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Politique

Pour The Economist, la France est le pays le plus égalitaire

Selon l'hebdomadaire The Economist, la France lutte plus contre les inégalités que la Suède, modèle historique de l'Etat providence, en réduisant drastiquement les écarts de revenus. Un constat paradoxal avec la crise des "gilets jaunes" et qui tempère le rapport sur les inégalités publié par l'ONG Oxfam. En fait, c'est l'absence de mobilité sociale qui constitue le vrai handicap de l'Hexagone.   

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Les six banques françaises les plus importantes ont réduit depuis la COP21 leur financement aux énergies renouvelables au profit des énergies fossiles, dénonce un rapport de l'ONG Oxfam publié samedi

L'hebdomadaire The Economist va à l'encontre de l'analyse de l'ONG Oxfam sur les inégalités en France.

AFP/Archives - Andy Buchanan

Nous publions ici l'intégralité d'un article de l'hebdomadaire The Economist sur l'efficacité française dans la lutte des inégalités sociales.

Ravivée par la hausse des taxes sur le carburant, la grogne des « gilets jaunes » a en réalité débuté avec la suppression de l’ISF en 2017. Depuis, le qualificatif de « président des riches » colle à la peau d’Emmanuel Macron. Désormais épargnés par l’impôt sur la fortune, les 1 % les plus aisés constituent, selon l’Institut des politiques publiques, la catégorie qui a bénéficié de la plus forte augmentation de ses revenus depuis son élection. Pourtant, à la différence des Etats-Unis, les 1 % de Français les plus riches gagnent collectivement moins avant impôts que les 50 % les plus pauvres. Alors qu’il a fortement augmenté outre-Atlantique, l’écart n’a guère varié dans l’Hexagone depuis 1995.

La France, champion européen de la lutte contre les inégalités

Et la redistribution s’y fait de manière beaucoup plus équilibrée. Grâce aux impôts élevés et aux nombreuses prestations sociales, la France est le pays européen qui en fait le plus pour réduire les inégalités. La Suède redistribue un peu plus équitablement les revenus, mais le système français réduit plus fortement l’écart. D’après l’INSEE, le revenu brut des 10 % situés en haut de l’échelle est vingt-deux fois supérieur à celui des 10 % les moins riches. Mais cet écart est ramené à six seulement grâce aux impôts et aux transferts sociaux. « Cessons de faire croire que la France serait un pays où les solidarités n'existent pas », a insisté Emmanuel Macron dans ses vœux aux Français.

Alors pourquoi les gilets jaunes se sentent-ils aussi pressurés ? La raison ne réside pas dans la stagnation des salaires moyens. Ancien conseiller d’Emmanuel Macron, l’économiste Jean Pisani-Ferry observe que malgré la crise financière, le revenu réel des ménages français a crû de 8 % entre 2007 et 2017, soit plus que dans beaucoup d’autres pays européens. Selon lui, l’explication est à chercher du côté d’une panne de la mobilité sociale, qui génère une perte de confiance dans la capacité du système à améliorer le sort de la prochaine génération. Une autre raison, pointée par le Laboratoire sur les inégalités mondiales, un organisme lié à l’économiste Thomas Piketty, serait que les 50 % les moins riches sont touchés de manière disproportionnée par les charges sociales non progressives et les impôts indirects comme ceux sur le carburant. En les prenant en compte, on constate que le système de redistribution fonctionne quand même, mais plutôt moins bien.

Le grand débat ne doit pas être un gadget

Ces questions seront évidemment au programme de la consultation organisée par le président. Les mairies ont ouvert à cette fin des « cahiers de doléances ». Le gouvernement en a d’emblée exclu certains sujets – notamment le retour de l’ISF – tout comme les questions touchant à d’autres sujets que les quatre thèmes prédéfinis (environnement, démocratie, services publics et fiscalité). Ainsi la demande, relayée par un forum en ligne, de la suppression du mariage pour tous, ne sera pas débattue. Qu’Emmanuel Macron, en plus des mesures à 10 milliards d’euros déjà concédées, ait promis un débat a peut-être calmé certains protestataires. Il doit maintenant convaincre ses compatriotes que son grand débat n’est pas un simple gadget, sans pour autant compromettre son programme de réformes.

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