Didier Guillaume ne compte pas taxer le vin pour lutter contre l'alcoolisme. Pour le ministre de l'Agriculture, invité ce mercredi sur BFMTV et RMC, "le vin n'est pas un alcool comme les autres". Prenant en exemple la pratique du binge drinking - le fait de boire beaucoup d'alcool en très peu de temps -, d'après lui particulièrement préoccupante chez les jeunes, il poursuit : "Je n'ai jamais vu un jeune qui sort d'une boîte de nuit et qui est saoul car il a bu du côtes-du-rhône, du crozes-hermitage, du bordeaux ou du costières-de-nîmes. [Les jeunes] boivent d'autres alcools, des mélanges, des mix, des alcools forts".

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Pour le ministre, la consommation de vin est avant tout d'une question d'éducation : "Il faut éduquer à boire un verre de vin pour voir ce que c'est, car la viticulture est un secteur économique fort", a-t-il encore soutenu.

Divergences au sein du gouvernement

Les réactions aux propos de Didier Guillaume ne se sont pas fait attendre sur Twitter, où le ministre est accusé de se soumettre au lobby du vin. "Les molécules d'alcool contenues dans le vin seraient apparemment d'une nature mystérieuse, et différente des autres vulgaires alcools qui rendent saoul", ironise un internaute. Et le journaliste Jules Darmanin de renchérir : "Pour avoir assisté à de nombreuses fêtes de village en région PACA, je suis dans l'obligation de démentir cette information. Lors d'une fête où je tenais la buvette, j'ai dû refuser de vendre un cubi entier de rosé à un mec, qui à la fin de la soirée est quand même tombé dans un ravin."

Déjà, en février, la question du vin avait divisé au sein du gouvernement, après que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a déclaré qu'"en termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka, du whisky : il y a zéro différence." "On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu'il apporterait des bienfaits que n'apporteraient pas les autres alcools. C'est faux. Scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre", avait-elle encore ajouté.

Face aux réactions scandalisées des industriels du vin, Édouard Philippe avait dû calmer le jeu, assurant que le gouvernement respecterait "cette place particulière à laquelle nous sommes tous attachés du vin dans la culture et dans l'agriculture française". Christophe Castaner avait ensuite temporisé en déclarant que le vin "n'est pas notre ennemi".

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