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«Gilets jaunes» : «un cap a été franchi» dans les violences envers les journalistes

Équipe de télé rouée de coups à Rouen, journaliste menacée de viol à Toulouse... Durant «l'acte 9», de nombreux journalistes ont été agressés par des «gilets jaunes». Pour l'ONG Reporters sans frontières, «il faut lancer un cri d'alarme».

Si «l'acte 9» des «gilets jaunes» a été moins violent que les précédents, les journalistes ont à nouveau été pris pour cible dans différentes manifestations. «Incontestablement, samedi, un cap a été franchi», s'est inquiété Christophe Deloire, secrétaire général de l'ONG Reporters sans frontières, sur BFMTV. «On est devant une situation qui est très grave, qui menace d'empirer.» «Il faut lancer un cri d'alarme aujourd'hui», a-t-il poursuivi, demandant aux responsables politiques «qu'ils disent qu'ils réprouvent, qu'ils condamnent» ces actes, et que «ceux qui ont la parole au nom des ‘‘gilets jaunes'' [...] s'en désolidarisent».

Tout en rendant hommage aux «gilets jaunes» «qui essaient de protéger» les journalistes pris à partie et en reconnaissant le droit de critiquer la ligne éditoriale d'un média, il a pointé du doigt d'autres manifestants qui «sont dans un chantage anti-démocratique inacceptable qui [...] consiste à dire ‘‘si vous ne couvrez pas les événements exactement comme on l'entend [...] alors on est en droit de vous molester, de vous tabassez et disons-le, de vous lyncher''».

Samedi à Rouen, un agent de sécurité qui accompagnait une équipe de LCI a été roué de coups alors qu'il était à terre et a eu le nez fracturé. La directrice de la rédaction de LCI, Valérie Nataf, indiquait samedi soir, sur Twitter, que le groupe TF1 allait porter plainte «contre les agresseurs».

À Toulouse, une journaliste vidéo de La Dépêche du midi a elle aussi été victime de violences. Prise à partie par un groupe de manifestants alors qu'elle était dans sa voiture de fonction, elle aurait notamment été menacée de viol. Elle a déposé plainte pour «dégradations volontaires». La journaliste explique avoir été cernée par plusieurs individus cagoulés et certains vêtus d'un gilet jaune alors qu'elle sortait en voiture d'un parking souterrain après la manifestation de samedi, qui a réuni au moins 6000 personnes dans le centre de Toulouse, selon la préfecture.

«J'ai été bloquée par plusieurs individus qui m'ont menacée. ‘‘On va te niquer, tu es la catin de la préfecture...''», a-t-elle raconté. «Cela a duré environ 4 à 5 minutes, interminables. Ils voulaient que j'ouvre ma vitre. Je leur ai dit que ce n'était pas possible, en leur signifiant que je devais récupérer mon enfant. Un homme m'a dit sur le ton de la menace, ‘‘Tu as deux secondes pour t'en aller!''»

À Toulon, deux journalistes vidéo de l'AFP ont été menacés alors qu'ils filmaient des échauffourées, avant de trouver refuge dans un restaurant. À Marseille, une journaliste vidéo de France 3 et deux photographes locaux ont été insultés et empêchés de travailler. À Pau, un journaliste pigiste a reçu un coup, pendant son direct. À Bourges, des journalistes de BFMTV se sont quant à eux fait sortir de la manifestation par plusieurs «gilets jaunes», sans qu'aucun coup ne leur soit porté.

Depuis plusieurs semaines, les «gilets jaunes» s'en prennent aux journalistes, qu'ils traitent de «collabos», et soupçonnent de ne rapporter que la parole gouvernementale, de dissimuler les violences policières ou de mentir sur le nombre de participants aux manifestations. Ils s'étaient d'ailleurs réunis, lors de l'acte 7, devant les locaux de BFMTV, France Télévisions, Libération, ou encore L'Express.

Ces violences ont suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Dans le flot des tweets postés, celui de l'ancienne ministre Noëlle Lenoir a particulièrement choqué: à propos de l'agression de l'équipe de LCI à Rouen, elle affirmait ainsi que les journalistes sont «responsables de ce qu'ils subissent, mais aussi de ce qu'ils font subir aux forces de l'ordre jour après jour». «Ils ont donné à longueur d'antenne une tribune à l'édification de la violence, de la provocation au meurtre, de l'insulte et de la bêtise.»

«Ceux qui pensent que je légitime la violence et ne défends pas ardemment la liberté de la presse n'ont pas compris mon souci de ramener les gilets jaunes à leur dimension réelle pour protéger les journalistes qui en sont victimes», s'est-elle justifiée plus tard.

La distribution de journaux gênée

Au-delà des violences physiques, plusieurs «gilets jaunes» ont également organisé des rassemblements afin d'empêcher la diffusion de journaux locaux. Le centre d'impression de L'Yonne Républicaine, près d'Auxerre, a notamment été la cible d'une cinquantaine de manifestants qui ont bloqué la route aux camions, et mis le feu à des palettes, explique le journal sur son site.

Le dépôt de La Voix du Nord, à Valenciennes, a lui été bloqué par des «gilets jaunes», évacués par la police dans la nuit. Le directeur de la publication du journal local, Gabriel d'Harcourt, a condamné cet acte, et le journal a déjà indiqué qu'il porterait plainte.

Le 27 décembre, c'était le journal Ouest-France qui avait vu sa diffusion empêchée: des manifestants s'étaient réunis pour bloquer des camions à la sortie d'une imprimerie du groupe, en Loire-Atlantique. Environ 180.000 exemplaires n'avaient, ainsi, pu être diffusés. Le groupe avait annoncé son intention de porter plainte.

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1284 commentaires
  • CHVG

    le

    Eh oui, c'est ça la France...68 millions d'habitants mais seul 30...40...50.000 d'entre eux foutent le bordel, font des dégâts incalculables, portent préjudices à de nombreux autres français, mais on laisse faire! Vive Mélenchon

  • zog

    le

    Retour au réel pour les propagandistes....

  • jeancharles2

    le

    Marrant la majorité des commentaires, valident plus ou moins le ressenti des gilets jaunes, et l'article n'apparait plus depuis hier sur le fil principal du figaro. L'inverse se serait produit il resterait bien visible pendant 1 semaine.

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