Moins cher qu’un (petit) appartement dans une des principales villes espagnoles : un village abandonné. Le pays en compte plus de 3 000, précise le quotidien El País, et même si beaucoup ne peuvent pas être mis en vente faute de documents administratifs indispensables, plusieurs centaines d’autres sont actuellement sur le marché. “Après des années d’oubli dans des zones enclavées, ces villages fantômes sont aujourd’hui recherchés” par des amateurs pour la plupart britanniques, belges ou français – mais aussi par de plus en plus d’Espagnols. Au point que le quotidien madrilène lance cet avertissement : “Si vous êtes intéressé, décidez-vous vite car les prix sont à la hausse !”

Situés pour la plupart en Galice, en Castille-et-León, en Aragon ou dans les Asturies, ces villages aujourd’hui déserts “attendent que de nouveaux propriétaires leur donnent une seconde chance en rallumant du feu dans les cheminées et en faisant de nouveau retentir le bruit des pas dans leurs ruelles”.

Un village entier pour 50 000 euros

Les prix ? Ils démarrent autour de 50 000 euros. “Il y a quelques années, le moins cher coûtait 12 000 euros. Aujourd’hui, il faut compter 52 000 euros”, explique Elvira Fafian, fondatrice de l’agence immobilière Aldeas Abandonadas. Pour le moment, son catalogue en compte une centaine, pour des prix moyens qui oscillent entre 200 000 et 450 000 euros. Une autre agence, Galician Rustic, vient d’en mettre six sur le marché. Pour deux d’entre eux, la vente sera conclue avant fin février – “pour 130 000 euros en ce qui concerne le moins cher”.

Les acheteurs ? Pour l’essentiel, des particuliers qui envisagent de les transformer en gîtes ruraux, de créer une ferme ou tout simplement de vivre à la campagne, mais aussi des entreprises et des investisseurs originaires du Moyen-Orient ou de Russie. “Il ne s’agit pas d’une mode passagère”, selon El País. De plus en plus de propriétaires âgés de 35 à 45 ans “qui ne sont plus très attachés à leur village natal” sont actuellement en train de constituer des dossiers de vente, selon Elvira Fafian. “Nous sommes en mesure d’en proposer une vingtaine de plus chaque mois.”

À noter : les autorités locales voient d’un très bon œil ces villages fantômes revenir à la vie et se montrent prêtes à aider les nouveaux acquéreurs, notamment en fournissant les infrastructures de base. “Nous nous assurons généralement que les acheteurs ont bien l’intention de faire les rénovations nécessaires et de créer une entreprise.”

Le quotidien espagnol mentionne l’exemple de Milagros Ruiz, tombée amoureuse du hameau de Pena Vella, dans la province de Lugo, en Galice. Elle a acheté les six bâtisses ruinées et les 15 000 mètres carrés de terrain qui les entourent pour 60 000 euros. Une fois restauré – en partie grâce aux 200 000 euros de subventions reçus du gouvernement régional et de l’Union européenne –, le village pourra accueillir des touristes qui préféreront la riante campagne galicienne au climat étouffant de Málaga.