Colombie

Attentat de Bogotá : le gouvernement accuse la guérilla d'extrême gauche

Selon le ministre de la Défense colombien, l'auteur de l'attaque terroriste qui a fait au moins vingt morts jeudi était membre de l'ELN, un groupe armé qui, contrairement aux Farc, n'a pas déposé les armes.
par François-Xavier Gomez
publié le 18 janvier 2019 à 17h17

Le gouvernement colombien a attribué vendredi à la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN) l'attentat meurtrier qui a visé la veille l'école de la police nationale à Bogotá, faisant au moins 21 morts, dont l'auteur de l'attaque, et 68 blessés. «Un acte terroriste commis par l'ELN a fauché ces vies» d'étudiants, âgés de 17 à 22 ans, de l'Ecole d'officiers Général Francisco de Paula Santander, située dans le sud de la capitale, a déploré le ministre de la Défense, Guillermo Botero, lors d'une déclaration depuis le palais présidentiel. Qui assure avoir la «preuve» que l'auteur de l'attaque, identifié comme José Aldemar Rojas Rodriguez, 56 ans, était membre de l'ELN depuis plus de vingt-cinq ans.

Connu sous le nom de guerre de «Mocho Kiko» – soit «Kiko le manchot», du fait qu'il avait perdu la main droite dans une explosion – le suspect appartenait au front Domingo Lain, qui opère dans le département de l'Arauca, frontalier du Venezuela. Il aurait notamment été instructeur pour les membres de l'ELN dans des camps situés en territoire vénézuélien. Le ministre a désigné comme cerveaux de l'attaque les rebelles de l'ELN, et un autre membre du commando aurait été arrêté. «L'opération était planifiée depuis plus de dix mois», a-t-il ajouté. Le groupe armé, qui compterait dans ses rangs 1 500 hommes, avait engagé des pourparlers de paix en février 2017 avec le gouvernement, mais le dialogue est suspendu depuis le mois d'août.

Chien renifleur

José Aldemar Rojas Rodriguez, de nationalité colombienne, a fait irruption «de manière violente» jeudi à 9h30 dans l'enceinte de l'école de la police, la principale du pays située dans le sud de Bogotá, au volant d'une camionnette grise Nissan Patrol, chargée de 80 kilos de pentolite, selon un communiqué de la police. L'explosion a fait au moins 21 morts, dont une étudiante équatorienne, et 68 blessés, dont 58 sont sortis de l'hôpital dès jeudi. Un chien ayant reniflé les explosifs lors du contrôle à l'entrée, le guérillero de l'ELN a tenté de s'échapper et a projeté son véhicule sur le mur du bâtiment du dortoir des filles.

Cette attaque, qualifiée d'«acte terroriste démentiel» par le président Iván Duque, est la plus meurtrière survenue à Bogotá depuis un autre attentat à la voiture piégée commise en février 2003 par l'ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui avait fait 36 morts et des dizaines de blessés au Nogal, un club huppé du nord de Bogotá.

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