Un enfant sur cinq est victime en Europe de violences sexuelles. Soit 13 millions de personnes en France. "Des chiffres qui justifient une stratégie urgente d’éradication épidémique via une tolérance zéro", martèle l’association "Stop aux violences sexuelles" (SVS), qui tient actuellement (7 et 8 janvier) à Paris ses 6e assises internationales, par la voix de sa présidente le Dr Violaine Guérin, endocrinologue. Face à ce que l’association assimile à une épidémie virale, une solution est, parmi d'autres, la libération de la parole bien sur pour les victimes mais aussi la formation des soignants.
Violence sexuelle : "Un traumatisme corporel et sensoriel qui détruit des vies"
D’où l’urgence à identifier les nombreux blocages et tabous pour permettre cette mise en mots souvent douloureuse."Nous sommes face à un traumatisme corporel et sensoriel qui détruit des vies", lâche le Dr Guérin en ouverture de ces assises. Hasard du calendrier, celles-ci se déroulent en même temps que l’ouverture à Lyon du procès du cardinal Barbarin et de cinq autres personnes pour non dénonciation d'agressions sexuelles sur des mineurs.
"Au-delà de l’impact psychologique et psychiatrique, les atteintes corporelles et sensorielles des violences sexuelles sont importantes, car le corps agressé parle et s’exprime", poursuit le Dr Nathalie Regensberg de Andreis, médecin généraliste (Paris). Exemple avec certaines pathologies comme la fibromyalgie et les maladies digestives surreprésentées chez ces victimes ou bien encore certaines épilepsies. "Un médecin devrait systématiquement poser la question sur des antécédents éventuels de violences sexuelles aux patients atteints de ces maladies", précise la praticienne.
Une manière d’aider à l’émergence de la parole. Idem avec l’endométriose, comme le soulignait une étude américaine parue en septembre 2018 dans la revue Human Reproduction. "Nous voulons adopter une véritable stratégie de santé publique pour guérir les victimes, mais aussi les auteurs de ces violences", poursuit le Dr Guérin
Ce qui suppose parfois de parvenir à se débarrasser de certaines idées reçues. Comme d’admettre que les femmes aussi peuvent être auteures de violences sexuelles. Selon une étude réalisée par SVS auprès de 200 victimes par le Dr Jean Louis Thomas, membre de l’unité de recherche de l’association, le pourcentage de femmes criminelles serait de 20%, soit 10 fois plus élevé que l’évaluation du ministère de l’Intérieur de 2%. Alors, parler encore et toujours, pour accompagner les victimes et qu’enfin la peur et la honte changent de camp. L'association prévoit de mener en 2019 une enquête épidémiologique auprès de lycéens afin de confirmer le chiffre européen d'un enfant sur cinq.