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Un siècle plus tard, un second souffle pour l’apnée aux Jeux olympiques ?


Point primordial : la sécurité. Personne n'a oublié l'accident qui a failli coûter la vie à Guillaume Néry en 2015 lors de Mondiaux. Alors qu'il visait 129 m, une erreur de câble l'a fait descendre à... 139 m ! (archives AFP)

C’était la belle époque. En 1900 à Paris, l’apnée était une épreuve olympique. Un siècle plus tard, la discipline liée au Grand Bleu veut replonger dans les Jeux en 2024, en misant sur ses performances extrêmes, son côté nature et ses images oniriques.

Il s’appelait Charles de Vendeville. En 1900, dans un bassin de 33 mètres aménagé sur la Seine, il a été sacré champion olympique sur une épreuve aquatique plutôt étonnante : faire un aller-retour le plus lentement possible sous l’eau, sans respirer. Il a mis 1 min 08 sec. Ce fut l’unique expérience de l’apnée aux JO.

Depuis, la pratique a connu un essor considérable avec un boom phénoménal dans les années 90 grâce à un film français, Le Grand Bleu (de Luc Besson), qui retraçait la vie d’une légende de l’apnée, le Français Jacques Mayol, le premier de l’histoire à être descendu à 100 m de profondeur. Même si les ondes de choc du Grand Bleu se dissipent avec le temps, l’apnée ne cesse d’attirer.

Son principe : descendre dans les profondeurs le long d’un câble, à une distance déterminée à l’avance puis remonter, le tout sans respirer. Une performance qui avoisine les 4 minutes quand il s’agit de descendre au delà des 100 mètres. « Aux Jeux, c’est celui qui va le plus vite, celui qui va le plus haut, celui qui va le plus loin. Il y a une histoire d’universalité là-dedans et l’apnée, c’est celui qui va le plus profond. Ça entre dans cette logique, ça coule un peu de source. Donc ça mériterait, qu’on laisse une place à l’apnée aux Jeux olympiques », défend Guillaume Néry, double champion du monde descendu à 126 m, et aujourd’hui auteur/acteur de court-métrages sous-marins qui font des millions de vues sur le net.

« De véritables athlètes »

Le fédération internationale, créée il y a 60 ans par le Commandant Jacques-Yves Cousteau, a vu dans les Jeux à Paris en 2024 une opportunité à saisir pour faire entrer l’apnée au programme olympique comme sport additionnel tant la discipline est liée à la France. La présidente, la Russe Anna Arzhanova, a rencontré le comité d’organisation fin novembre 2018. « On a pleinement notre place aux Jeux. D’abord parce qu’on est très différent de ce qui se fait. Ensuite, sur notre planète, il y a plus de la moitié d’eau. C’est un sport extrême parce que les athlètes réalisent des performances fantastiques et incroyables. C’est un sport magnifique à regarder », argue la présidente.

En France, l’apnée compte 25 000 à 30 000 adeptes selon le DTN de la Fédération française, Richard Thomas. « L’apnée prend une part de plus en plus importante. Elle prend du poids. En termes de coût, ça ne représente pas grand-chose alors c’est un vrai levier, ça séduit. Aujourd’hui, c’est la discipline qui a du sens par rapport à l’aventure olympique », souligne Richard Thomas. Et d’ajouter : « L’eau est un enjeu majeur du 3e millénaire, l’apnée a un message énorme à faire tourner autour de tout ça ».

Sécurité primordiale

Reste le point primordial : la sécurité. Personne n’a oublié l’accident qui a failli coûter la vie à Guillaume Néry en 2015 lors de Mondiaux. Alors qu’il visait 129 m, une erreur de câble l’a fait descendre à… 139 m ! « Ça révèle que malgré tout notre sport est encore très amateur. Je ne sais pas si on a vraiment la légitimité et l’organisation pour pouvoir prétendre à ce niveau olympique. Je le souhaite. Mais j’espère qu’on est prêt, et là-dessus j’ai encore quelques doutes », confie Morgan Bourc’his, double champion du monde.

L’apnée manque aussi cruellement « d’une structuration internationale avec un vrai circuit », comme le déplore Richard Thomas. La discipline a peiné à s’organiser. Mais Alice Modolo, vice-championne du monde, veut y croire. « Ça permettrait à l’apnée d’être reconnue comme sport de haut niveau. On est de véritables athlètes, on a une préparation physique générale, on doit faire fonctionner notre corps sans oxygène et ça demande beaucoup d’entraînement, hors de l’eau mais aussi en piscine, dans les salles sports. C’est aussi de la méditation, du yoga pour acquérir une certaine souplesse, un certain relâchement », dit-elle.

LQ/AFP

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