SCIENCE - Que la grande majorité de la surface de la Terre ait été d'une manière ou d'une autre altérée par l'être humain n'est pas vraiment une surprise. Que seule 5% soit totalement intacte en est une. C'est la conclusion d'une étude publiée le 10 janvier dans la revue Global Change Biology. C'est bien moins que ce que laissait entendre une précédente analyse, qui estimait que 19% de la planète était non affectée par l'activité humaine.
Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont compilé de très nombreuses données permettant de recenser géographiquement les activités humains, avec une précision d'un kilomètre-carré au minimum. Le tout en s'aidant d'OpenStreetMap pour cartographier ces éléments. Ils ont pris en compte de nombreux marqueurs permettant de dire qu'une zone a été modifiée par l'homme, regroupés en 5 catégories:
- Habitations humaines Agriculture Transport (routes et voies ferrées) Industrie minière et production énergétique infrastructure électrique
En analysant tout cela, les chercheurs ont mis au point une échelle de modification des terres. Plus une zone est le lieu d'une des cinq activités, plus l'indice est élevé. De même si plusieurs facteurs sont présents dans une même zone.
Dans la carte ci-dessous, plus la zone est verte foncée, moins l'être humain l'a modifiée. Inversement, plus la zone est rouge, plus la présence humaine est importante. Seule l'Antarctique a été ignorée dans cette analyse.
Les 5% de terres "vierges" sont essentiellement concentrées dans des zones inaccessibles, dans les hautes latitudes, dominées par "de la roche et de la glace permanente ou de la toundra, des forêts boréales, et dans une moindre mesure des prairies montagneuses", précisent les auteurs.
44% des terres sont elles peu modifiées et sont avant tout situées dans les forêts boréales et les déserts. Logiquement, les zones les plus impactées par l'espèce humaine sont principalement concentrées en Europe et en Amérique du Nord ainsi que, dans une moindre mesure, en Asie.
Autre élément noté par les chercheurs: 84% des terres sont touchées par au moins deux marqueurs, principalement les constructions humaines et l'agriculture.
Cette analyse n'est évidemment pas parfaite et de possibles biais peuvent l'avoir faussée... mais dans le sens où les modifications humaines pourraient être encore plus importantes. Ainsi, les marqueurs sélectionnés par les chercheurs ne sont pas exhaustifs et l'impact du réchauffement climatique n'a pas été pris en compte. "Nous avons certainement sous estimé l'impact humain (e.g., les terres du nord sous les hautes latitudes les plus affectées par le réchauffement climatique)", estiment les auteurs.
Les chercheurs rappellent que leur conclusion est similaire à d'autres travaux traitant de l'impact humain sur les océans. L'étude conclut en appelant à améliorer la manière dont nous utilisons les terres et les stratégies visant à limiter l'impact humain.
Interrogés par Axios, ils estiment que leur étude "suggère que moins de surfaces sont inaltérées par les activités humains" et qu'il ne faut donc plus uniquement concentrer les efforts de conservation sur celles-ci.
A voir également sur Le HuffPost:
LIRE AUSSI
- La pétition "L'affaire du siècle" a atteint les 2 millions de signatures La COP24 trouve un règlement visant à appliquer l'accord de Paris