Aux origines historiques des cahiers de doléances

Etats généraux de 1302, convoqués par Philippe Le Bel au centre
Etats généraux de 1302, convoqués par Philippe Le Bel au centre
Aux origines historiques des cahiers de doléances
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Aux origines historiques des cahiers de doléances

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Histoire | Les cahiers de doléances ne sont pas apparus en 1789, leurs origines sont bien plus anciennes et les premières consultations populaires remontent même au XIIIe siècle.

Partout en France les citoyens sont invités à noircir les pages de cahiers de doléances, outils d'un grand débat organisé par le gouvernement. Le recours à la consultation populaire sous forme de cahiers de doléances est en fait un symbole du dialogue de l'Ancien Régime, dont les origines remontent aux grandes enquêtes de Saint Louis.

1247 : les premières doléances

Avant de partir en croisade, Louis IX, aussi appelé Saint Louis, lance de grandes enquêtes dans tout le royaume. Ce sont donc des enquêteurs qui sont chargés de récolter les doléances du peuple contre les officiers royaux. Le roi veut limiter les abus de ses officiers et se faire connaître de ses sujets. Entre 1247 et 1270 ces enquêteurs recueillent des milliers de plaintes. Sollicités, les sujets du roi n'hésitent pas alors à dénoncer un certain nombre de dysfonctionnements ou d'abus, notamment chez les officiers de l'administration royale. Mais ce sont surtout les élites qui s’expriment lors de cette première grande consultation.

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Le roi Saint Louis
Le roi Saint Louis
© Radio France

1302 : première assemblée

Pour résoudre un conflit de pouvoir avec le Pape, Philippe Le Bel convoque une assemblée représentative. Ce type d'assemblée devient le conseil le plus large qu'un souverain puisse réunir autour de lui. Elles s’appuient sur des documents écrits émanant d’une partie du peuple, mais qui n’ont pas encore la forme des cahiers de doléances.

1484 : généralisation des cahiers

Les cahiers de doléances se généralisent à tout le royaume pour la première fois, lors de la préparation des états généraux de Tours, convoqués par la régente Anne de Beaujeu dont le titre est contesté par Louis XII d’Orléans.

Mais les cahiers de doléances vont faire remonter d’autres préoccupations du peuple… les impôts. En effet, le montant de la taille a été multiplié par trois sous le règne de Louis XI, les états généraux demandent la baisse de l’impôt, ce qu’ils obtiennent. Cette forme de participation devient très récurrente au XVIe siècle

XVIe siècle : systématisation des cahiers 

Les rois convoquent régulièrement des états généraux, presque tous sont préparés par des cahiers de doléances. Ils sont le plus souvent rédigés par des hommes de loi, des curés ou des notables paysans. Trois fortes préoccupation reviennent régulièrement : le clergé, l’impôt et la justice.

“Le Prieur de Tréon est absent (...) demeurant à quatre-vingts ou cent lieues dudit Tréon qu’il ne visite pas en dix ans une fois (...) tout en touchant (...) les quatre ou cinq cents livres par chacun an de ferme et casuel.” Cahiers de doléances de Tréon, bailliage de Chartres, 1576.

1789 : le retour

Alors qu’il n’y a pas eu d’états généraux depuis près de deux siècles, Louis XVI a recours aux cahiers de doléances, perçus comme une vieillerie.

De par le Roi,          
Notre aimé et féal.          
Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous Nous trouvons relativement à l'état de Nos finances ( ... )          
Louis XVI, le 24 janvier 1789

Rédigés entre mars et mai 1789, ces cahiers de doléances sont la consultation la plus ouverte de l’Ancien Régime. Pour la première fois, l’emploi de la première personne du pluriel est généralisé par “les humbles”. L’union des trois ordres en une unique assemblée constituante sonnera la fin des états généraux et la fin de des cahiers de doléances, forme de dialogue propre à l’Ancien Régime.