Le coton-tige va disparaître: les raisons de ne pas le regretter

Les cotons tiges bientôt bannis

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Par Charlotte Legrand

Vous avez un an pour vous habituer à l'idée : dès le 1er janvier prochain, exit les cotons-tiges en plastique dans les rayons des pharmacies ou des supermarchés. Une directive européenne va entrer en vigueur et bannir cet objet du quotidien, grand classique de nos salles de bains.


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Fameux cap à franchir pour les accros du bâtonnet. Voici quelques arguments pour l'oublier à tout jamais. Et lui préférer d'autres techniques pour nettoyer ses oreilles.

Le coton-tige est un super pollueur

Avec son petit air insignifiant, qui pourrait croire qu'il figure dans le top 10 des déchets les plus présents dans nos océans et sur les plages du monde entier ? C'est pourtant bien le cas. Les cotons-tiges se retrouvent en masse dans les fonds marins, parmi plus de 8 millions de tonnes de plastiques. La faune et la flore en paient le prix fort. On retrouve des bâtonnets de plastique dans l'estomac d'oiseaux marins ou de poissons échoués sur les plages.

Souvent une habitude, pour toute la famille

Mais est-ce bien la faute de nos cotons-tiges ? "Les cotons-tiges qui aboutissent dans les océans, sur les plages, proviennent souvent de pays où l'égouttage est peu développé, nous explique Denis Demotte, chargé de process des stations d'épuration pour l'intercommunale IDEA. Ce n'est pas le cas, en Belgique, nous avons un bon système d'égouttage. Ce qui n'empêche pas les cotons-tiges de polluer."


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Nous l'accompagnons à la station d'épuration de Wasmuel (Quaregnon), deuxième plus grosse station d'épuration de Wallonie. "Elle récolte les eaux usées de 250.000 habitants. Et voyez, dans les cuves, ou coincés dans ces grilles... tous des cotons-tiges ! Ils ont été jetés... dans les toilettes, tout simplement. Beaucoup de gens ont encore ce (mauvais) réflexe de jeter des déchets comme les cotons-tiges, mais aussi les lingettes, les préservatifs, les produits d'hygiène féminine dans les WC. Et tout arrive ici."

A la station d'épuration, des bouchons de cotons-tiges
A la station d'épuration, des bouchons de cotons-tiges © C Legrand

Facile de constater les dégâts : grilles entravées, cotons-tiges coincés dans les interstices, les pompes, agglutinés à d'autres déchets... "Il faut régulièrement faire venir une firme extérieure pour aspirer les bouchons qui se sont formés."

Toutes les deux semaines, deux conteneurs remplis de déchets divers et variés, dont nos fameux cotons-tiges, partent à l'incinérateur. "Entre 15 et 20 tonnes de déchets, donc, qu'on doit brûler", chiffre Denis Demotte. Pollution, à nouveau (et surcoût pour le consommateur...).

On peut s'en passer, disent les ORL
On peut s'en passer, disent les ORL © C Legrand

Le coton-tige n'est pas l'ami de nos oreilles

Ah, cet agréable chatouillis que l'on ressent, lors du passage du coton-tige. "Cela peut être addictif", reconnaît un utilisateur régulier du petit bâtonnet. Tous les matins, c'est son petit rituel. "Brossage des dents et curage des oreilles en règle."

Tous les matins ? De quoi faire bondir Yolande Frederickx, chef du service ORL à l'hôpital de Jolimont : "Ce n'est pas nécessaire ! Le cérumen est même très utile. Il agit comme un lubrifiant, il permet aussi de faire partir les impuretés. Evidemment, en cas d'excès, il convient de retirer ce cérumen, mais pas tous les jours, non !".

Ses patients "les plus propres" viennent parfois consulter pour des problèmes liés à l'usage excessif de cotons-tiges. "Les bouchons d'oreilles. Le coton-tige a tendance à repousser le cérumen très loin, près du tympan. Les bouchons doivent être récupérés à l'aide d'une pince. Certains patients irritent leur conduit auditif, ce qui peut mener à des otites de l'oreille externe", prévient encore Yolande Frederickx.

Sans parler des toujours possibles "accidents de coton-tige", et les perforations éventuelles qui s'en suivent.

Les challengers du coton-tige

Il existe des alternatives

Une multitude d'objets tentent de prendre la place du coton-tige super star. "Ce que nous vendons le plus, ce sont les curettes en métal, explique Amandine Stennier, pharmacienne à Nimy. Il y a aussi des sprays auditifs. C'est vrai que les clients nous demandent de plus en plus d'alternatives au coton-tige."

Même son de cloche, mais produits différents, dans le magasin tendance zéro-déchet de Fabienne Maillard. "Je n'ai plus que deux oriculi en stock, ça part bien, observe-t-elle. Ce sont des bâtonnets de bambou, un bois réputé pour ses propriétés anti-bactériennes, avec le bout légèrement recourbé. Les clients me demandent aussi des cotons-tiges biodégradables, avec un bâtonnet en carton et du coton bio."

D'autres accessoires plus effrayants sont disponibles sur le net. Des nettoyeurs d'oreilles en spirales, des seringues auriculaires, des dispositifs qui rappellent une perceuse... La méthode la plus surprenante (et ancestrale) restant tout de même la bougie auriculaire, dont il faut insérer une extrémité dans l'oreille et faire brûler l'autre extrémité. On vous laisse tester (ou pas).

Le coton-tige va disparaître: les raisons de ne pas le regretter
Le coton-tige va disparaître: les raisons de ne pas le regretter © C Legrand

Le mieux est l'ennemi du bien

"Un jet d'eau est la plupart du temps amplement suffisant, conclut la chef de service ORL, Yolande Frederickx. On l'oriente bien vers le conduit auditif, cela permet d'éliminer le cérumen en excès. Puis il faut évidemment bien sécher ses oreilles."

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