Une fois n’a pas suffi. Après une première alerte il y a un an, Jacques Toubon, à la tête de l’institution Le Défenseur des droits, en a remis une couche ce jeudi. "Annulons le risque qui existe de dangerosité de ces armes en suspendant leur utilisation”, a-t-il déclaré lors de la présentation d’un autre rapport sur la dématérialisation des services publics. Par “ces armes”, l’ancien ministre de la Culture puis de la Justice désigne ces fameux lanceurs de balles de défense (LBD) employés par les forces de l’ordre notamment lors des manifestations des Gilets jaunes. Des cris de contestation émergent de partout quant à l’usage de ces armes dites de “force intermédiaire”. En effet, depuis la mi-novembre, des Gilets jaunes, mais pas seulement, leur attribuent de nombreuses blessures. Le collectif militant “Désarmons-les” a même recensé 17 personnes éborgnées à cause des balles de LBD.

Mais, que sont vraiment ces armes ? Tout d’abord, le LBD est un terme générique définissant les armes non létales projetant des balles en caoutchouc. Les premières du genre ont atterri dans les mains des policiers de la BAC (Brigade anticriminalité) au milieu des années 90. Le tour des policiers de proximité est venu en 2000. La plus connue de ces armes reste bien sûr le Flash-ball, de fabrication française par l’entreprise Verney-Carron. Cependant, et contrairement à ce qu’annoncent certains médias, il n’a pas blessé le moindre Gilets jaunes. En effet, le Flash-Ball ne désigne pas un terme générique mais plutôt un modèle d’arme bien précis. Celui-ci n’équipe définitivement plus les forces de l’ordre depuis 2016, il a été remplacé par le LBD 40, fabriqué par la firme suisse Brügger&Thomet.

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C’est donc bien le LBD 40 le responsable de nombreuses blessures infligées aux Gilets jaunes. Il tire des balles avec un calibre de 40 mm (d’où son nom !), qu’elles soient en caoutchouc, en mousse, assourdissantes, lacrymogènes ou fumigènes. Toutes tournent sur elles-mêmes grâce à un canon rayé et conservent ainsi une bonne stabilité et une meilleure précision que celle du Flash-Ball. Justement, le LBD 40, contrairement à son prédécesseur, se porte à l’épaule, puisqu’il s’accompagne d’un viseur électronique. Ce dernier est réglé pour une distance de 25 mètres et n’est pas prévu pour être modifié. Cependant, à cette même distance, les tests du bureau de la police relève une distance de 14 cm entre deux impacts de balles venant de tirs consécutifs. Au final, le LBD 40 possède une portée maximale de 50 mètres contre une dizaine de mètres pour le Flash-Ball.

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Avec une telle portée, on imagine bien que les tirs à bout portant s’avèrent extrêmement dangereux. Ainsi, une note de 2014 signée par les directeurs de la police et de la gendarmerie précise que les victimes risquent des lésions importantes suite à un tir de moins de 10 mètres. Le torse, les membres inférieurs et supérieurs sont donc les cibles autorisées. Il n’est en aucun cas question de viser la tête. Si la police des polices admet certains manquements à la règle, Eric Morvan, le directeur général de la police nationale (DGPN) a justifié que l’utilisation du LBD 40 correspondait aux émeutes urbaines auxquelles les policiers sont actuellement confrontés.