Laurent Chevallier - Glyphosate : les agences de l'État en cause

En prenant le contre-pied des conclusions d'une agence de l'État sur le glyphosate, les juges ont remis en cause la fiabilité de ces organismes.

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Pulvérisation en France d'herbicide concernant du glyphosate

Pulvérisation en France d'herbicide concernant du glyphosate

© JEAN-FRANCOIS MONIER

Temps de lecture : 3 min

Toutes les expertises médicales, toxicologiques et scientifiques sont basées sur les données des agences d'État, et la justice, en cas de contestation ou de litige, tranche toujours en leur faveur. Pourquoi ? Parce qu'elles sont considérées comme impartiales, fiables sur le plan scientifique, et leurs conclusions émanent d'un consensus entre experts reconnus. Bien sûr, leurs avis peuvent évoluer dans le temps en fonction des données scientifiques. Les médecins et les scientifiques font alors modifier les positions, ce que nous avons été nombreux à faire concernant, par exemple, le bisphénol A, conduisant l'agence sanitaire française (Anses) à prendre une position plus adaptée.

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Concernant le glyphosate, rien de tel. Le tribunal administratif de Lyon a prononcé le retrait de l'autorisation de mise sur le marché du Round Up 360. Elle met en cause directement l'agence sanitaire, finalement ses méthodes de travail et sa fiabilité, en demandant « d'annuler la décision du 6 mars 2017 par laquelle le directeur général de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation de l'environnement et du travail (Anses) a autorisé la mise sur le marché du produit phyto pharmaceutique Roundup Pro 360 par la SAS Monsanto ». Il faut dire, sans entrer trop dans les détails, que l'argument de l'agence française selon laquelle il ne suffit pas qu'une substance active soit toxique pour que la préparation le soit est pour le moins déroutant, voire de la plus parfaite mauvaise foi et allant à l'inverse d'autres avis d'agences.

Défiance publique

Cette situation est extrêmement préoccupante. Elle jette le doute sur la fiabilité de l'agence sanitaire, crée une jurisprudence, et entraîne une défiance directe vis-à-vis de l'expertise d'État. Celui-ci se doit de réagir immédiatement. Il a deux options : soit il y a eu une défaillance dans les processus d'analyse et c'est à ses responsables de rendre des comptes et de démissionner sur-le-champ ; soit l'État considère que les agences n'ont plus d'utilité, car insuffisamment fiables, et les supprimer procurera des économies au budget de l'État.

Une commission d'enquête parlementaire doit également immédiatement être mise en place car cela apparaît bien plus sérieux que les quelques errements marginaux d'un Alexandre Benalla… La défiance vis-à-vis de l'expertise prend déjà de l'ampleur dans l'opinion publique, comme le souligne le rapport « Expertise et démocratie » publié en décembre 2018 par France Stratégie ( www.stratégie.gouv.fr) et passé quasiment inaperçu : « L'objectif d'une démocratie adulte suppose à la fois de dépasser le rapport paternaliste que les experts peuvent avoir avec les citoyens […] et d'aller au-delà d'un volontarisme révolté qui prétendrait vouloir se passer de l'éclairage des experts. »

Sur quelles valeurs scientifiques de référence pourrons-nous nous baser demain ? Nous avons déjà expliqué dans ces colonnes, concernant le glyphosate, que, d'une part, on pouvait s'en passer, et que, d'autre part, la nouvelle formule est probablement quasiment prête ; beaucoup plus agressive, elle nécessite des volumes d'utilisation moins importantes, dont les résidus seront beaucoup plus difficiles à détecter car sous forme nano particulaire. Si l'État aujourd'hui n'agit pas rapidement, le message envoyé sera très négatif. Il relèvera d'un laxisme coupable aux multiples conséquences.

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Commentaires (41)

  • Ambroudiane

    Il y a 50 ans, l’écrit public valait l’or massif. Le sang n’avait jamais été contaminé, les vaches n’étaient pas folles et l’on nous vendait des lasagnes qui n’avaient jamais contenu de viande de cheval des pays de l’Est.
    Ce qui était écrit dans le journal était parole d’évangile... Ou supposée comme telle !
    Et puis le temps a passé...
    Aujourd’hui, j’ai foi en mon jardin et je me loue d’habiter au sud d’une ville moyenne, c’est-à-dire que je ne suis pas en plein dans les courants dominants des masses d’air qui la survolent...
    On en est là !

  • accurate

    Bien vu, totale bien sûr, pas relu !

  • DIXI2

    Aujourd'hui, il devient impossible pour un particulier de faire des traitements dit chimiques chez lui. Il lui faudra faire appel à un prestataire de service qui sera habilité...
    Car nous sommes tous des assassins en herbe quelque soit notre formation ! On veut nous infantiliser depuis des bureaux parisiens que ne sont pas tous rue de Varennes !
    Je m'interroge sur le manque d'information sur les résultats obtenus par l'INRA. Cet organisme a mené une expérimentation en alimentant pendant 6 mois des animaux avec des maïs OGM, bien sûr résistants au glyphosate. Les résultats ne font apparaître aucune différence entre le lot "OGM" et le lot témoin. Il est vrai qu'il ne doit pas y avoir beaucoup de traces de Glyphosate dans les aliments distribués.
    Ce qui me paraît le plus problématique dans cette volonté de faire barrage aux OGM, c'est que demain les Européens seront dépendants des Pays ou ces techniques auront été développées dans des conditions rigoureuses : ce sont des GAFA des biotech qui vont demain'à titre personnel je ne suis pas un farouche partisan des variétés round-up ready.
    Un message à l'attention des écologistes intégristes qui assimilent toutes les techniques possible aujourd'hui en création variétale à des manipulation de type OGM : sachez qu'une des variétés de blé tendre crée par l'INRA à Rennes, dont je ne mentionnerais pas le nom, fortement développée en agriculture biologique et utilisée dans tous les programmes de sélection dans un passé proche serait aujourd'hui montrée du doigt et devrait montrer son innocuité, car les techniques utilisées pour sa création seraient aujourd'hui considérées comme des techniques à risque !
    Ce rejet à priori de toutes les innovations technologiques nous conduit à l'immobilisme, immobilisme qui dans le domaine scientifique a pour synonyme déclin.