Enfants placés, les sacrifiés de la République

Une enquête accablante au cœur de l'Aide sociale à l'enfance. - Capa / France 3 / Pièces à conviction.
Une enquête accablante au cœur de l'Aide sociale à l'enfance. - Capa / France 3 / Pièces à conviction.
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Une enquête accablante au cœur de l'Aide sociale à l'enfance. - Capa / France 3 / Pièces à conviction.
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Sur France 3, une enquête de "Pièces à conviction" révèle des dysfonctionnements accablants dans les structures de l'Aide Sociale à l'Enfance. Chaque année, 300.000 enfants sont éloignés de leurs parents sur décision judiciaire. Sont-ils vraiment protégés dans les centres qui les accueillent?

Un reportage suivi d'un débat, ce soir sur France 3 : c’est un sujet sensible auquel France 3 consacre une soirée spéciale. A quoi ressemble le quotidien des enfants placés, que ce soit en foyer ou en famille d’accueil ? Ceux qu’on appelle souvent « les enfants de la DDASS », même si le terme officiel est désormais ASE pour « aide sociale à l’enfance ». 

"C'est pour ton bien"

Ce reportage m'a secouée, c'est un euphémisme. Il y a d’abord cette séquence dans un foyer de Loire Atlantique, où vivent des enfants que la justice a éloignés de leurs parents, parce que ces derniers étaient maltraitants ou défaillants. Comment ne pas être bouleversée par cette petite fille de 5 ans qui explique que c’est de sa faute, qu’elle est ici avec son frère parce qu’elle disait « trop de gros mots à la maison » ? C’est apparemment une réaction fréquente : ces gamins se sentent coupables d’avoir été placés. Les éducateurs doivent régulièrement leur réexpliquer ce qu’il s’est passé, leur répéter : "c'est pour ton bien". 

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Mais le plus insoutenable arrive ensuite. Un journaliste de « Pièce à conviction » s’est infiltré dans un autre foyer, en Gironde cette fois. Et ce qu’il a filmé, en caméra cachée, est terrifiant : des personnels complètement dépassés, qui deviennent maltraitants. Certes, beaucoup d’enfants accueillis dans ce centre sont ingérables mais rien ne justifie de tels actes. Une bataille d’oreillers qui dégénère et un éducateur devient très violent : il maintient un enfant au sol avec son coude et le menace. Ces images, les journalistes sont allés les montrer à la directrice adjointe du centre d’accueil, qui les juge insoutenables. 

Aucun diplôme nécessaire

Est-il nécessaire de continuer à filmer alors que cette femme, visiblement bouleversée, demande une pause ? La question se pose, à mon avis. Mais cette enquête solide montre que l’incident est loin d’être isolé. C’est toute la chaîne de l’aide sociale à l’enfance qui dysfonctionne et tout le monde se renvoie la responsabilité. Comment ce journaliste s’est-il infiltré dans le centre d’accueil ? Un faux CV, qui ne mentionnait ni diplôme ni expérience dans l’éducation. En une semaine, il est embauché comme éducateur. On ne vérifie pas son casier judiciaire. Apparemment, le manque de personnel est criant.

On découvre aussi, dans ce reportage, qu’une famille d’accueil qui héberge des enfants placés, peut être condamnée pour maltraitance sans pour autant perdre son agrément et donc continuer à accueillir des enfants. Là encore, en raison de la pénurie : on manque de familles d’accueil. 

Faut-il plus de contrôles ? Sans doute. D’après la Cour des Comptes, les structures ne sont contrôlées en moyenne qu’une fois tous les 26 ans ! C’est la responsabilité des conseils départementaux. Ce qui est sûr, c’est que ce sujet mérite de devenir une cause nationale. Chaque année en France, 300.000 enfants font l’objet d’une mesure de protection. Reste à savoir s’ils sont vraiment protégés. 

« Enfants placés, les sacrifiés de la République ». Enquête de Sylvain Louvet, suivie d'un débat animé par Virna Sacchi : mercredi 15 janvier à 21h sur France 3. 

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