Des incidents ont éclaté dimanche à Athènes faisant plus d'une vingtaine de blessés, surtout des policiers, lors d'une manifestation qui a rassemblé entre 60 000 et 100 000 personnes contre l'accord sur le nouveau nom de la Macédoine, que le parlement grec doit ratifier sous peu.

Vingt-cinq policiers ont été blessés, a indiqué un communiqué du ministère grec de la Protection du citoyen tandis que au moins deux manifestants ont été hospitalisés pour des troubles respiratoires, selon le centre de premiers soins.

Dans un premier temps, le ministère a fait état de dix policiers blessés.

Des échauffourées ont eu lieu entre policiers et des jeunes encagoulés, qui ont réussi à s'infiltrer dans la manifestation et jeté des projectiles contre les forces de l'ordre en tentant de forcer la clôture du Parlement.  

Les forces anti-émeutes ont riposté en lançant des gaz lacrymogènes, ce qui a provoqué la dispersion de nombreux manifestants, qui suffoquaient dans les fumées.

Le groupe de casseurs s'en est ensuite pris à des photographes et cameramen dont ils ont cassé le matériel d'un d'eux.

Un journaliste s'est rendu à l'hôpital pour recevoir des soins après avoir été agressé par des membres du parti néonazi Aube dorée, a-t-on appris auprès de la presse étrangère.

Selon le gouvernement, «les incidents ont été provoqués par des extrémistes, des membres d'Aube dorée, qui ont tenté d'entrer dans le Parlement».

«Ils ont attaqué des policiers avec des morceaux de bois et des matraques, envoyant des dizaines de blessés à l'hôpital», indiquent les services du premier ministre Alexis Tsipras dans un communiqué.

La police a dénombré 60 000 personnes au début de la manifestation à 16h, les organisateurs en comptant plus de 100 000.

À l'appel surtout du «comité de lutte pour la grécité de la Macédoine», 326 autocars selon la police, en provenance de tout le pays, et plus spécialement du nord de la Grèce, ont déversé des milliers de manifestants à Athènes.

«Nous résistons»

Le centre de la capitale a été fermé à la circulation pendant presque toute la journée ainsi que les stations de métro proches de Syntagma, théâtre fréquent des grands rassemblements, devant le Parlement grec qui doit voter en fin de semaine sur l'accord controversé.

«Depuis cent ans, ils essaient de nous convaincre [...] mais nous avons une histoire de milliers d'années et nous résistons», a dit Konstantinos Synodinos, 55 ans, militaire retraité.

Officiellement, les partis d'opposition au gouvernement d'Alexis Tsipras (la droite et les socialistes), qui sont contre l'accord, ne participent pas à cette manifestation mais ont indiqué que chacun pouvait y venir à titre personnel.

Certains députés de la droite Nouvelle-Démocratie, ont toutefois participé ainsi que l'ancien premier ministre conservateur Antonis Samaras (2012-2015).

Le parti néonazi Aube dorée avait appelé sur son site officiel à manifester.

«Pas historique»

L'accord sur le nouveau nom de la Macédoine, signé entre Athènes et Skopje en juin, vise à mettre fin à un litige de près de trente ans entre les deux pays voisins en rebaptisant ce petit pays balkanique «République de Macédoine du Nord».

Ratifié il y a dix jours par le Parlement macédonien, cet accord sera débattu cette semaine au Parlement grec avant un vote crucial d'ici à la fin de la semaine.

De nombreux habitants, en particulier ceux de la province du nord de la Grèce portant le même nom que le pays frontalier, estiment que l'appellation «Macédoine» n'appartient qu'au patrimoine historique grec.

Selon un sondage publié dimanche dans l'hebdomadaire Proto Thema, 69,5% se sont exprimés contre l'accord et 67 % souhaitent que les élections prévues en octobre soient anticipées.  

Pour Alexis Tsipras, l'accord sur le nouveau nom de la Macédoine est «un pas historique» pour les deux pays frontaliers.

Il a appelé «les forces progressistes» du pays à soutenir cet accord, lors d'un entretien à Avghi, le quotidien de son parti de gauche Syriza.

Après l'éclatement de sa coalition gouvernementale, il y a une semaine, sur fond de controverse à propos de cet accord, le premier ministre a remporté de justesse mercredi un vote de confiance au Parlement. Il s'est montré confiant de voir ratifier l'accord par une majorité d'au moins 151 députés sur les 300 d'ici à la fin de la semaine.