Plus d’un million de femmes cibles d’injures sexistes en 2017
Le premier état des lieux du sexisme publié ce jeudi passe à la loupe les injures qui visent spécifiquement les femmes. Si seulement quatre condamnations ont été prononcées en 2017, une femme sur vingt a été la cible de ces discriminations.
1,2 million de femmes, soit près d'1 sur 20, ont subi en 2017 une injure sexiste. C'est l'un des chiffres apparaissant dans le premier état des lieux du sexisme en France du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) rendu public ce jeudi. L'enquête a choisi de faire un zoom sur cette infraction (passible de 750 € d'amende) qui préexistait à la nouvelle loi sur les violences sexistes et sexuelles promulguée en août 2018. Et qui « bénéficie actuellement d'une grande tolérance sociale », précise l'instance consultative.
En effet, cette même année, seules quatre condamnations pour injures sexistes ont été prononcées. Parce que « ce n'est pas assez grave » ou que « ça n'en vaut pas la peine », seulement 3 % des victimes finissent par porter plainte dans une gendarmerie ou un commissariat.
« Souvent dans le métro »
Il n'empêche. Avec la prise de conscience du phénomène de harcèlement de rue, les témoignages affluent - surtout sur les réseaux sociaux - et font état d'une problématique récurrente aussi bien dans l'espace public qu'à l'école ou dans le milieu professionnel. Les injures sexistes les plus fréquemment rapportées? « Salope » (27 %), « Pute » (21 %) et « Connasse » (16 %). A noter que les deux premières insultes arrivent en tête pour les femmes de moins de 30 ans.
« C'est souvent dans le métro, note Chloé, étudiante parisienne de 19 ans. La dernière fois, c'était il y a trois semaines : j'ai eu droit à un commentaire sur mon pantalon qui me moulait bien les fesses. Je n'ai pas répondu, l'insulte, petite salope a fusé. » Le rapport souligne que les injures sexistes sont le plus souvent le fait d'anonymes dans la rue mais aussi, effectivement, dans les transports en commun.
« Un homme ne sera jamais trop homme »
Si femmes et hommes sont égaux devant l'injure, les femmes représentent toutefois 92 % des victimes de jurons spécifiquement sexistes. Des attaques verbales proférées très majoritairement par des hommes (86 %). « Les injures envers les femmes et les hommes se caractérisent par leur dissymétrie fondamentale : les femmes sont insultées parce qu'elles sont des femmes. Leur sexe est le marqueur de leur différence et justifie l'insulte. En revanche, les injures envers les hommes ne reposent pas sur l'idée que le fait d'être un homme est intrinsèquement négatif », constate l'HCE.
C'est même l'inverse. « Un homme ne sera jamais trop homme, les injures qui lui seront adressées porteront alors sur le fait qu'il ne l'est pas assez », poursuit l'instance consultative… qui fait dès lors un pont vers les injures homophobes subies par les hommes jugés « pas assez hommes ».
Et si vraiment ça vous démange d'insulter sous le coup de la surprise ou de la colère, des féministes proposent des jurons 100 % non sexistes pour vous défouler. C'est le cas, notamment, du Tumblr « Insultes sexy cool » créé par le collectif les Georgettes Sand. Exemples ? « Tu fais avancer l'horloge de l'Apocalypse » ou encore le croustillant, « tu éteins en moi la plus infime lueur d'espoir en l'avenir du monde ». Bref, avec un peu d'imagination, vous pouvez renvoyer dans leurs 22, femmes et hommes, sans discriminer.