Alexandre Benalla est désormais à la tête d'une société de conseil en sécurité axée sur l'Afrique.

Alexandre Benalla, le 18 septembre 2018, lors de son audition par la commission d'enquête du Sénat.

afp.com/Bertrand GUAY

Alexandre Benalla a été mis en examen "exclusivement" pour l'usage abusif de ses divers passeports après son limogeage de l'Élysée cet été, a annoncé son avocate vendredi soir à la sortie de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron du bureau parisien du juge d'instruction.

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Selon Me Jacqueline Laffont, son client a été mis en examen pour "usage public et sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle", mais il n'est pas poursuivi à ce stade pour les accusations de faux documents administratifs formulées par le directeur de cabinet de l'Élysée, Patrick Stzroda, devant la commission d'enquête du Sénat.

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À l'issue de 24 heures de garde à vue, Alexandre Benalla comparaissait devant un juge d'instruction parisien saisi par le parquet d'une information judiciaire ouverte également pour "abus de confiance", "faux et usage de faux document administratif" et "obtention indue de document administratif".

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Pour ces trois qualifications, plus lourdes, "il a été laissé sous le statut de témoin assisté", intermédiaire entre le simple témoin et la mise en examen, a ajouté Me Jacqueline Laffont. "Donc nous sommes très très contents ce soir", a-t-elle conclu devant la presse au tribunal de Paris. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer mensuellement.

Les magistrats vont désormais poursuivre les investigations préliminaires et peuvent décider de mettre en examen Alexandre Benalla ultérieurement s'ils réunissent des indices graves et concordants. "Les accusations portées par Patrick Stzroda devant la commission du Sénat ont été jugées insuffisantes", a assuré l'avocate.

Révélations lors des auditions au Sénat

C'est Patrick Strzoda, le directeur du cabinet d'Emmanuel Macron, qui a confié au parquet ses soupçons de falsification d'une "note dactylographiée à en-tête du chef de cabinet" par Alexandre Benalla, en vue d'obtenir un nouveau passeport de service en juin 2018. Lors de son audition mercredi par la commission des Lois du Sénat, il avait assuré en avoir fait le signalement le matin même.

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Au cours de cette même audition, Patrick Strzoda a également révélé qu'Alexandre Benalla avait utilisé ses passeports diplomatiques "presque une vingtaine de fois" après son licenciement. Ces déclarations semblent contredire l'affirmation, faite par Alexandre Benalla lors de sa propre audition le 19 septembre, selon laquelle il avait laissé dans son bureau de l'Élysée les passeports diplomatiques après son limogeage.

Jeudi matin, le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner, a expliqué sur CNews avoir la "conviction" qu'Alexandre Benalla avait menti. Il envisage la saisine de la justice pour "parjure" si cela se confirmait.

Deux enquêtes différentes

Parmi les pays visités grâce à ses passeports diplomatiques, l'ancien collaborateur du président Macron, reconverti dans le consulting selon son entourage, s'est rendu début décembre au Tchad, quelques semaines avant le chef de l'État. Alexandre Benalla a expliqué qu'il s'agissait d'un voyage d'affaires portant sur des projets d'investissements au Tchad de "grands patrons du Moyen-Orient". Il a alors rencontré pendant deux heures le président tchadien Idriss Déby. Ce télescopage de calendriers, relevé par la presse et dû au hasard selon l'Élysée et Alexandre Benalla, a toutefois servi de détonateur à cette nouvelle affaire.

L'ancien collaborateur de l'Élysée doit être entendu à nouveau par la commission d'enquête du Sénat lundi, où se reposera la question de la limite du champ d'investigation des sénateurs compte tenu de l'enquête judiciaire en cours. La commission a rappelé que "toute personne convoquée par la commission avait obligation de répondre à cette convocation" et souligné que son champ d'investigation est différent de celui de la justice puisqu'il porte sur d'éventuels dysfonctionnements des services de l'État.

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