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Sexe et psychanalyse : c’est encore loin, le XXIe siècle ?

La discipline et ses théories freudiennes font fausse route, que ce soit en ce qui concerne le sexe féminin, la communauté LGBT ou l’inceste, estime la chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette, qui appelle la psychanalyse, et nous tous, à l’autocritique.

Publié le 20 janvier 2019 à 06h38, modifié le 20 janvier 2019 à 06h38 Temps de Lecture 5 min.

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LE SEXE SELON MAÏA

Une société de la communication peut-elle nier l’importance de la psychanalyse ? Difficilement. L’attention que nous portons à nos états d’âme, à la complexité de nos ressentis, au partage des émotions, doit énormément aux travaux de Freud.

Seulement, le penseur né au XIXe siècle est mort depuis quatre vingts ans ! Et même s’il continue d’être prolongé et corrigé par d’autres (neurosciences, aides médicamenteuses, décodification de la relation patient-psy)…, nous avons parfois l’impression que rien ne bouge. Que nous en sommes restés au complexe d’Œdipe le plus basique, aux imbrications d’Eros et Thanatos, et bien sûr à la vision de la sexualité la plus déprimante qu’on puisse imaginer.

Car le saviez-vous ? La sexualité est une blessure. Les femmes ne savent pas jouir. Le sexe féminin est moins désirable que le sexe masculin. La femme est un trou. Toutes les filles détestent leur mère. Pour qu’un pénis pousse par-devant, il faut qu’il soit rentré par-derrière. Si ces affirmations vous semblent fantaisistes, c’est parce que vous êtes attaché au réel. Car dans le symbolique, l’inconscient, bref loiiiin au-dessus de nos pratiques et désirs effectifs… elles tiennent la route. Bienvenue dans le monde des psychanalystes orthodoxes, décortiqué par le dernier documentaire de la réalisatrice Sophie Robert.

Le phallus et le Néant, présenté dans quelques salles de cinéma (dates et lieux sur le site), donne pendant deux heures la parole à des psychanalystes freudiens et lacaniens : dix-huit hommes et femmes qui exposent leurs points de vue sur la sexualité. Le résultat sidère, amuse, terrifie (exemple : « Le pédophile n’est jamais un violeur. Il veut être un bon père (…), il veut reconnaître le droit à la jouissance de l’enfant »).

Fascination

Sans aucun doute, Sophie Robert pourra être accusée de réaliser un film à charge. Ce qui n’est pas faux (elle était déjà l’auteure, en 2011, du très controversé Le Mur – qui dénonçait le traitement de l’autisme par les tenants de l’approche psychanalytique en France).

On pourra lui reprocher des propos tronqués, pris hors contexte (qu’on m’explique dans quel contexte « les enfants sont d’une grande maturité sexuelle » devient acceptable). Les intervenants ont été choisis pour leurs positions passéistes. Certes. Mais jeter un pavé dans la mare n’est pas une mauvaise idée. En l’occurrence, les extraits sélectionnés (sexe féminin, désir, pulsions de l’enfant, inceste, etc.) par Sophie Robert ne surprennent pas. Ils sont conformes à ce que vous avez peut-être vu en cours de philo et à ce que vous pourrez lire dans des publications récentes de psychanalystes.

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