Germaine Berton, meurtrière anarchiste

Germaine Berton, archive de  la police de Paris
Germaine Berton, archive de la police de Paris
Germaine Berton, la jeune inconnue qui a vengé Jaurès
Publicité

Germaine Berton, meurtrière anarchiste

Par

Histoire | Le 22 janvier 1923, une inconnue de 20 ans, Germaine Berton, assassine Marius Plateau, chef des camelots du Roi et l'un des plus hauts dirigeants de l'Action Française. Un geste meurtrier pour venger Jaurès, contre l'occupation de la Ruhr et contre le fascisme. Elle en sera même acquittée.

L'histoire de Germaine Berton est celle d'un itinéraire politique emblématique de l'ultra gauche antimilitariste, exaltée par la Révolution bolchevique. C'est aussi celle d'une jeune femme qui a décidé de vivre sa vie à la marge de la société du début du siècle, et qui ira même jusqu'à tuer pour ses idées.

Je dis qu’il faut être bien indifférent pour ne pas se révolter, ou bien lâche.                
Extrait de l'autobiographie de Germaine Berton

Publicité

La militante

Germaine Berton est née en 1902 à Puteaux. Enfant, elle assiste à des discours de Jean Jaurès avec son père ouvrier. Dès l’adolescence, elle est anticléricale et de gauche radicale. C'est la Première Guerre mondiale qui fera d’elle une antimilitariste convaincue.

À 16 ans, elle commence à travailler comme ouvrière aux ateliers de chemins de fer. Elle y côtoie des militants CGT, rejoint le syndicat et devient militante révolutionnaire avant d'adhérer à l’union anarchiste. 

Germaine Berton, document d'archive de la police de Paris.
Germaine Berton, document d'archive de la police de Paris.

Germaine Berton revendique la revanche sociale et l’action directe. Elle n’hésite pas à se battre : en 1921 elle passe trois mois en prison pour avoir giflé un agent de police. Sans emploi stable,  la jeune femme mène une vie bohème entre manque d’argent et problème de santé.  Elle se fait avorter dans des conditions difficiles.

De la haine à l'assassinat politique

Elle développe une haine de l'Action Française, organe de la ligue monarchiste et nationaliste car pour elle, il existe un lien entre entre le danger de l’Action Française et la montée du fascisme en Italie. Elle décide donc de passer à l’acte, pour venger Jaurès, contre le fascisme et contre l’occupation de la Ruhr.  

Elle veut assassiner Léon Daudet, mais n’arrivant pas à le rencontrer elle reporte son choix sur Marius Plateau, secrétaire et militant de l’Action Française. Elle demande une entrevue et l’assassine le 22 janvier 1923 au siège de l’Action Française

L’entretien est paraît-il cordial, et puis au moment du départ, Marius Plateau se lève, on entend sa chaise qui recule [...], on entend cinq détonations et il y en a une qui est le fruit d’un tir de Germaine Berton contre elle puisqu’elle tente de se suicider en se tirant une balle sur la poitrine.          
Extrait du documentaire "Ce n’est pas rien de tuer un homme"

Soignée à l’hôpital Beaujon, Germaine Berton est ensuite emprisonnée à Saint-Lazare jusqu’à son procès.

Le procès

18 décembre 1923 : à l’ouverture de son procès son avocat la décrit ainsi :

Elle est avec ses tares et son courage presque viril une garçonne populaire, génération dont la guerre a hypothéqué toute la vie. Les impressions de la guerre ont retenti sur sa sensibilité.          
Extrait du discours de Me Torrès, avocat de Germaine Berton.

Lors de son procès, de grands noms témoignent en sa faveur comme Léon Blum ou encore Marcel Cachin. Ils la feront acquitter.

En 1942, quatre jours après la mort de Léon Daudet, Germaine Berton se suicide.

La Fabrique de l'Histoire
52 min