Pour se défendre, les abeilles n'utilisent pas seulement leur dard. Certaines espèces ont également des techniques de défense bien plus originales et impressionnantes. C'est notamment le cas des abeilles géantes (Apis dorsata). Ces dernières, absentes en Europe, ont développé un comportement anti-prédateur qui leur permet de survivre dans des nids à l'air libre : le scintillement ou shimmering en anglais. Durant celui-ci, ces insectes font une "ola", soulevant les uns après les autres leur abdomen. Ce processus débute à différents points du nid puis se diffuse sur toute sa surface. Pierre Kerner, enseignant-chercheur à l'Université Paris 7, a partagé une courte vidéo de ce phénomène sur Twitter, le 16 janvier 2019 (voir ci-dessous).
Une "ola" qui entraîne une confusion chez le prédateur
Dans une étude publiée en 2009 dans la revue PlosOne, des chercheurs européens ont pu confirmer le rôle anti-prédateur de cette "ola". Pour cela, ils ont filmé les interactions entre des colonies d'abeilles géantes et de frelons. Et après avoir minutieusement analysé les images, ils en ont conclu que ce comportement permettait de créer une zone sécurisée de 50 centimètres autour du nid car ces motifs engendrent une certaine confusion chez les prédateurs qui les évitent. L'étude a également montré que "les vagues scintillantes deviennent plus importantes et plus fréquentes lorsqu'un frelon est de plus en plus proche du nid où qu'il vole de plus en plus vite". L'objectif de cette démonstration de force est d'éviter le contact direct avec le prédateur.
Ces abeilles qui font la hola avec leur abdomen créent des motifs parcourant leur colonie et qui dissuadent les prédateurs.
— Taupo (@pierrekerner) 16 janvier 2019
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© Twitter / @pierrekerner
Et si celui-ci réussit malgré tout à pénétrer cette ligne de défense ? "Chez les abeilles géantes, une mobilisation massive de spécimens capables de piquer peut se faire en une fraction de seconde, ce qui leur a donné la réputation d’être les insectes piqueurs les plus dangereux sur Terre", poursuit l'étude. Une stratégie qui peut s'avérer nécessaire notamment contre les oiseaux et les mammifères qui ne craignent pas le "scintillement". Enfin, "chez d'autres abeilles, s'il advenait qu'une guêpe ne soit pas effrayée par ce phénomène et se pose parmi les ouvrières, celles-ci la recouvrent complètement, battent frénétiquement leur abdomen pour faire monter la température de l'intrus qui s'élève à 45°C ce qui cuit littéralement" l'assaillant, explique sur son blog Pierre Kerner.