En Tanzanie, le gouvernement vient de donner son feu vert à la construction d'une centrale hydroélectrique en plein coeur d'une réserve classée au Patrimoine mondial de l'Unesco. Un projet qui menace des espèces comme les éléphants ou les rhinocéros et risque de mettre en danger 200 000 personnes. Mais que le gouvernement juge indispensable, quand un tiers de la population du pays n'a toujours pas accès à l'électricité. 

C’est le genre de terribles dilemmes auxquels vont être de plus en plus confrontés les pays en développement. Alors qu’un tiers seulement de la population en Tanzanie a accès à l’électricité, le gouvernement vient de donner son feu vert à la construction d’une grande centrale hydraulique en plein coeur d’une réserve classée au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Le président tanzanien, John Magufuli, surnommé "le bulldozer", a signé en décembre un accord de trois milliards de dollars pour la construction d’une centrale hydroélectrique de 2 100 MW, dans la réserve de Selous, l’une des plus connues de l’Afrique de l’Est. Et ce, malgré les critiques des environnementalistes.
200 000 personnes en danger
Ce projet doit doubler la capacité énergétique du pays. Selon l’ONU, seulement 2 % de la population rurale et 39 % de la population urbaine ont accès à l‘électricité. Il s’agit aussi d’en exporter une partie vers les pays voisins.
Mais les défenseurs de l’environnement préviennent qu’il va détruire l’habitat de la faune et mettre en danger les moyens de subsistance de quelque 200 000 personnes – y compris des agriculteurs et des pêcheurs – vivant en aval du barrage proposé. L’Unesco a plusieurs fois réclamé l’annulation de ce projet. La réserve de Selous abrite une grande variété d’espèces animales, notamment les éléphants et les rhinocéros, dont la population a déjà diminué en raison du braconnage intensif.
Dans son allocution, le chef de l’Etat tanzanien a rejeté les affirmations selon lesquelles le barrage aura un impact négatif sur l’environnement et a réaffirmé que son pays comptait sur cette installation pour son développement industriel. "Nous sommes déterminés à renforcer le développement de notre économie. Il nous faut de l’électricité sûre, suffisante. Nous ne reculerons pas", a déclaré John Magufuli.
Concepcion Alvarez, @conce1

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