Mode

Les plus belles expositions mode du moment

La mode est de plus en plus représentée dans les musées, et chaque exposition est l’occasion de redécouvrir ses plus grandes histoires, ses moments clés et l’influence, directe ou indirecte, qu’elle continue d’avoir sur notre société. De l’oeuvre de Mary Quant à l’esthétique camp, en passant par les plus belles expositions du Museum at FIT, voici les expos mode à ne pas manquer cette année.
Les expositions mode a voir en 2019

Camp : Notes on Fashion

Camp: Notes on Fashion

Vittorio Zunino Celotto/Getty Images for The Metropolitan Museum of Art

L’exposition annuelle du Costume Institute du Metropolitan Museum of Art, à New York, portera cette année sur l’influence de l’esthétique camp dans la mode. Théorisée par l’auteure et photographe américaine Susan Sontag en 1964, dans son essai Notes on "camp", elle incarne un esprit à la fois ironique et irrévérencieux, qui s’appuie généralement sur des références culturelles pour questionner les valeurs de l’esthétique moderne. De la cour de Louis XIV aux collections de Thom Browne, John Galliano, Jeremy Scott ou Richard Quinn, l’exposition mettra en lumière l’influence souvent méconnue qu’a eue le camp non seulement dans la mode, mais aussi dans l’art et la culture populaire d'aujourd’hui.

Jusqu'au 8 septembre 2019, Metropolitan Museum of Art, 1000 5th Ave, New York, NY 10028, États-Unis

Christian Dior, designer of dreams

Christian Dior: Designer of dreams

ADRIEN DIRAND

Pour ceux qui auraient raté l’exposition consacrée au couturier français au Musée des Arts Décoratifs de Paris, elle se déplace cette année au Victoria & Albert Museum, à Londres. L’histoire de la maison Dior et des différents créateurs ayant enrichi sa mythologie au fil des décennies y sera racontée à travers plus de 500 vêtements, accessoires, objets, illustrations et photographies. Petit plus, l’exposition reviendra également sur la fascination de Christian Dior pour la culture britannique et ses diverses collaborations avec des manufactures et personnalités anglaises, comme la Princesse Margaret, l’auteure Nancy Mitford ou la ballerine Margot Fonteyn.

Jusqu'au 1er septembre 2019, Victoria & Albert Museum, Cromwell Rd, Knightsbridge, London SW7 2RL, Royaume-Uni

L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent

Yves Saint Laurent à Kyoto en avril 1963

Yves Saint Laurent in Kyoto, April 1963. Rights reserved

En avril 1963, le jeune Yves Saint Laurent découvre la beauté du Japon. A Kyoto, il rencontre des courtisanes habillées en vêtements traditionnels. Préciosité de la soie, exotisme des motifs, rigueur des lignes... Les costumes japonais l'inspirent, ainsi que le folklore de l'Asie, il en fera une collection mémorable, celle de l’automne-hiver 1977, hommage à la Chine impériale. Cette même année, il imagine le sulfureux parfum Opium, aux notes orientales et sensuelles, qui suscite un vent de scandale à sa sortie. Au fil de ses collections, Yves Saint Laurent n'aura de cesse de s'inspirer de l'Asie lors de ses voyages intérieurs comme il les appelle. Le kimono, les manteaux de souverains indiens... Il aime revisiter les costumes traditionnels pour créer des pièces féminines et élégantes pour sa clientèle parisienne. En automne 2018, le Musée Yves Saint Laurent Paris s'intéressait à la fascination du créateur pour l'Orient le temps d'une exposition temporaire, sa première, dédiée à cette Asie rêvée. Une cinquantaine de modèles haute couture inspirés de l'Inde, de la Chine et du Japon dialoguait avec des objets d'art asiatiques prêtés par le Musée Guimet et des collectionneurs privés. Une exposition qui a connu un joli dans la capitale jusqu'en janvier dernier. Pour ceux qui n'auraient pas eu la chance de la voir, il faudra désormais se rendre sous le soleil de la Côte d'Azur où l'exposition est présentée au cœur du Musée des Arts asiatiques de Nice. De l'Inde au Japon en passant par la Chine, la nouvelle scénographie de l'exposition nous invite à un voyage dépaysant, articulé autour d'une exceptionnelle collection de créations haute couture et d'objets traditionnels qui ont inspiré le créateur au fil de ses voyages.

Jusqu'au 6 octobre 2019, Musée des Arts asiatiques, 405 Promenade des Anglais 06200 Nice

Mary Quant

Mary Quant au V&A Museum

Satin mini dress and shorts by Mary Quant, photograph by Duffy, 1966 © Duffy Archive

Célèbre pour avoir, dans les années 1960, popularisé le port des minijupes, aux ourlets aussi courts que sa fameuse coupe au bol signée Vidal Sassoon, la styliste anglaise Mary Quant représente bien plus encore dans l’histoire de la mode. C’est dans sa célèbre boutique Bazaar, située sur King’s Road, à Londres, qu’est née une petite révolution vestimentaire, présage de plusieurs décennies de transformations de la mode féminine. On lui doit une grande partie du style si emblématique des années 1960, celui du Swingin’ London et de Carnaby Street, qui marque une rupture avec la mode de l’après guerre et incarne toute l’énergie et l’audace d’une nouvelle génération de jeunes femmes. Près de 150 vêtements et photographies, issues des archives du Victoria & Albert Museum, de dizaines de particuliers et de Mary Quant elle-même, nourriront cette rétrospective inédite, dont la plupart des pièces n’ont encore jamais été exposées.

Jusqu'au 16 février 2020, V&A Museum, Cromwell Rd, Knightsbridge, London SW7 2RL, Royaume-Uni

Grace de Monaco, princesse en Dior

Alfred Hitchcock, Grace Kelly et James Stewart en 1954

The Kobal Collection / Aurimages

Cannes, 1955. Grace Kelly est venue présenter le film Une Fille de la province de George Seaton. Le 6 mai, elle rencontre le Prince Rainier III de Monaco, à l'initiative du journaliste de Paris Match Pierre Galante. La légende veut que la jeune femme ait confié à une amie la phrase "Charmant, il est charmant". 6 mois plus tard, le couple annonce ses fiançailles, le 5 janvier 1956, dans la maison de famille de l'actrice à Philadelphie. Le lendemain, un du bal de charité est donné à l'hôtel Waldorf-Astoria à New York en l'honneur des jeunes fiancés. Grace Kelly porte pour l’occasion une robe bustier agrémentée de fleurs sur le décolleté, spécialement créée par Christian Dior. Elle sera durant toute sa vie fidèle parmi les fidèles à la maison de couture parisienne. Séduite par l'élégance intemporelle des créations raffinées de Marc Bohan, directeur artistique de la maison de 1961 à 1989, Grace de Monaco s'affiche en tailleurs de laine sur-mesure aux lignes souples, robes pastel aériennes, le tout twisté d'accessoires classiques mais allurés (la princesse avait une prédilection pour les chapeaux). Une belle histoire d'amour entre la princesse et la maison Dior aujourd'hui mise à l'honneur d'une exposition organisée par le musée Christian Dior de Granville, évidemment. 90 modèles portés par la Princesse de Monaco sont exposés au sein de la Villa Les Rhumbs, qui a vu grandir Christian Dior. Précieusement conservée au Palais de Monaco, cette garde-robe met en lumière le double visage de l'icône, à la fois personnage public aimé de tous, et femme moderne et engagée. "Je suis fondamentalement une féministe. Je pense que les femmes peuvent accomplir tout ce qu’elles décident de faire" confiait-elle. Et ce n'est pas Maria Grazia Chiuri, actuelle directrice artistique de Dior, qui dira le contraire.

Jusqu'au 17 novembre 2019, musée Christian Dior, 1 rue d’Estouteville, Villa Les Rhumbs 50400 Granville

Sustainable Thinking

Museo Ferragamo: Sustainable Thinking

© Guglielmo de' Micheli for Salvatore Ferragamo

Inauguré en au cœur du Palazzo Spini Feroni de Florence en 1995, le Musée Salvatore Ferragamo célèbre la maison italienne, son savoir-faire aiguisé et son univers inspiré. La première pièce du musée renferme une sélection de films et de photographies témoignant du savoir-faire de la maison. Plus saisissant encore, un pan de mur entièrement recouvert de paires de souliers issues de collections datant des années 50 à 60. D'autres modèles des années 30 à 40 sont présentés dans des cubes en verre. Plus engagé que jamais, et conscient des réalités écologiques désastreuses de l'industrie de la mode, le musée axe cette année son exposition sur la mode durable. Sustainable Thinking revient sur les actions de la maison dédiées au développement durable, des premiers gestes éco-friendly de Salvatore Ferragamo (il utilisait des matériaux naturels, recyclés et novateurs pour ses premières créations) aux dernières expérimentations dans la recherche de nouveaux matériaux et techniques de conception. Les matériaux, analysés, transformés, retravaillés au fil des années par la maison italienne, servent de fil rouge à cette exposition essentielle pour éveiller les consciences.

Jusqu'au 8 mars 2020, Musée Salvatore Ferragamo, Piazza di Santa Trinita, 5R, 50123 Firenze FI, Italie

Gender Bending Fashion

Kenneth Paul Block

Two female models, on in sheer evening coat with dress, the other in a men's style suit holding a flaming cigarette Kenneth Paul Block (American, 1925–2009) February 6–13, 1976 Opaque and transparent watercolor with black marker Gift of Kenneth Paul Block, made possible with the generous assistance of Jean S. and Frederic A. Sharf, photo : Museum of Fine Arts, Boston

"Se tourner vers le passé peut mettre en lumière l’espoir qu’on a pour le futur." explique Michelle Finamore, curatrice des arts de la mode au musée des Beaux-Arts de Boston. L'exposition Gender Bending Fashion est un projet qui reflète le moment présent, célèbre les créateurs et les personnes qui challengent les normes culturelles à travers leur travail et leurs choix vestimentaires. Cela dit, ces tendances ne sont pas nouvelles. » Il était donc temps qu’une exposition soit consacrée au sujet. Alors que la mode est de plus en plus représentée dans les musées et dans le monde académique, le musée des Beaux-Arts de Boston prend les devants, et présente jusqu’au 25 août le travail des créateurs contemporains et des photographes qui ont contribué à la redéfinition du genre à travers le vêtement. Un siècle de mode y est retracée avec le travail de pionniers comme Jean Paul Gaultier, Yves Saint Laurent, Rei Kawakubo ou Rick Owens, de créateurs les plus jeunes comme Alejandro Gómez Palomo, et une grande sélection de photographies de mode. L’exposition explore également la façon dont les réseaux sociaux se sont imposés comme plateformes d’expression et de changements, et la dimension militante du vêtement pour la communauté LGBTQ. Un événement qui promet une étude à 360° de l’influence de la mode sur les mentalités.

Jusqu’au 25 août 2019, Museum of Fine Arts de Boston

Corsets

Corsets : Des modèles élégants, de la Belle Époque jusqu’à nos jours

Markwalder Chr

Des tailles de guêpes de l’époque victorienne aux créations exubérantes de Vivenne Westwood et Jean Paul Gaultier, le corset occupe une place à part dans l’histoire de la mode et reste un incontournable des défilés d’aujourd’hui. Pièce sulfureuse et féminine, le corset éveille les fantasmes et assure une séduction affirmée. Une sacrée réputation aujourd'hui décortiquée par le Spielzeug Welten Museum Basel qui lui dédie une exposition monographique des plus intéressantes. Au regard de plus de 60 corsets exposés, datant de 1775 à 1925, le mythe de cette pièce complexe révèle toutes ses interprétations et symboliques au fil des époques, tandis que ses courbes et matières jouissent peu à peu d'une certaine modernité. Objet de torture étouffant la taille pendant des siècles, le corset s'offre un lifting audacieux et révolutionnaire à la fin du XXème siècle, tour à tour punk chez Vivienne Westwood et conique chez Jean Paul Gaultier. Aussi, le musée suisse nous rappelle combien un vêtement incarne son époque et se joue, parfois, des conventions.

Jusqu'au 6 octobre 2019, Spielzeug Welten Museum Basel, Steinenvorstadt 1, 4051 Basel, Suisse

Les plus attendues :

Dos à la mode

Jeanloup Sieff, « Le dos d’Astrid Heeren, Palm Beach », 1964

Jeanloup Sieff, « Le dos d’Astrid Heeren, Palm Beach », 1964. Robe Bill Blass publiée dans Harper’s Bazaar. Jeanloup Sieff, "Astrid Heeren’s back, Palm Beach", 1964. Bill Blass dress published in Harper’s Bazaar. © Estate of Jeanloup Sieff

Actuellement fermé pour rénovation, le Palais Galliera, temple de la mode à Paris, s’exportera cet été au Musée Bourdelle, le temps d’une exposition à la thématique inédite : le dos dans la mode. Prêt-à-porter, haute couture, uniformes et vêtements de travail seront mis en scène dans le sublime musée du XIVème arrondissement de Paris, ancien atelier du sculpteur Antoine Bourdelle, pour un dialogue étonnant entre les œuvres de ce dernier et celles des plus grands noms de la mode, interrogeant notre rapport au dos. Parfois dénudée, parfois chargée ou entièrement déformée par l’illusion des volumes, la zone la plus plane du corps est riche de symboliques, à découvrir à travers le travail des plus grands couturiers, de Chanel à Martin Margiela en passant par Azzedine Alaïa et Yohji Yamamoto.

Du 5 juillet au 17 novembre, Musée Bourdelle, 18 Rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris

Tim Walker : Wonderful things

Tim Walker

Tilda Swinton Fashion: Gucci, Marc Jacobs Jewellery: Lisa Eisner Jewelry, Vela, Uno de 50, A. Brandt + Son Renishaw Hall, Derbyshire, 2018 © Tim Walker Studio

Tim Walker ne fait pas les choses comme tout le monde. Pour sa troisième exposition personnelle, le photographe anglais, collaborateur de longue date de Vogue, a choisi de confronter son univers onirique, à la croisée de l’image de mode et du conte de fées moderne, aux œuvres de la collection permanente du Victoria & Albert Museum. Selon Susanna Brown, curatrice de l’exposition, le photographe a puisé dans les archives du musée pour en sortir les œuvres d’art les plus étonnantes, qui dialogueront avec une série de photographies inédites constituant le cœur de l’exposition. Karen Elson et Tilda Swinton ont notamment prêté leurs visages à cette série exclusive. L’exposition reviendra également sur certains des plus anciens clichés du photographe, qui a débuté sa carrière à New York en tant qu’assistant de Richard Avedon, avant de commencer à travailler pour Vogue dans les années 1990. Si la sélection des travaux exposés est encore inconnue à ce jour, on sait que la directrice artistique et set designer anglaise Shona Heath, l’une de ses plus fidèles collaboratrices, travaille à la scénographie de l’espace où seront exposés photographies, films et installations, qui mettront en lumière le monde enchanté de Tim Walker et de ses collaborateurs les plus proches.

Du 21 septembre au 8 mars 2020, Victoria & Albert Museum, Cromwell Rd, Knightsbridge, London SW7 2RL, Royaume-Uni