Le dossier était sensible et la décision de la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) était particulièrement attendue. Mardi 22 janvier, celle-ci a infligé une amende ferme de 100 000 euros au Paris-Saint-Germain dans l’affaire du fichage ethnique, révélée en novembre 2018 par les « Football Leaks ». Accusé alors par Mediapart d’avoir utilisé illégalement, de 2013 au printemps 2018, des fiches « en fonction de la couleur de peau » pour recruter de jeunes joueurs, le PSG n’en a « pas fait usage à des fins discriminatoires », a considéré Sébastien Deneux, le président de la commission de discipline de la LFP.
« Il n’y a aucun fait de discrimination qui a pu être relevé. Ces éléments nous sont apparus comme des maladresses individuelles et ressortent d’une négligence collective », a insisté M. Deneux. Sa commission venait d’auditionner Jean-Claude Blanc, le directeur général délégué du PSG, Olivier Létang, ancien directeur sportif adjoint du club, Bertrand Reuzeau, patron du centre de formation parisien jusqu’en 2015, Marc Westerloppe, ex-responsable de la cellule nationale de recrutement du centre de formation du PSG, et Pierre Reynaud, celui de la cellule Ile-de-France.
Si les deux premiers dirigeants n’ont pas été sanctionnés, Bertrand Reuzeau s’est vu infliger une amende de 10 000 euros avec sursis. Quant à MM. Westerloppe et Reynaud, ils ont été condamnés à 5 000 euros d’amende avec sursis. « Ce qui a été sanctionné, c’est l’usage par ceux qui avaient quotidiennement utilisé ces fiches », s’est justifié M. Deneux. Lequel s’est rangé à l’avis du Conseil national de l’éthique (CNE) de la Fédération française de football (FFF).
« Défense convaicante »
Le 23 novembre 2018, après avoir auditionné les protagonistes de l’affaire, le CNE avait estimé que « des fiches faisant mention d’une origine ethnique ont bien été utilisées ». « En revanche, les pratiques présumées discriminatoires ne sont pas établies », avait considéré l’instance tout en saisissant la commission juridique de la LFP.
« Le fichage est en soi interdit par la loi et condamnable pénalement [un délit passible de cinq ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende]. Mais il est difficile d’établir l’aspect discriminatoire dans la notation, confiait au Monde, début janvier, un membre du CNE de la FFF. Le dossier est complexe et la défense des dirigeants parisiens a été jugée bonne et convaincante. »
Pour sa défense, le PSG a affirmé que cette pratique était le fruit d’une « initiative personnelle du responsable » de la « cellule de recrutement du centre de formation, dédiée aux territoires hors Ile-de-France », dirigée à l’époque par M. Westerloppe, parti en 2018 au Stade rennais, dont Olivier Létang est le président depuis novembre 2017.
Les conclusions de l’enquête interne du club parisien ont été transmises, en novembre 2018, au ministère des sports et ont écarté les accusations de discrimination.
L’affaire du fichage ethnique s’est aussi déplacée sur le terrain judiciaire. A la suite d’une plainte déposée contre X par la Ligue des droits de l’homme, le PSG est sous le coup d’une enquête préliminaire, ouverte le 19 novembre 2018 par le parquet de Paris pour des soupçons de « discrimination fondée sur l’origine, l’ethnie ou la nationalité ».
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