 5 mois plus tard, les massacres des Parisiens de la commune et la justification de deux guerres mondiales tout aussi absurdes.

  • Lutz I. Fehr

    le

    Napoléon III était devenu – par sa jeunesse passée sur les rives du Lac de Constance – un Suisse allemand, ce qui explique beaucoup de ses qualités et de ses rares défauts. Il était officier de l’armée suisse sous le commandement du Général Henri Dufour dont il était un proche. Il était en quelque sorte son apprenti en matière politique et en art militaire. Ce génial général (une espèce rare !) qui est toujours vénéré en Suisse, a su réconcilier les catholiques conservateurs avec leurs adversaires libéraux dans la guerre (civile) du Sondrebond sans laisser trop de séquelles, de sang versé et de haine (pas comme aux Etats Unis !). Napoléon III, bien qu’étant francophone, savait parfaitement parler en allemand (ou en Suisse allemand) avec les Alsaciens dont la majorité, les classes populaires, ne s’exprimaient pas encore en français. Lui et Bismarck était tous les deux des vrais bilingues et se comprenaient bien dans les deux langues. Dommage qu’il n’y avait personne à cette époque pour réconcilier les français et les allemands. Moi, j’aurais rêvé d’un empire franco-allemand, dirigé conjointement par deux génies : un empereur du nom de Napoléon III et un chancelier appelé Bismarck : Un retour aux temps du royaume des Francs…… et un pied de nez au nationalisme étroit et autodestructif qui s'empare par la suite de notre continent.

  • gerard cotton

    le

    On dit que la marquise de Pompadour est à un coin de la place Vendôme.
    On le dit.
    On pourrait là le poser juste à côté dans un coin de l'Opéra Garnier.
    Comme ça ces deux jouisseurs testamentaires de nos arts pourraient s'causer la nuit dans cette ville magnifique qu'on leur doit.
    Wouah, le cachet qu'ça t'aurait!

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