"L'habitat indigne tue" : c’est ce que dénonçait la fondation Abbé-Pierre début janvier. Les chiffres dévoilés par la fondation, deux mois après l’effondrement de deux immeubles à Marseille qui a coûté la vie à huit personnes, font froid dans le dos : 600.000 logements et 900.000 à 1,3 million de personnes seraient concernés en France. Et parmi les bailleurs indélicats, on retrouve de nombreux notables, explique Le Monde.

Le journal cite des cas bien précis, notamment à Marseille, ville dans l’œil du cyclone depuis la catastrophe de la rue d’Aubagne. Trois élus ont ainsi fait l’objet d’une campagne de dénonciation de la part du collectif Marseille en colère : Thierry Santelli, vice-président du conseil départemental des Bouches-du-Rhône et qui siège au conseil d’administration de Marseille Habitat (en charge notamment de… la résorption de l’habitat indigne), Xavier Cachard, cinquième vice-président du conseil régional et Bernard Jacquier, vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence.

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Xavier Cachard possédait ainsi un appartement dans l’un des immeubles qui s’est effondré. Thierry Santelli était lui copropriétaire d’un appartement situé dans un immeuble frappé un d’arrêté de péril grave. Bernard Jacquier était lui aussi propriétaire d’un appartement situé dans un bâtiment insalubre. Tous les trois ont vu leurs portraits être affichés dans la ville avec la mention "Wanted" ou "Démission", accompagnée du message "assez du mépris et du mal-logement organisé". Mais aucune plainte n’a pour l’instant été déposée contre eux.

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"Toutes sortes de profils socioprofessionnels"

D’autres cas prêtent tout autant à polémique. Le Monde cite Helmi Boutros, chirurgien à la retraite condamné par le tribunal de Bobigny à trois ans de prison avec sursis et 150.000 euros d’amende pour avoir découpé son ancienne clinique de Neuilly-sur-Marne en petits appartements qui hébergeaient une quarantaine de familles avant d’être déclarés inhabitables en 2017. A Draguignan, Jacques Merker, l’un des plus gros propriétaires de la ville, était surnommé « l’homme aux 29 SCI ». Il a été condamné en première instance à 100.000 euros d’amende et à la confiscation d’un de ses immeubles. Son avocat a annoncé qu’il ferait appel.

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"On observe toutes sortes de profils socioprofessionnels. Il y a des rentiers, des personnes du bâtiment, promoteurs, entrepreneurs, marchands de biens, agents immobiliers, mais aussi des notaires, des avocats, des médecins, des hommes d’affaires, des professeurs d’universités et même des élus ou leurs conjoints", analyse dans Le Monde Nancy Bouché, ancienne haut fonctionnaire, aujourd’hui consultante spécialiste du droit. Le gouvernement planche sur les solutions à apporter à cette crise, revenue tristement sur le devant de l’actualité.

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