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10 photos qui racontent le monde à l’aube du XXe siècle

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À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les expéditions connaissent une vague de renouveau. Qu’ils soient archéologues, militaires, historiens ou simples voyageurs solitaires, les explorateurs vont faire de l’appareil photographique leur plus fidèle compagnon de route. De l’Ouest américain à la Nouvelle-Zélande, en passant par l’Afrique australe, le Cachemire ou encore l’Oural, un beau livre édité par la BnF réunit des clichés issus du fonds de la Société française de géographie. De précieux témoignages d’une époque de bouleversements profonds, entre colonisation, industrialisation et ouverture des frontières. Embarquement pour un tour du monde photosensible.
Maxime Du Camp, Ibsambul (Abou Simbel) ; colosse médial du spéos de Phré
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Maxime Du Camp, Ibsambul (Abou Simbel) ; colosse médial du spéos de Phré, 1850

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Le long du Nil

En 1849, Maxime Du Camp – écrivain, membre de l’Académie française, aujourd’hui relativement tombé dans l’oubli – et Gustave Flaubert entreprennent un long voyage qui les mène successivement de l’Égypte à la Palestine et à la Syrie. Alors qu’ils remontent le Nil, ils s’arrêtent à Abou Simbel, où Du Camp photographie les sites archéologiques. Afin de donner une idée de la monumentalité des vestiges, il demande à Louis Sasseti, son domestique, de prendre la pose. De leur voyage, Du Camp et Flaubert rapporteront près de 190 photographies, qui rejoindront plus tard le fonds de la Société de géographie.

Épreuve sur papier salé • 21,3 x 16,8 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

Victor Benjamin Deporter, Cavalier du Makhzen d’El Goléa
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Victor Benjamin Deporter, Cavalier du Makhzen d’El Goléa, 1888 - 1889

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Une oasis dans le désert

Parmi la documentation rassemblée par la Société de géographie, nombreux sont les carnets de voyages et autres notes rapportés par des militaires, à l’instar de Victor Deporter. Ce commandant engagé dans l’occupation du Sahara algérien va notamment partager le quotidien de la tribu des Chaamba Mouadhi, un peuple nomade qui s’établit chaque hiver dans le ksar d’El Goléa (aujourd’hui El Menia). Deporter consignera avec précision leur mode de vie. Des témoignages accompagnés de sublimes cyanotypes (un procédé photographique permettant d’obtenir un tirage de couleur bleue), dont certains seront publiés dans la presse.

Cyanotype • 16 x 11,6 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

Gustave de Courcival, Environs de Batna. Lambèse. Musée du Pretorium. Têtes de statues
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Gustave de Courcival, Environs de Batna. Lambèse. Musée du Pretorium. Têtes de statues, 1861 - 1962

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La colonisation de l’Algérie dans l’objectif

Dans les années 1860, la colonisation de l’Algérie par la France s’est accompagnée de missions scientifiques. Ainsi Gustave de Courcival, officier de cavalerie au 3e régiment de chasseurs va être en charge de répertorier les sites archéologiques du Sud algérien. Si le militaire, par son travail documentaire, tend à légitimer la puissance coloniale française et sa vocation « civilisatrice », il est également attentif à sa qualité esthétique. De Courcival deviendra, à son retour en France, membre de la Société française de photographie et de la Société française de géographie.

Épreuve sur papier salé légèrement albuminé • 13,5 x 20,4 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

Édouard Joseph Bidault de Glatigné, Femme Galla
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Édouard Joseph Bidault de Glatigné, Femme Galla, vers 1888

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Dans les pas de Rimbaud en Éthiopie

Alors qu’il est installé depuis dix ans à Aden (Yemen), où il tient un studio de photographie, Édouard Joseph Bidault de Glatigné entreprend un voyage au Harrar (Éthiopie), où il réalisera des portraits de femmes à la beauté sculpturale. Là bas, il sera hébergé par un ami bien connu de tous : Arthur Rimbaud, qui, bien qu’il ait cessé d’écrire des vers, rédigeait des chroniques régulières pour la Société française de géographie. L’ancien poète, intéressé par la photographie, dont les techniques ne cessaient de se perfectionner, avait d’ailleurs pour ambition d’écrire un livre sur les Galla, l’une des principales ethnies du pays.

Épreuve sur papier albuminé • 28 x 22,4 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

James Valentine & Son, Forth Bridge : Lenght 8296 ft. Height 354 ft. Spans 1700 ft
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James Valentine & Son, Forth Bridge : Lenght 8296 ft. Height 354 ft. Spans 1700 ft, 1890

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L’Europe du XIXe siècle ou le règne du métal

Moins « exotique », l’Europe reste un vaste continent où s’est établie une impressionnante diversité de peuples et de coutumes. Au milieu du XIXe siècle, la révolution industrielle redessine ses paysages et ses villes. En Grande-Bretagne, le studio Valentine & Sons de Dundee (Écosse) témoigne de ces mutations dont le Forth Bridge, situé à 14 kilomètres d’Édimbourg, est l’un des symboles.

Épreuve sur papier albuminé • 19,3 x 29,4 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

W. Notman & Son, [Tobboganing On Mount Royal Park Slide, Montreal, Quebec]
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W. Notman & Son, [Tobboganing On Mount Royal Park Slide, Montreal, Quebec], 1885

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Pente glissante à Montréal

À l’aube du XXe siècle, le continent américain, en particulier l’Amérique du Nord, reste encore largement méconnu et les cartes sont très approximatives. Dans la province du Québec, le studio W. Notman & Son documente l’industrialisation de Montréal facilitée par la proximité de l’imposant fleuve Saint-Laurent. William Notman et son fils prennent le pouls de la société, comme ici avec ce surprenant photomontage des membres du club de la Tuque Bleue. Le toboggan était alors le sport de prédilection de l’élite montréalaise !

Épreuve sur papier albuminé • 18,1 x 24,1 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

William Henry Jackson, Photographing  in high places
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William Henry Jackson, Photographing in high places, 1872

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Il était une fois en Amérique

C’est sans doute aujourd’hui le parc national le plus connu des États-Unis. Yellowstone et ses paysages rocheux hors norme incarne à lui seul l’idée de wilderness, autrement dit de « nature sauvage ». Topographes, géologues, cartographes, botanistes et ornithologues ont documenté la découverte du parc. Mais c’est William Henry Jackson qui en livre la vision la plus sensible. Ce peintre, photographe et explorateur n’hésitait pas à recourir à des artifices de mise en scène. Comme ici, où il a demandé à son assistant de poser à ses côtés, près de la tente qui faisait alors office de chambre noire. Vertigineux !

Épreuve sur papier albuminé • 21,6 x 17,2 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

Abdullah Frères, Famille turque en promenade sur le mont Géant, embouchure de la Mer noire sur la rive asiatique
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Abdullah Frères, Famille turque en promenade sur le mont Géant, embouchure de la Mer noire sur la rive asiatique, Années 1860

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Rêves orientalistes à Istanbul

Derrière le nom « Abdullah Frères » se cachent Hosvep, Vichen et Kevork Abdullah, une fratrie à la tête du studio Rabach à Constantinople. Au milieu du XIXe siècle, ils seront connus de par le monde pour leurs portraits officiels du sultan Abdülaziz et leurs clichés de la capitale de l’Empire ottoman, qui n’ont cessé de nourrir les rêves orientalistes des artistes. Sur cette somptueuse photographie à la légende trompeuse, trois femmes dont on ne distingue que les yeux cernés de khôl prennent l’air au bord du Bosphore. Un moment suspendu, loin du harem où elles sont retenues.

Épreuve sur papier albuminé • 22,9 x 30,3 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

Samuel Bourne, Sommet du col de Zojila
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Samuel Bourne, Sommet du col de Zojila, 1864

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Sur le toit du monde

Considérées comme les demeures des dieux dans la tradition bouddhiste, les montagnes incarnent aussi un défi pour les explorateurs européens. De nombreuses expéditions scientifiques vont tutoyer les sommets, à l’image de celles menées par Samuel Bourne dans l’Himalaya. En 1864, cet ancien banquier (!) passionné de photographie établit le record d’une prise de vue en altitude à plus de 5 500 mètres !

Épreuve sur papier albuminé • 28,4 x 23,6 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

Raimund von Stillfried-Rathenitz, [Jeune Fille]
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Raimund von Stillfried-Rathenitz, [Jeune Fille], Entre 1871 et 1877

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Immuable pays du Soleil-Levant

L’ère Meiji (1868–1912) marque, au Japon, la fin de la politique d’isolement et le début d’une ouverture sur le monde. De fait, de nombreux étrangers, comme le photographe Raimund von Stillfried-Rathenitz, s’y installent. Samouraïs, vendeurs de rue, jeunes filles en kimono… les clichés du baron autrichien renvoient l’image d’un pays aux traditions immuables, bien loin des bouleversements que connaît alors l’archipel. Un exotisme qui ravit les touristes occidentaux à qui sont destinées ces images.

Épreuve sur papier albuminé, coloriée • 23,8 x 18,7 cm • Coll. Société de géographie, Paris. • © BnF / Société de géographie

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Les Premiers Voyageurs photographes (1850-1914)

Sous la dir. d’Olivier Loiseaux

Préface de Jean-Robert Pitte • Textes d’Olivier Loiseaux et de Gilles Fumey

Coédition BnF Éditions / Glénat • 240 p. • 35 €

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