Prostitution: D'anciennes travailleuses du sexe demandent le maintien de la pénalisation des clients

Alors que le Conseil constitutionnel doit plancher mardi sur la pénalisation des clients des travailleurs du sexe, d’anciennes prostituées lancent un appel à conserver cette mesure votée en avril 2016.

Elles s’appellent Rosen, Maïté, Anne et Pascale. Réunies dans le nord de Paris, au pied de la butte Montmartre, elles ont lu une tribune à l’attention des Sages saisis d’une question prioritaire de Constitutionnalité (QPC) sur la pénalisation de clients de prostitués. Une banderole « Prostitution = violence » et des pancartes « mon vagin ne se cote pas en Bourse » ou « mon corps n’est pas une entreprise », ont également été brandies, notamment par des militantes Femen et d’Osez le féminisme.

1.500 euros de contravention pour « l’achat d’actes sexuels »

« Si on abroge cette loi on admet que la femme est un objet et on ouvre le champ aux proxénètes », estime Anne Darbes, 52 ans, sortie de la prostitution il y a deux ans. « Les Sages font face à un choix de société : soit le modèle du marché du sexe, comme en Allemagne ou aux Pays-Bas, soit le modèle de l’égalité femmes-hommes et de la dignité humaine », juge de son côté Grégoire Théry, porte-parole du Mouvement du Nid, une association de lutte contre la prostitution.

La loi, entrée en vigueur en avril 2016 après deux ans et demi de vifs débats, sanctionne « l’achat d’actes sexuels » par une contravention de 1.500 euros. L’amende peut grimper à 3.750 euros en cas de récidive. Depuis, ce texte est l’objet d’un combat entre les associations pro-abolition de la prostitution comme le Mouvement du Nid, et les organisations non-abolitionnistes, à l’origine de la QPC.

Selon les associations qui ont requis l’abolition de cette mesure, cette loi « méconnaît les droits constitutionnels à l’autonomie personnelle et à la liberté sexuelle, le droit au respect de la vie privée, la liberté contractuelle, la liberté d’entreprendre ainsi que le principe de nécessité et de proportionnalité des peines ». Dans une enquête publiée en avril, l’ONG Médecins du Monde avait révélé « les conséquences néfastes de cette loi sur la santé, l’intégrité physique, les droits et les conditions de vie des travailleuses du sexe en France ».