Cour d'assises de l'Hérault : "Elle voulait divorcer, elle a été tuée pire qu’un animal"
À la cour d’assises de l'Hérault, la famille de la victime charge Abdenni Choua qui conteste les faits. Verdict attendu ce vendredi 18 janvier.
Pourquoi Abdenni Choua aurait tué son épouse après avoir déposé les enfants à l’école et avant d’aller ouvrir son magasin de téléphonie, le 17 septembre 2014 à Montpellier ? Par le prisme des proches de Khadija Ezzitouni, cette mère de 32 ans, frappée à mort dans sa cuisine, un mobile supposé a été esquissé mercredi aux assises de l’Hérault. Même si, rappelons-le, l’accusé nie en bloc.
Cette famille éplorée a dressé un portrait au vitriol du commerçant d’abord gendre idéal puis décrit comme phallocrate, vénal, qui n’aurait pas supporté l’idée d’un divorce inimaginable pour lui et aux conséquences financières s’il avait dû partager son patrimoine.
Il répétait que la femme doit être à la botte de son mari
"Il répétait tout le temps que la femme doit être à la botte de son mari, il ne voulait pas qu’elle travaille, il voulait qu’elle reste à la maison et qu’elle fasse des enfants ", assène Samira, la sœur de la victime, en pleurs. Il n’y avait rien de religieux dans ce comportement, s’accordent-ils, mais ils décrivent un machiste radical et dominateur, jouant avec le porte-monnaie. Capable d’exercer un chantage auprès de sa femme, lui faisant miroiter l’achat d’une voiture contre l’arrêt de la contraception. Ou contrôler ses sorties et bloquer son téléphone pour ne pas qu’elle appelle ses copines. La mère de Khadija Ezzitouni, va, elle, jusqu’à parler de violences.
"Au début, il était très bien et puis ma fille m’a dit : “Il me bat”. Je lui ai demandé pourquoi ? Elle m’a dit : “Lui, il travaille et moi je m’ennuie à la maison et quand je veux sortir, il me dit tu veux sortir tous les jours”", raconte la sexagénaire marocaine, aidée par un traducteur. Selon elle, la situation s’est calmée avec la venue du premier enfant du couple, puis du deuxième. Avant que tout ne dégénère à propos du troisième que Khadija ne voulait pas avoir, désireuse de s’émanciper et de travailler comme assistante maternelle.
Choua ne voulait pas payer sa formation
"Elle a mis un stérilet en cachette, lui voulait encore un enfant, elle divorcer", poursuit Samira. L’un des frères de la défunte abonde, lui qui aurait eu sa sœur au téléphone la veille du crime : "Choua ne voulait pas lui payer 2 000 € de formation, elle m’a dit qu’il ne changerait jamais, qu’elle voulait partir et divorcer", avance-t-il, même si la défense remarque qu’il n’en a pas parlé lors de ses premières auditions.
Dans le box, Choua, bras croisés, fait “non” à toutes ces allégations. Le frère de la défunte, lui, est inconsolable.
"Je lui ai dit d’attendre le week-end, que j’allais venir… L’histoire d’un cambrioleur, ça ne colle pas. La façon dont a été tuée ma sœur, c’est pire qu’un animal. Celui qui a tué avait beaucoup de rage, c’est un monstre sans cœur, lance-t-il en fixant l’accusé qui ne baisse pas les yeux. On veut que cette histoire illustre la Journée internationale des femmes battues."
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