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Grand débat national : les dix principales doléances des Français ruraux

Des dizaines de milliers de Français ont commencé à s'exprimer dans les « cahiers de doléances » des mairies de communes rurales.

Panneau de mairie dans une zone rurale
Panneau de mairie dans une zone rurale (Patrick ALLARD/REA)

Par Les Echos

Publié le 15 janv. 2019 à 11:06

« J'existe ! » C'est ce que des dizaines de milliers de Français ont commencé à exprimer dans les mairies dans les « cahiers de doléances », écrit ce lundi le président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), Vanik Berberian. Au moins 5.000 communes, principalement de moins de 3.500 habitants, ont participé.

Lancée en réponse à la crise des « gilets jaunes », cette initiative a permis de « consigner les expressions des citoyens qui portent le germe d'un projet de société plus vivable pour les 22 millions de Français qui vivent en milieu rural », peut-on lire dans sa « synthèse nationale » remise au gouvernement à la veille de l'ouverture du « Grand débat national ».

1 - Pour une « véritable justice sociale »

Le besoin de plus de justice sociale est le thème le plus récurrent avec 17,2 % des contributions. Il se traduit par l'idée qu'il faut « pouvoir finir les fins de mois dignement », augmenter le pouvoir d'achat pour « permettre à tous de consommer », revaloriser le SMIC et les retraites, et réduire les écarts de salaires.

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En parallèle, les coûts de la vie sont jugés « trop chers » : électricité, eau, gaz, alimentation, loyers, TVA… « Plus le temps passe, plus on s'approche de la conversion 1 franc = 1 euro. Lors du passage à l'euro la baguette était à 1,30 franc maintenant elle avoisine 1,20 euro », cite par exemple le rapport.

2 - Un sentiment d'injustice fiscale

Viennent ensuite les doléances traduisant un sentiment d' « inégalité » devant l'impôt, pour 14,3 % des contributions, avec l'idée que la lutte contre la fraude fiscale est « inefficace », qu'il faut « remettre à plat la progressivité de l'impôt » et rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Les Gafa sont pointés du doigt à plusieurs reprises, tandis que la taxation des PME et PMI, également souvent évoquée, est ressentie comme une injustice fiscale.

3 - Réorganisation politique et territoriale

Près de 14 % des contributions ont trait à une réorganisation politique et territoriale. Les participants montrent une défiance vis-à-vis des privilèges des élus, dénoncent « le nombre d'élus payés à ne rien faire », critiquent l'organisation territoriale sous l'égide des « hauts fonctionnaires » et appellent à redonner « le pouvoir à la commune ».

4 - Taxe sur les carburants et limitation de la vitesse à 80 km/h

Les transports et les mobilités concernent 9,4 % des témoignages et se concentrent sur l'abandon de la hausse de la taxe carbone sur les carburants et la fin de la limitation à 80 km/heure, une « décision prise par des bureaucrates parisiens qui ne sortent pas du périphérique ».

Les participants appellent également au développement des transports publics, des lignes ferroviaires secondaires et de « nouveaux modes de transports » comme le covoiturage des habitants ou la mise à disposition de vélos.

5 - Déconnexion entre « les dirigeants politiques » et « le peuple »

La vie démocratique - 8,7 % des contributions - est le cinquième thème abordé, avec l'idée que « les élus doivent respecter le peuple », et que « les décisions viennent d'en haut, sans concertation ».

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Les citoyens s'étant exprimés demandent à être davantage consultés, notamment par référendum, souhaitent une réforme du système électoral, avec la prise en compte des votes blancs et l'introduction de la proportionnelle à l'Assemblée nationale.

6 - Injustice dans la transition écologique

Figurent ensuite les sujets liés à la transition écologique. Les efforts demandés pour cette transition impactent « davantage les personnes non-aisées (coût d'un changement de voiture, coût d'un changement de mode de chauffage…) ou les personnes vivant dans les territoires ruraux (déplacements en voiture nécessaires) », souligne le document.

Des propositions de financement de la transition climatique sont aussi listées, comme la « création d'une taxe carbone pour les aliments provenant de plus de 1.000 km », ainsi que des propositions pour développer les énergies alternatives (utiliser « l'énergie hydraulique et marémotrice ») ou mieux gérer les déchets (« rétablir la consignation du verre »).

7 - Davantage de valorisation du travail

Une grande demande de valorisation du travail et des travailleurs émerge. Certains demandent un « droit d'avoir un travail », tandis que d'autres souhaitent que le travail soit plus valorisé par rapport au chômage (« avoir intérêt à travailler plutôt que de recevoir des aides »).

Beaucoup évoquent le besoin de « remettre de l'humanité dans le travail » et « au centre des préoccupations économiques ». Les artisans, commerçants, professions libérales demandent également à être mieux accompagnés et à bénéficier des « mêmes droits que les salariés » (chômage, retraite).

8 - « La place problématique des étrangers en France »

La place des étrangers aujourd'hui en France est une préoccupation, des contributeurs affirmant que « l'assistance portée aux étrangers est plus importante que celles accordée aux Français en difficulté » ou demandant les moyens pour maîtriser l'immigration, comme par exemple la suppression du droit du sol.

9 - « Maintenir des services de proximité »

Selon le rapport, « l'unanimité se fait autour de la nécessité et de l'urgence de maintenir des services de proximité et des services publics et de ses agents au plus près des citoyens ».

Quatre services de proximité sont principalement évoqués : les services de soins (lutte contre la désertification médicale), le commerce de proximité, l'école et les autres services publics comme les transports ferroviaires.

10 - « Mépris du pouvoir central envers les territoires »

Les messages reçus par la mairie traduisent enfin la souffrance de campagnes qui se sentent de plus en plus abandonnées. Les citoyens ruraux dénoncent « les mensonges de l'Etat envers la population » et le « mépris du pouvoir central envers les territoires ».

Ils réclament davantage de considération pour les territoires, un pouvoir moins « concentré à Paris » et un Etat « réellement à l'écoute des difficultés ».

Emmanuel Macron, qui a publié dimanche la Lettre aux Français dans laquelle il fixe le cadre du grand débat, doit participer mardi dans l'Eure à sa première réunion avec les maires.

Les Echos

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