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Un an à vélo autour du monde : le défi de Martijn Doolaard

vélo
En Asie Centrale, à Sary Tash. © Martijn Doolaard

Vous rêvez de filer à vélo loin et longtemps… Lui l’a fait. Tout droit, d’Amsterdam à Singapour pour 365 jours de liberté absolue. Et les nombreuses galères qui vont avec.

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Turquie : du km 3327 au km 5977

Tes émotions ? Dépaysé. C’était ma première étape hors d’Europe. Istanbul, en particulier, m’a bouleversé : l’écho de la prière à travers les rues, les flâneries sur le pont de Galata, les baignades dans les eaux turquoise du Bosphore… Anca, une fille que j’avais rencontré à Bucarest, est venue me rejoindre. Mais quand elle est partie : gros moment de doute. Je réalisais à quel point la solitude allait me peser. J’ai même songé à abandonner. Pour continuer, j’ai rêvé à toutes les expériences qui me restaient encore à vivre en chemin.

La route ? Dense. La circulation ne s'arrête jamais. Il faut constamment être sur ses gardes, crier et gesticuler pour exister au milieu du trafic. C’est ici que j’ai eu le seul accident du voyage : un accrochage avec une voiture, pas bien méchant. Mais cela m’a rappelé à quel point j’étais vulnérable. A partir de là, je me suis montré plus prudent.

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EN IMAGES
Martijn Doolaard : un an à vélo, d’Amsterdam à Singapour
En Turquie, rejoint par Nils, ils campent en Cappadoce, sur le bord d’une falaise.  Martijn Doolard

Ta plus grande surprise ? Une tasse de thé noir. Les Turcs en boivent à toute heure du jour et de la nuit. J’ai beau être un amateur de café, j’ai pris goût à ce breuvage. Et surtout, à chaque fois, c’était l’occasion d’échanges avec les habitants. Dans les moments difficiles, ces instants de partage et de chaleur m’ont été d’un grand réconfort.

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Iran : du km 5977 au km 8 260

Ta condition physique ? Excellente. C’est en Iran que j’ai réalisé ma plus longue ascension. Parti des bords de la Caspienne, sous le niveau de la mer, j’ai atteint des sommets à 3 300 mètres d’altitude. Les routes étaient très fréquentées, principalement par des familles qui profitaient d’un jour férié pour se rendre à Téhéran. Depuis leur véhicule, les gens riaient, m’offraient de l’eau ou des fruits, ils m’encourageaient. J’avais l’impression d’être un coureur du Tour de France !

Les gens ? Chaleureux. L’hospitalité est une vertu essentielle chez les Iraniens. La seule difficulté : ils sont peu à parler anglais. J’ai dû faire preuve de créativité pour communiquer. Pourtant, même s’ils ne me comprenaient pas, les habitants m’invitaient chez eux pour partager leur repas en famille. Pas question de laisser un étranger dîner seul dehors ! J’ai adoré manger par terre, assis sur des tapis et des coussins. Les repas étaient souvent simples : du pain, des œufs, des légumes.

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Une rencontre ? Un berger afghan au centre du mont Elbrouz. J’avais installé mon bivouac près de sa cabane. Malgré mes efforts pour communiquer, il ne m’adressait pas un mot. Il se contentait de m’observer pendant que je faisais ma toilette dans un abreuvoir. Il m’a apporté du savon et, en riant, m’a donné une tape sur les fesses ! Surpris, j’ai protesté contre cet accès de familiarité. Plus tard, je lui ai montré des photos sur mon iPhone. Il était fasciné. J’imagine qu’il n’avait jamais rien vu de pareil.

Des rencontres marquantes au quatre coins de la planète. Ici, le portait du jeune Iranienne.  Martijn Doolard
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Un son ? Le bruit de la route. Les conducteurs klaxonnent sans cesse, souvent pour dire bonjour. C’est assourdissant et très fatigant. Surtout lorsqu’il s’agit de camions. La musique locale aussi. Les Iraniens en écoutent tout le temps à la radio. Aucune chance d’entendre U2 ou Coldplay !

Un lieu ? Ispahan, la cité du désert, qui se trouve à 500 kilomètres au sud de Téhéran. Loin du brouhaha de la capitale, je découvrais un joyau. Dans l’attente de mon visa pour le Turkménistan, j’ai déambulé, exploré la ville, admiré les mosquées, les calligraphies qui ornent leurs murs. Puis je me suis perdu dans le dédale des ruelles du grand bazar pour acheter un samovar. Je ne l’ai jamais utilisé.

Asie Centrale : du km 8 260 au km 10 032

Ton moral ? Pas génial. Je suis arrivé malade à la frontière du Turkménistan. Avec un visa de cinq jours pour parcourir 500 kilomètres dans le désert, sous un soleil de plomb. Une épreuve physique et morale. Gros soulagement en arrivant en Ouzbékistan. J’ai fait une pause à Boukhara : alcool, connexion internet non censurée… Je reprenais contact avec le monde. J’avoue : j’ai du mal à me passer des réseaux sociaux.

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Poser sa tente dans la neige, sous les étoiles.  Martijn Doolaard

Une halte marquante ? Camper dans la neige. En octobre, sur la route de Bichkek, la capitale du Kirghizistan, j’ai affronté une tempête et -12 °C ! J’avais perdu ma lampe et j’ai dû monter ma tente et préparer mon dîner à la lueur d’un quartier de lune. Je voulais tester mes limites. C’était réussi !

Un son ? Le silence. Surtout au Kirghizistan, un pays très isolé. J’ai pédalé des heures sur des routes de montagne sans jamais croiser personne. C’était si paisible, avec des paysages sublimes rien que pour moi.

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Inde : du km 10 032 au km 12 097

Ta première étape ? Après avoir transité par Delhi, je me suis offert de vraies vacances à Goa. J’y ai retrouvé mon amie Riri, une Indienne originaire de New York, professeure de yoga. Je louais une petite maison à deux minutes de la plage, le rêve. J’ai passé deux semaines à explorer la région, à trier mes photos, à vivre sans me préoccuper du lendemain. Tous les jours je mangeais dans le même café. J’avais besoin de retrouver une routine.

La route ? Exténuante. L’enchevêtrement de voitures, de motos et de rickshaws empêche de se faufiler dans la circulation, même pour un cycliste. Les gens te collent, te klaxonnent sans cesse. Je n’avais jamais vu de tels embouteillages. C’était hyper stressant.

Moment de plénitude dans les montagnes du Darjeeling.  Martijn Doolard
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Ton état d'esprit ? Dépassé. En plein clash culturel. L’Inde est un pays intense. Les gens ne gardent aucune distance, n’ont pas la même notion de l’intimité que nous. Je restais souvent dans ma chambre pour m’isoler de la frénésie ambiante. En m’éloignant vers le nord, dans les montagnes du Darjeeling, la pression est retombée. L’air était moins pollué, l’atmosphère plus apaisée.

Birmanie : du km 12 097 au km 13 330

Ton coup de cœur ? Bagan. Un site archéologique à couper le souffle. C’est une vaste plaine où s’élèvent des milliers de temples et de pagodes. J’ai même pu camper au pied d’une de ces merveilles : ni règlement ni gardien pour me l’interdire.

Un compagnon de voyage ? Nils. Je l’ai rencontré en Bulgarie. Je l’ai ensuite retrouvé en Turquie, où nous avons campé en Cappadoce, sur le bord d’une falaise, face aux montgolfières. Puis à nouveau en Birmanie. Il voyage aussi à deux-roues mais de façon plus spartiate, avec un vélo qu’il a fabriqué lui-même. Et sans relais sur les réseaux sociaux.

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A Bagan, Martijn a pu camper au pied d'une pagode.  Martijn Doolaard

Ton réveillon de Noël ? Dans une famille birmane. La journée avait mal commencé. J’avançais péniblement sur une route en direction de Mandalay. Mes roues s’enfonçaient dans le sable. Un 4 x 4 s’est arrêté. Ses occupants, sans doute pris de pitié, ont chargé mon vélo et mes sacoches. Ils ont conduit jusqu’à la ville la plus proche, Monywa. Et là, j’ai été hébergé pour la nuit.

Asie du Sud-Est : du km 13 330 au km 16 032

Ton impression ? Retour à la civilisation. Tout est plus facile en Thaïlande : du WiFi partout, des cafés servant des boissons glacées, de la cuisine européenne. Je me suis offert un pantalon pour remplacer mon short maculé de goudron, une jolie chemise et des chaussures en cuir. Après toute cette crasse, c’était bon de retrouver une certaine élégance. J’ai aussi traîné dans le bar luxueux de l’hôtel Pullman à Bangkok. Quel contraste avec la Birmanie !

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Ton rythme ? Rapide. Les routes sont plates, bien entretenues et, surtout, les conducteurs respectent les règles. Malgré les 40 °C, j’alignais en moyenne 80 kilomètres par jour. Sûrement boosté par la musique que je pouvais enfin écouter sur Spotify.

Quitter ses habits de voyage et revêtir des vêtements propres, un luxe que Martijn s'est offert en Thaïlande.  Martijn Doolaard

Ton arrivée ? Emouvante. Au bout du pont de Singapour, j’ai retrouvé mes deux amis, Jordy et Monique, qui vivent là-bas. Ils m’ont réservé un accueil fabuleux. On a sabré le champagne sous une banderole de bienvenue. J’avais le ventre vide et les bulles me montaient à la tête. A ce moment-là, j’ai réalisé : mon voyage était terminé.

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Un an en roue libre, un article de Laury-Anne Cholez (texte) et Martijn Doolard (photos) paru dans le magazine GEO Aventure n°1 (avril - mai 2018).

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