L’UE inaugure un système de troc avec l’Iran

Jean-Yves Le Drian arrive à un sommet sur l'accord nucléaire iranien à Bruxelles, le 15 mai 2018. [Alexandros Michailidis/Shutterstock]

L’UE s’apprête à mettre en place un mécanisme commercial destiné à contourner les sanctions américaines.

Les Européens vont mettre en place « dans les jours qui viennent » le « véhicule spécial » ou système de troc devant permettre de continuer à commercer avec l’Iran malgré les sanctions américaines, a indiqué le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

« Nous sommes en train de mettre en place un mécanisme de financement spécifique permettant d’éviter d’être soumis totalement à l’extraterritorialité des mesures de sanction mises en œuvre par les États-Unis », a déclaré le ministre lors d’une audition devant la Commission des Affaires étrangères au Sénat.

« Le SPV [Special purpose vehicle] devrait être mis en œuvre dans les jours qui viennent […] Ce sera un acte politique », a-t-il souligné en précisant qu’une réunion avait eu lieu sur ce sujet à Bruxelles le 21 janvier.

La semaine d’avant, Carlos Moedas, commissaire européen à la recherche, à la science et à l’innovation, a reçu Mansour Gholami, ministre iranien de la Science, de la recherche et de la technologie.

L’UE divisée avant un sommet anti-Iran à Varsovie

Mi-février, Varsovie accueille un sommet sur le Moyen-Orient, un projet initié par Washington et décrit comme le plus important dans la capitale depuis le sommet de l’OTAN de 2016. Téhéran dénonce une cabale et l’UE peine à se positionner.

Désireux de sauver l’accord nucléaire de 2015 malgré le retrait des États-Unis, les Européens ont mis en place une série de mesures d’aide en faveur de l’Iran, et surtout de son secteur privé. Au total l’UE a affecté 50 millions d’euros à l’aide à l’Iran. En septembre, elle a présenté ce « véhicule spécial », dont la création s’est avérée complexe et délicate.

Il doit théoriquement servir d’intermédiaire pour permettre aux entreprises européennes de commercer avec l’Iran sans s’exposer aux sanctions américaines et à Téhéran de continuer à vendre du pétrole.

« Cela permettra d’avoir une espèce de chambre de compensation en euros qui permettra à Téhéran à la fois de pouvoir bénéficier des retours financiers de certaines de ses ressources pétrolières et d’acheter auprès des principaux acteurs que sont la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne les produits de première nécessité », a relevé Jean-Yves Le Drian.

L’Iran respecte ses « engagements » concernant l’accord de Vienne qui encadre ses activités en matière nucléaire, a-t-il relevé.

« Le processus [de l’accord, ndlr] est maintenu, ce qui va un peu à l’encontre de ce que pouvaient imaginer les États-Unis lorsqu’ils ont rompu l’accord de Vienne. Ils pensaient que cela allait déstabiliser le régime […] Ce n’est pas le cas, il y a une capacité de résilience considérable » en Iran, a estimé le chef de la diplomatie française.

La France conserve néanmoins une « très grande détermination » à vouloir discuter avec d’un certain nombre de sujets de contentieux avec Téhéran, notamment sur son programme balistique.

Jean-Yves Le Drian a déploré « cette espèce de frénésie missilière » qui s’est emparée de Téhéran et qui aboutit parfois à des exportations de missiles dans d’autres pays, ce qui « n’est pas acceptable » selon lui.

Un autre ministre iranien, celui de la Culture et du tourisme cette fois, s’est rendu en Europe cette semaine. Ali-Asghar Mounesan a rencontré son homologue espagnol, Reyes Maroto, à Madrid, afin d’étendre la coopération touristique.

Depuis fin mars 2018, six millions de touristes ont séjourné en Iran, et le tourisme est une priorité du gouvernement, a souligné le ministre.

L’UE tente de dépasser les sanctions américaines avec un plan de soutien à l’Iran

La Commission européenne a approuvé le versement d’une aide de 18 millions d’euros à l’Iran. Un signal fort à la fois pour Téhéran et pour Washington : Bruxelles ne renonce pas à l’accord nucléaire, malgré les sanctions américaines.

 

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