Un processus pendant la grossesse impacte le cerveau des enfants autistes

Une nouvelle étude cherche à démontrer l'origine de l'autisme

Une nouvelle étude cherche à démontrer l'origine de l'autisme

pookpiik / IStock.com

L'équipe du professeur Ben-Ari a découvert une relation entre l'autisme et l'accouchement

Prenons le cerveau comme un bâtiment : sa construction requiert une attention continue afin de garantir une fiabilité sur le long terme. Si durant le processus de construction, un matériel n’est pas fiable, l’édifice s’effondre. C’est un peu la même chose pour le cerveau. Avant notre naissance, le cerveau est en constante évolution, nos neurones se développent afin de le faire fonctionner au mieux.

Comme lors d'une réunion de chantier, le cerveau a lui aussi des étapes dites de checkpoint qui permettent de valider si tout se passe bien. "Quand le cerveau se construit, il n'y a pas d'un côté les gènes et de l'autre côté l'environnement. Le cerveau valide la création d'un gène par un rétrocontrôle qui s'assure du bon déroulement du programme," explique le professeur Yehezkel Ben-Ari, fondateur de Neurochlore.

Dans de nombreuses maladies neurologiques ou psychiatriques, certains neurones ne grandissent pas à la même vitesse que leurs confrères et restent immatures étant la cause directe de la maladie. Ces altérations sont à l’origine du concept de Neuro-archéologie développé par le prof Ben-Ari. "Le processus pathogène à l’origine de l’autisme et d’autres syndromes développementaux est intra-utérin mais il faut en déterminer les propriétés", décrit le Pr Ben-Ari.

Le cerveau des enfants autistes grossit pendant l’accouchement

Pour déceler toutes les modifications du cerveau entre la veille et le lendemain de la naissance, l’équipe du professeur Ben-Ari utilise une technique appelée transparisation. “Ce dispositif permet de reconstruire en trois dimensions le cerveau. Grâce à cela, nous pouvons analyser l’activité des neurones. On peut les comparer avant et après la naissance et voir comment la naissance les impacte.” 

Afin d’en savoir plus sur les neurones immatures et leurs conséquences, le professeur Ben-Ari a comparé, sur des rats, le cerveau d’un animal sain et celui d’un animal touché par l’autisme. Et les résultats sont pour le moins surprenants.

"Chez le rat sain, le volume du cerveau est sensiblement identique avant et après la naissance, suggérant une absence de croissance pendant cette période critique en accord avec des données indirectes chez l’homme. Par contre dans un modèle animal d’autisme, le cerveau est plus petit que celui des rats sains la veille de la naissance mais pas le lendemain, le cerveau a rattrapé son retard pour retrouver la taille du cerveau sain. Nous avons montré de façon directe que les neurones continuent de croître pendant la naissance dans l’autisme".

L’autisme, déclencheur d'une naissance prématurée ?

Cette croissance du cerveau lors de l’accouchement pourrait aggraver le phénomène pathologique intra-utérin mais aussi modifier le travail et provoquer les accouchements prématurés. "On sait que chez les adolescents autistes, le cerveau est plus grand que celui des adolescents non touchés par la maladie. Avec cette découverte, on vient de découvrir que ce processus commence déjà pendant l’accouchement et la naissance."

Une grande partie des enfants autistes naissent prématurément. Aujourd’hui, aucune étude ne permet de connaître l’origine de ce phénomène, même si la découverte du professeur Ben-Ari ouvre quelques pistes. “Le processus pathologique de l’autisme est intra-utérin mais il impacte le mécanisme de la naissance. Ceci dit, le diagnostic de l’autisme est clinique 2 ans après la naissance et donc on ne peut le diagnostiquer in utero.”

Ce que les recherches du professeur Ben-Ari n’ont pas pu déceler, est de savoir qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier. Est-ce l’autisme qui déclenche la prématurité, laquelle favorise l’incidence de l’autisme, ou en est-elle une cause directe ? Une question qui lorsqu’elle aura trouvé une réponse apportera de nouvelles solutions thérapeutiques pour cette pathologie qui touche plus de 1% des naissance en France comme dans d’autres pays chaque année.

À l’évidence, si on veut comprendre et traiter l’autisme, il faut déterminer l’impact du processus pathogène sur l’accouchement et la naissance. Les équipes de Neurochlore, qui sont quasiment les seules à travailler systématiquement sur les modifications cellulaires pendant la naissance, vont s’atteler à cette tache en examinant les cerveaux d’autres syndromes développementaux.