Notre génération a-t-elle un pète au casque ?

Notre génération a-t-elle un pète au casque ? La question nous vient en observant les oeuvres de Dennis Osadebe, artiste nigérian, dont l’exposition personnelle « Portrait of a Bright Generation  » s’ouvre ce 11 janvier à la galerie Liusa Wang, dans le 6e arrondissement de Paris.

Le casque, objet récurrent dans les oeuvres de Dennis Osadebe, anonymise et protège, mais isole, aussi. L’idée est née de sa « fascination pour la réalité virtuelle et la technologie en général  », mais aussi de l’idée de l’isolement que peut créer la technologie, nous explique-t-il à l’occasion de son passage à Paris. Il évoque « une rame de métro où chacun est dans son coin, collé à son téléphone  », mais aussi les bulles de filtres. « La technologie vous permet de créer l’expérience individuelle que vous souhaitez. Sur les réseaux sociaux, vous voyez ce que vous voulez voir. Le casque vous protège et crée une bulle, comme le fait votre smartphone : ce que je vois sur mon téléphone n’a rien à voir avec ce que vous voyez sur le vôtre. La veille du jour où Trump est devenu président, je suis allé me coucher, persuadé qu’il n’avait aucune chance, en me fiant à ce que j’avais lu sur mes réseaux sociaux. Le lendemain, j’ai réalisé combien, adaptés à mes opinions, ils m’avaient induit en erreur.  »

Les masques, de leur côté, sont une « représentation de l’héritage nigérian  », qui, pour Dennis Osadebe, font appel à la même métaphore de la transformation, mais « dans une dimension plus spirituelle  ».  

Neo-africa

Dennis Osadebe dessine au moyen de logiciels de design, et réhausse à la peinture acrylique certaines parties imprimées de la toile, rendant chaque oeuvre unique. Né en 1991, il a étudié à Londres et à l'Université de Warwick, à Coventry avec une spécialisation en Innovation et Entrepreneuriat, et est ensuite devenu artiste autodidacte, exposé dans plusieurs expositions d’art contemporain depuis 2013.

« Parler d’art africain ne rend pas justice à la diversité de la création »

Osadebe est à l’origine d’un mouvement culturel qu’il appelle « neo-africa  », qui vise à déconstruire la notion « d’art africain  ». Celle-ci est à ses yeux un « concept dépassé ». « Parler d’art africain ne rend pas justice à la diversité de la création. J’habite à Lagos, au Nigéria. Un artiste qui vit à 20 km de chez moi aura une expérience différente de la mienne. Neo-africa s’intéresse à la pop, à l’afro-futurisme, à l’IA, à la technologie, au changement climatique, et ne laisse pas la notion d’ “art africain” la limiter  ». 

 

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