Caravane

Le Mexique propose l'asile aux migrants

Les marcheurs, dont une nouvelle colonne de 2000 personnes a quitté le Honduras, se voient proposer un permis de résidence pour les empêcher d'approcher des Etats-Unis où leurs chances d'immigrer sont infimes.
par François-Xavier Gomez
publié le 19 janvier 2019 à 10h55

Les migrants en provenance du Honduras s'attendaient à des barrières closes, des cordons de police et des gaz lacrymogènes à leur arrivée sur le pont qui sépare le Guatemala du Mexique. A la place, jeudi soir, ils ont été reçus par des fonctionnaires qui leur remettaient des formulaires à remplir pour obtenir un permis de résidence dans le pays, où ils ont pu entrer librement. C'est le jour et la nuit comparé à la précédente caravane qui, début novembre, avait pénétré en force au Mexique en empruntant le pont sur la rivière Suchiate, débordant des forces de l'ordre en trop petit nombre. À l'époque c'était un président de droite, Enrique Peña Nieto, qui gérait les affaires. Son successeur de gauche, Antonio Manuel López Obrador, désigné par son acronyme Amlo, semble avoir une autre approche de la question migratoire.

La caravane de 1000 à 2000 migrants honduriens partis au début de la semaine pour fuir la misère et la violence dans leur pays s’était mise en route jeudi matin vers la frontière mexicaine après une nuit passée dans des refuges de la capitale du Guatemala, notamment la Maison du Migrant. Ce réseau de lieux d’accueil est financé par l’Église catholique et l’université publique San Carlos. Les migrants sont sortis de la ville en marchant le long des rues, parfois pris en auto-stop, pour prendre la route de Tecun Uman, point de passage habituel des colonnes de l’exode vers le Mexique d’abord, puis le Etats-Unis.

Au départ de San Pedro Sula au Honduras, la ville qui a longtemps connu le plus fort taux d’homicides dans le monde, le nombre des marcheurs, parfois des familles entières, était évalué à deux mille. Un autre groupe, d’environ 200 migrants, est parti du Salvador voisin. Ces nouveaux départs de candidats au rêve américain ont mis en fureur le président Donald Trump qui réclame de plus belle la construction d’un mur à la frontière mexicaine pour contenir le flux des migrants.

Parmi les marcheurs honduriens qui, en novembre, avaient attiré l'attention de la planète, une infime minorité est entrée aux Etats-Unis, le plus souvent de façon clandestine. Au prix parfois de leur vie: en décembre, deux enfants guatémaltèques sont morts sur le territoire américain, de soif et d'épuisement, après avoir été arrêtés avec leurs pères par des garde-frontières. La grande majorité des migrants s'entasse toujours à Tijuana, ville frontière où ils attendent un très hypothétique rendez-vous pour faire valoir leurs demandes d'asile politique aux Etats-Unis. L'ambassadeur américain au Guatemala, Luis Arreaga, a adressé une sévère mise en garde : «J'adjure tous les migrants qui pensent se rendre aux Etats-Unis d'y renoncer. Votre tentative d'émigrer est vouée à l'échec. Vous serez arrêtés et les Etats-Unis voudront vous expulser», a-t-il prévenu dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.

Certains des marcheurs de l’automne sont rentrés au Honduras, d’autres ont accepté de solliciter la résidence au Mexique, pour un an renouvelable, qui devrait leur permettre de travailler dans le secteur agricole. Et d’avoir accès aux services de santé et d’éducation publique pour leurs enfants. C’est cette politique que privilégie l’administration Amlo. A l’entrée au Mexique, les fonctionnaires promettaient aux migrants une réponse à leur demande dans les cinq jours. Tout en prévenant ceux qui refuseraient la procédure pour se diriger coûte que coûte vers les Etats-Unis, qu’ils seraient arrêtés et expulsés. Vendredi, un groupe passait outre et mettait le cap sur Tapachula, l’étape suivante sur la route vers la frontière nord.

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