Partir ou rester ? Près d’un mois après que Donald Trump a annoncé le retrait des troupes américaines de Syrie, le départ de ces dernières se révèle de plus en plus compliqué.

Alors que le président américain avait justifié le désengagement américain en assurant que le groupe État islamique (EI) avait été vaincu, un attentat perpétré mercredi par l’organisation djihadiste en Syrie est venu fragiliser les déclarations du locataire de la Maison-Blanche. L’attaque suicide commise à Manbij, dans le nord du pays, a fait 16 morts, dont 4 Américains. C’est l’attentat “le plus meurtrier” depuis le début de “la guerre engagée par le Pentagone contre l’État islamique et le signe que la menace demeure importante”, note le Washington Post.

Le triomphalisme de Trump aurait “encouragé les djihadistes à frapper la Syrie”

L’attaque de mercredi fournit aujourd’hui de nouveaux arguments aux détracteurs du président américain qui pensent que le retrait de Syrie est prématuré. Certaines voix critiques, y compris au sein du Parti républicain, ont estimé que “les déclarations de Donald Trump revendiquant sa victoire sur l’EI pourraient même avoir encouragé les combattants djihadistes à frapper” Manbij mercredi, souligne le New York Times. “Ce n’est pas le moment de se retirer du combat contre l’EI. Nous ne ferons que les encourager et les renforcer”, a tweeté le sénateur républicain Marco Rubio mercredi.

“La question qui se pose maintenant est de savoir si ce nombre effroyable de morts parmi les civils et les troupes américaines d’élite forcera Trump à terminer le travail en Syrie ou si cela risque de le pousser à se retirer encore plus rapidement”, observe le journaliste de CNN Nick Paton Walsh.

“Des milliers de djihadistes de l’EI toujours en Syrie”

Mercredi, Donald Trump n’a pas immédiatement réagi à l’attentat mais le ministre de la Défense par intérim, Patrick Shanahan, a lui souligné que la lutte contre les djihadistes se poursuivait. “Nous resterons vigilants et déterminés à détruire le terrorisme”, a-t-il indiqué à la presse. Dans la matinée, le vice-président Mike Pence a pour sa part réaffirmé dans un discours que “le califat s’est effondré” et que “l’EI a été vaincu”, avant de publier un communiqué dans l’après-midi pour rendre hommage aux victimes.

Pour la journaliste Kathy Gilsinan, du magazine The Atlantic, “l’attaque dans le nord de la Syrie illustre à la fois les raisons pour lesquelles Trump veut se retirer du pays et les défis” qu’il reste à relever. L’administration a déclaré que l’EI avait perdu environ 98 % de son territoire, mais des estimations officielles émanant du ministère américain de la Défense et de l’ONU font état de milliers de membres” appartenant à l’organisation djihadiste, souligne-t-elle. En avril dernier, un porte-parole de la coalition anti-EI avait déclaré que le groupe, une fois chassé du territoire, avait notamment cherché des moyens de se reconstruire dans les zones désertiques.

Noémie Taylor-Rosner