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Venezuela: le président du Parlement s’autoproclame «président en exercice» du pays

Venezuela: le président du Parlement s’autoproclame «président en exercice» du pays
Photo AFP


Le défi lancé contre le président vénézuélien Nicolas Maduro par son opposant Juan Guaido, qui s’est autoproclamé mercredi « président » par intérim, a été approuvé par les États-Unis et de nombreux pays du continent, tandis que l’Union européenne appelait à des élections.

« Aujourd’hui, je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme président par intérim du Venezuela », a écrit le président Donald Trump dans un communiqué.

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Washington entretient des relations très tendues avec Caracas depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 de Hugo Chavez, prédécesseur de M. Maduro, et elles se sont encore dégradées récemment. « Les Vénézuéliens ont trop longtemps souffert aux mains du régime illégitime de Maduro », a accusé M. Trump.

D’autres pays ont suivi cette ligne.Le Brésil, dont le nouveau président Jair Bolsonaro affiche constamment son hostilité à M. Maduro, « reconnaît Juan Guaido comme président », a écrit le ministère des Affaires étrangères.

Mais contrairement à Washington qui n’excluait pas d’intervenir si M. Maduro écrasait la contestation par la force (« toutes les options sont sur la table », a twitté M. Trump), Brasilia a écarté cette idée. « Notre politique extérieure n’est pas d’intervenir dans les affaires internes d’autres pays », a déclaré à la presse à Davos (Suisse) le vice-président Hamilton Mourao.

Outre le Brésil, dix autres pays membres du groupe de Lima, qui dénonçait régulièrement les abus du régime de M. Maduro, ont également dit reconnaître M. Guaido : Argentine, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Panama, Paraguay et Pérou.

« Nous appuyons son engagement à conduire le Venezuela à des élections présidentielles libres et équitables », a écrit la ministre des Affaires étrangères canadienne Chrystia Freeland.

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« Le mal nommé président »

« Nous sommes convaincus que le mal nommé président Maduro fait partie du problème et non de la solution », a renchéri le président chilien Sebastian Pinera.« Nous voulons que les Vénézuéliens retrouvent la démocratie », a souligné le ministre argentin des Affaires étrangères, Jorge Faurie.

L’Union européenne a pour sa part appelé à l’organisation « d’élections libres et crédibles, conformément à l’ordre constitutionnel ». « Le peuple vénézuélien a le droit de manifester pacifiquement, de choisir librement ses dirigeants et de décider de son avenir (...) Sa voix ne peut être ignorée », a écrit la haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, au nom des 28 États membres.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a dit sur Twitter « espérer que toute l’Europe va être unie en soutien des forces démocratiques au Venezuela ». « Contrairement à Maduro, l’assemblée parlementaire, y compris Juan Guaido, ont un mandat démocratique », a-t-il ajouté.

M. Maduro a pu compter sur le soutien d’un autre État socialiste du continent, Cuba.

« Notre soutien et solidarité au président Nicolas Maduro devant les tentatives impérialistes pour discréditer et déstabiliser la Révolution bolivarienne », a écrit sur Twitter le président Miguel Diaz-Canel. Son ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez avait également déclaré son « ferme soutien », dénonçant une « tentative de coup d’État ».

C’est aussi l’opinion d’un autre président socialiste, le Bolivien Evo Morales. « Nous désignons les États-Unis comme coupables d’avoir promu un coup d’État et un affrontement fratricide entre Vénézuéliens. En démocratie, ce sont les peuples libres qui élisent leur président, pas l’empire », a-t-il twitté.

Le Mexique, gouverné par un président de gauche, Andrés Manuel Lopez Obrador, reconnaît toujours M. Maduro comme président. « Conformément à ses principes constitutionnels de non-ingérence (...), le Mexique ne participera pas au processus consistant à ne plus reconnaître le gouvernement d’un pays avec lequel il maintient des relations diplomatiques », a expliqué le ministère des Affaires étrangères.

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Blancs contre Rouges

Peu avant la proclamation de M. Guaido, la Cour suprême vénézuélienne, plus haute juridiction du pays, composée de fidèles au régime, a annoncé avoir ordonné une enquête pénale contre les membres du Parlement, en les accusant d’usurper les prérogatives du président Maduro. 

Opposants et partisans du président Nicolas Maduro sont descendus en masse dans les rues mercredi dans tout le pays, dans un climat de haute tension. Cinq personnes sont mortes dans des troubles précédant les manifestations. 

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Les opposants, dont nombreux s’étaient vêtus de blanc, se sont réunis dans plusieurs quartiers de la capitale et d’autres régions du pays pour exiger un «gouvernement de transition» et de nouvelles élections. 

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De leur côté, les partisans du gouvernement, habillés de rouge pour la plupart, se sont retrouvés dans d’autres points de la capitale pour apporter leur soutien au chef de l’État et rejeter les revendications de l’opposition, qu’ils considèrent comme une tentative de coup d’État orchestrée par Washington. 

En cette date historique, qui commémore les 61 ans la chute de la dictature de Marcos Perez Jimenez, le 23 janvier 1958, les opposants et partisans du président socialiste souhaitaient compter leurs forces. 

«Nous nous rassemblons pour que Guaido soit proclamé président. Nous ne voulons plus de Maduro qui est un usurpateur. Nous sommes là pour que soit rétablie la démocratie», a déclaré à l’AFP Argenis Ramos, un professeur de 32 ans, dans l’est de Caracas, avant le début de la mobilisation. 

Le président vénézuélien a été investi le 10 janvier pour un deuxième mandat, contesté par l’opposition et non reconnu par les États-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays d’Amérique latine. 

Yelitze Pariata, 47 ans, qui vit dans une maison que lui a attribuée le gouvernement dans le centre de Caracas, est, elle, venue «manifester pacifiquement pour soutenir le président et montrer au monde que le chavisme est uni». 

Les commerces, écoles et institutions sont restés fermés mercredi, tandis que de rares véhicules étaient visibles dans les rues. Les violentes manifestations de 2017 qui ont fait 125 morts sont encore dans toutes les mémoires. 

Chars anti-émeute

Ces mobilisations sont organisées dans un climat explosif, deux jours après le bref soulèvement d’un groupe de 27 militaires qui se sont retranchés quelques heures dans une caserne du nord de Caracas, en lançant des appels à l’insurrection. Ils ont été rapidement arrêtés. 

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Mardi, le vice-président américain Mike Pence a affiché sa solidarité avec la manifestation de l’opposition. Un appel à «un coup d’État fasciste», a dénoncé Nicolas Maduro. 

Dans la foulée du soulèvement des militaires, une trentaine d’émeutes ont été enregistrées dans des quartiers populaires de la capitale et de sa banlieue. Dans la nuit, des chars anti-émeutes ont patrouillé dans la capitale. 

Cette insurrection s’est produite alors que l’opposition ne cesse d’appeler l’armée, considérée comme le principal soutien de Maduro, à rompre avec le régime. 

Le Parlement a notamment promis une «amnistie» aux membres de l’armée qui refuseraient de reconnaître le nouveau mandat du chef de l’État. 

Mardi, les députés ont approuvé cette proposition, défiant la décision de la Cour suprême, affiliée au régime, qui a déclaré nulles toutes leurs décisions. 

«Ils ne peuvent pas déclarer inconstitutionnel le désir de changement d’un peuple», a affirmé Juan Guaido, selon lequel le soulèvement de lundi traduit le mécontentement croissant au sein de l’armée. 

Le nouveau mandat de M. Maduro est contesté par l’opposition, qui dénonce des pressions sur les électeurs lors du scrutin du 20 mai et pointe la forte abstention. 

L’OEA, dont un grand nombre de membres jugent illégitime le deuxième mandat de M. Maduro, doit elle se réunir jeudi en session extraordinaire pour examiner «les récents événements au Venezuela». 

 

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